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Les usagers subissent la saturation du réseau francilien sur les RER A et B. Les syndicats dénoncent la dégradation des conditions du travail. Stéphane De Sakutin/AFP

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Le ras-le-bol des conducteurs des RER A et B

Les usagers subissent la saturation du réseau francilien sur les RER A et B. Les syndicats dénoncent la dégradation des conditions du travail. Stéphane De Sakutin/AFP

Transports publics Les syndicats CGT, SUD, FO, Unsa des conducteurs RATP dénoncent les dysfonctionnements et le climat «délétère». Entretien avec Michel Leben, délégué syndical CGT.

Dans votre préavis de grève, vous dénoncez la dégradation des conditions de travail. Comment l’expliquez-vous ?

Michel Leben Par le manque d’effectifs chronique des conducteurs, orchestré par la direction RER de la RATP. Les effectifs ne correspondent plus à la réalité et à la nécessité de l’offre de transport. De telle sorte qu’il y a aujourd’hui des services qui ne sont plus assurés. Résultat, au lieu d’avoir un train toutes les quinze minutes, nous en avons un toutes les trente minutes. Ce qui est inacceptable. Pour camoufler ce sous-effectif, la direction modifie aussi les procédures et déroge aux réglementations. Sur ces deux lignes, elle a supprimé la notion d’incident. Cela permet de changer le service des conducteurs à tout moment, même lorsque le trafic est normal. Il peut ainsi arriver que la direction demande au conducteur de ne pas s’arrêter à certaines gares. Les voyageurs voient passer des trains qui n’effectuent pas l’arrêt. Les temps d’attente sont plus longs. Les conducteurs comme les voyageurs subissent tous ces aléas au quotidien. Ce qui crée du stress.

Dans votre communiqué, vous dénoncez les méthodes agressives de management. Quelles sont-elles ?

Michel Leben L’encadrement multiplie les demandes de rapports écrits aux conducteurs pour justifier du retard accumulé par le train. Ce qui permet à la direction de se justifier auprès du Stif, en trouvant un responsable. Ces rapports sont systématiques et c’est devenu insupportable pour les agents. Alors que ce sont les contrats d’objectifs signés avec le Stif qui ne sont pas atteignables et qui provoquent les retards. Sur la ligne A, par exemple, l’offre a évolué. L’objectif était au départ de 30 trains par heure en période d’hyper-pointe, ce qui n’a jamais été réalisé. La RATP a fini par modifier son offre de transport à 26,5 trains. Sur la ligne B, ce sont 20 trains par heure, plus 12 trains sur la ligne D, soient 32 trains qui arrivent sur le tronçon central Châtelet-Gare-du-Nord. Dans cet entonnoir, il est irréalisable de faire passer autant de trains.

Quelles pourraient être les solutions qui permettraient une meilleure régularité du trafic ?

Michel Leben Il faudrait augmenter nos effectifs et réaliser les investissements, là où cela est nécessaire. En doublant, par exemple, le tronçon Gare-du-Nord-Châtelet afin de permettre que chaque ligne ait sa propre voie. Les incidents liés à l’état du réseau sont également récurrents. Le dernier en date a eu lieu dans la sous-station électrique de Drancy, qui a créé de grosses perturbations sur la ligne D durant plusieurs jours. Mais cela nécessite des décisions politiques.

La séance de négociation qui a eu lieu le 5 décembre s’est soldée par un échec. Quelles suites envisagez-vous ?

Michel Leben Lors de la séance, le directeur de la direction RER a provoqué les organisations syndicales, qui ont quitté la réunion. Pour l’instant, il ne nous a pas été proposé une nouvelle date. Le préavis va être très suivi. Cela fait plusieurs années qu’un mouvement unitaire de cette ampleur n’avait pas été enclenché. On peut même dire que c’est historique. Cela donne une idée du ras-le-bol des agents de conduite. J’espère que la direction évoluera.

Journaliste à la rubrique social-économie

 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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