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Plus de 1500 militants sont venus assister à la convention nationale de la France insoumise les 25 et 26 novembre 2017 à Clermont-Ferrand. Jean-Luc Mélenchon a prononcé le discours d'ouverture. (source photo : France 2 régions- Aurélie Albert)
Maurice Moitel écrit :
"Je faisais parti des tirés au sort pour la Convention de Clermont. Le témoignage qui suit ne reflète, bien sûr, que ma propre appréciation de l’évènement. Cela dit, je peux affirmer, après avoir discuter avec nombre d’hommes et de femmes présents, qu’il correspond, peu ou prou, au ressenti de très nombreux participants (sans m’avancer sur la proportion qu’ils représentaient dans l’assemblée ...).
Commençons par ses aspects positifs : d’abord, c’est toujours un plaisir de rencontrer des insoumis(es) de la France entière avec lesquels, durant les pauses, nous pouvons échanger sur nos expériences militantes. Globalement, pour ce que j’en ai entrevu, ce sont des gens généreux, motivés et cordiaux. Par ailleurs, on ne peut que saluer la performance réalisée : accueillir plus de 2000 personnes, les installer confortablement dans la salle en bonne situation pour suivre les diverses interventions, assurer à chacun le pique nique du midi, mettre à leur dispo une série de stands thématiques où il était possible de récupérer des infos et du matériel . Pour ma part, j’ai aussi été assez scotché par le nombre et la qualité de (très) jeunes intervenants, ce qui laisse à penser qu’une nouvelle génération militante a vu le jour.
Une fois que j’ai dit ça, cela valait il le coup de faire 900 kms pour assister à une telle Convention ?
Nous avons été conviés à un meeting (XXL quand même puisque tous les membres du staff y ont été de leur discours) . La salle était là pour faire la claque, faire nombre sur les images diffusées via internet. Ceux qui comme moi espéraient, quand même, un temps dans le WE pour entendre quelques voix insoumises émanant du GA lambda, en ont été pour leurs frais. Mais à bien y réfléchir, pourquoi faire circuler la parole parmi des militants qui, tirés au sort, ne représentaient qu’eux mêmes ? Ainsi, les 3 tirés au sort de mon GA, qui avaient pris le soin de recueillir quelques thèmes consensuels entre nous tous (ça s’appelle un mandat !) pour les « porter » à la Convention, seront un peu gênés aux entournures lors du compte rendu prévu jeudi prochain …
Si vous avez suivi quelques moments de cette Convention sur les réseaux sociaux, vous avez constatés que nous étions répartis par tables de 6-8 personnes. Pour les temps de « cogitation » nous a-t-on expliqué. Super . Nous y attendaient deux feuilles qui détaillaient le déroulement des deux demi journées. Après le discours de JLM, les deux animateurs invitent tous les insoumis présents à entamer un tour de table pour nous présenter. Indispensable effectivement. Mais, à notre table, on a pas été au delà du 2ème copain car le jingle (joué quand même en live par un contrebassiste, la classe !) nous indiquait que le temps imparti (10 minutes, un quart d’heure peut-être) était terminé …
Commençaient alors les travaux sur les 3 axes de campagne retenus par le vote en ligne de 70.000 insoumis. Ces thèmes nous les découvrions dans la salle alors qu’il aurait été bien plus sérieux de les connaitre en amont pour en discuter dans nos GA avant la Convention, non ? Les organisateurs nous prévenaient que nous aurions à « cogiter », au cours de l’après midi, successivement sur un aspect de chaque campagne retenue (1) l’impact dans la vie quotidienne ; 2) nos propositions ; 3) l’organisation de la campagne. Mais avant chaque « cogitation », on a eu droit à deux, trois discours (substantiels) d’un membre éminent de l’équipe nationale sur le thème à traiter. Avait on peur que les tables insoumises manquent d’idées ? Le résultat, c’est que, dans les 20 minutes accordées, nous inscrivions grosso modo sur notre feuille les grandes lignes des harangues précédemment assénées …
