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On comprend pourquoi cette militante syndicale a été "décommandée" du show du Président...
Perplexe...
Le Point
Pressentie par France 2 pour interroger le président, Nadine Hourmant, militante de Force ouvrière, n'a finalement pas eu le droit de croiser le fer avec François Hollande. Elle a regardé l'émission à la télévision et nous livre ses réactions. Loin d'avoir été convaincue, elle redouble de critiques.
Le Point.fr : Avez-vous été contactée par l'Élysée ou France Télévisionsdepuis leur choix de ne pas vous retenir pour interroger François Hollande ?
Nadine Hourmant : Non, je n'ai aucune nouvelle. J'avais l'espoir qu'on me rappelle. Il était prévu initialement que j'intervienne sur la partie consacrée à l'emploi. D'ailleurs, c'est une dirigeante d'entreprise qui a été amenée à interroger le président sur ce sujet. C'est dommage qu'on n'ait pas entendu en plus un syndicaliste sur ce dossier aussi.
Qu'auriez-vous eu à ajouter ?
François Hollande a dit qu'il allait poursuivre les réformes sans entendre les protestations de la rue. Mais qui l'a élu ? Ces mêmes Français qui manifestent contre le projet de loi. Le patronat se plaint de ce texte, on s'en plaint. Bref, il est évident que ce projet est perdant-perdant. Hollande veut nous faire croire qu'il veut protéger le modèle social français, mais il le fait voler en éclats.
Avec ce texte, les salariés vont être précarisés. Je crains que, dans certaines entreprises, les règles régissant le temps de travail de nuit ou encore les heures supplémentaires ne soient remises en cause par ce projet de loi. Et puis avez-vous entendu cet aveu de Hollande sur le pacte de responsabilité ? Il confirme qu'il a signé un chèque en blanc de dizaines de milliards au Medef, sans obligation d'embauche.
Il est évident que cette intervention de François Hollande ne vous a pas convaincue…
À vrai dire, je n'attendais rien. Je ne devais pas être la seule dans ce cas-là, d'ailleurs ! J'ai voté Hollande en 2012, mais je ne referai pas la même erreur en 2017. Je ne suis même pas certaine d'aller voter, à moins d'un miracle, à moins qu'un politique remette les pieds sur terre.
Vous exagérez un peu tout de même…
Non. Beaucoup de Français sont en pleine détresse. La France était un beau pays, qui a perdu ses valeurs. Et, chaque jour, on nous mine le moral. Connaissez-vous vraiment un homme politique qui sache ce que c'est, le travail ? Le président saurait-il, lui, vivre avec le smic ? Il dira que les plus précaires touchent la prime d'activité. Moi, je gagne 9,96 euros par heure quand le smic est à 9,67 euros. Je ne touche pas de prime d'activité.
Vous êtes syndicaliste, militante chez Force ouvrière. Vous savez que les Français ne font plus confiance aux syndicats, qui prôneraient l'immobilisme…
Je ne suis pas d'accord. Dans les entreprises, vous trouvez des syndicalistes qui se battent tous les jours pour leurs collègues, pour la protection de l'emploi. On se bat pour préserver nos acquis sociaux. Nous sommes légitimes.
L'important est de ne pas trahir ceux qui viennent nous voir, ceux qui ont besoin de notre soutien, ceux qui nous ont élus. Il en va de même en politique. Ce président ne nous a pas dit la vérité, ne nous a jamais dit qu'il ne respecterait pas le programme pour lequel il a été élu. Il y a la crise, bien sûr, mais il devrait au moins avoir le courage de regarder en face ses électeurs et leur dire la vérité.