Suivait, bien sûr, à chaque étape, un ou deux discours de « synthèse » . Une fois, deux fois comme ça et les tables ont commencé à se dégarnir, les plus endurants à ma table confiant, quand même, que ça commençait sérieusement à les saouler …
Le dimanche matin, présentation de la méthode Alinsky par deux « experts » : deux sketchs (« ce qu’il ne faut pas faire », « ce qu’il est préférable de faire » ) lors des actions de porte à porte. Je passe sur l’énorme bourde commise par les animateurs qui, pour désigner la « cible » à des parents d’élèves mécontents du non remplacement prolongé de l’enseignant indiquaient le directeur d’école (sic!). Je passe sur les techniques d’animation inspirées du management entrepreneurial qui en a fait grincer plus d’un. Reconnaissons quand même que les recommandations énoncées étaient pertinentes pour ce genre de pratique militante. Mais,vraiment, qu’est ce que cela venait faire lors d’une Convention nationale ? Que l’on organise des stages partout sur cette méthode, bien sûr mais qu’en ont retenu de nouveau les centaines de militants syndicaux et associatifs présents dans la salle ? …
Dernier temps de la Convention : la présentation des résultats nationaux de la consultation sur la charte des groupes d’appui et sur les principes de la FI. Les scores plébiscitaires obtenus sont clamés et projetés dans la salle. Une bonne partie de la salle, heureusement, exige de connaitre le nombre de votants (cela sera le seul moment du WE où les conventionnels se risqueront à donner de la voix). Evidemment, les scores annoncés prennent une autre dimension quand on nous informe que seulement moins de 20.000 insoumis ont approuvé les deux synthèses concoctées par le national … Après quoi, alors que l’on s’approche du terme prévu, les animateurs du jour nous invitent à réfléchir sur des aspects concernant l’organisation de la FI. On a droit à une longue (mais brillante) prise de parole de Parny pour l’espace politique, puis c’est le tour de l’espace des luttes avec Danielle Simonnet, les animateurs de l’espace numérique, la commission du programme avec Danièle Obono …. (surement d’autres suivent mais, là moi, j’ai décroché !). Bref, quelques minutes de débat restaient aux insoumis pour échanger sur tout ça, sachant que les tables se dégarnissaient à l’approche du départ des cars. Manuel Bompart a conclu et moi j’étais à la buvette …
Tout au long du WE, au hasard de mes rencontres, j’ai discuté avec nombre d’insoumis(es), souvent très en colère, qui se demandaient ce qu’ils foutaient là. Un sentiment désagréable de s’être fait balader en beauté alors que partout on se pose des questions sur la gouvernance de la FI (j’emploie le terme volontairement) et sur la place réelle des insoumis et de leurs GA.
La prochaine fois, inutile même de s’emm… avec un tirage au sort, envoyons y les dévôts, les gardiens du temple (on en a tous quelques uns dans nos départements). Ils assureront mieux la claque que nous ne l’avons fait.
Pour ma part, j’en ai conclue, cette fois avec certitude, qu’en l’état, la FI ne fait pas bon ménage avec mes mauvaises habitudes démocratiques que m’ont inculqué mes amis et camarades des syndicats Solidaires. Par ailleurs, je suis las de m’empailler avec les insoumis « canal historique », de me faire, à l’occasion, injurier, rayer des listings, dénoncer comme « infiltré », comme « nostalgique du FDG » (sic!) et du « vieux monde politique ».
Je vais donc suivre le long cortège de tous ces gens, souvent très jeunes, qui nous ont quitté après avoir participer avec enthousiasme aux dernières campagnes. D’un naturel optimiste, je ne désespère pas que Jean Luc, sa dream team et ses fervents supporters revoient un jour leur copie.
Je vais continuer à m’impliquer dans le mouvement social et continuer à y défendre l’unité dans les luttes (et pas seulement derrière la FI …)
Je continuerai à voter FI car je n’ai aucune réserve majeure sur le programme et que, malgré tout, je sais toujours distinguer mes vrais ennemis de classe …
A bientôt les amis !!"