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AgoraVox le média citoyen

par Jean Dugenêt 

Dix mois après l’élection présidentielle, il ne reste rien de l’éclatant vernis déversé par les médias pour maquiller Emmanuel Macron en brillant vainqueur. Il a été en réalité bien mal élu avec seulement 18,19% des inscrits au premier tour et avec des voix extorquées par les méthodes du marketing politique. François Asselineau l’avait dit : son élection ne traduit nullement une adhésion sincère et profonde du peuple français. L’inévitable se déroule actuellement sous nos yeux : sa cote de popularité s’effondre. Les français sont maintenant pleinement conscients de la réalité des réformes qu’il commence à mettre en œuvre. Il est clairement perçu comme « le Président des riches ».

La vague de mécontentement qu’il déclenche semble être une aubaine pour Jean-Luc Mélenchon qui entreprend de surfer dessus. Après avoir profité pendant des années de l’effondrement du PCF qui lui a permis d’être candidat aux élections présidentielles, il entend combler le vide laissé par le PS en pleine décomposition.

Il apparait maintenant comme le principal leader de la gauche. Il s’est estimé en situation assez forte pour s’émanciper de la tutelle du PCF et, par ailleurs, plus personne ne peut rivaliser avec lui dans le résidu des leaders du PS. Par la force des choses, les mécontents ne peuvent se raccrocher qu’à lui pour les représenter. Il apparait ainsi à lui seul comme l’incarnation des mécontentements et il a d’ailleurs suffisamment de bagou pour dresser un tableau très exact de l’enrichissement des plus riches au détriment des classes laborieuses et des plus pauvres. Il n’est d’ailleurs pas le seul à savoir faire cela. Gérard Filoche fait la même chose mais chacun comprend qu’en restant au PS il n’y changera rien. Il reste à savoir si Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, serait en mesure d’apporter des solutions. Nous avons d’emblée deux bonnes raisons d’être inquiets à ce sujet. D’une part, on se souvient de l’enthousiasme qu’il avait manifesté quand son ami Aléxis Tsipras est arrivé aux affaires en Grèce et on a vu ce qui est advenu par la suite. D’autre part, on sait qu’il continue à vouer une grande admiration à François Mitterrand qui s’était fait élire avec le programme d’union de la gauche pour ensuite appliquer un programme d’austérité.

Il est évident que Jean-Luc Mélenchon a vu ce qui s'est passé en Grèce mais les enseignements qu’il en tire ne l’amènent pas à conclure que Tsipras a trahi en refusant de sortir de l’UE. Il a tenu des discours confus et fluctuants sur ses plans A et B qui permettraient de modifier les traités au terme de négociations et donc de ne pas reproduire en France ce qui est advenu en Grèce. Il a, en bout de course, abandonné l’idée de faire un référendum qu’il avait un moment avancée et il dit maintenant clairement, après avoir entretenu bien des ambiguïtés, qu’il ne propose pas de sortir de l’UE. Il l’a dit notamment le 4 avril 2017, lors de la confrontation entre les 11 candidats à la présidentielle. A la 48ème minute, après que la journaliste lui ait demandé deux fois s’il voulait sortir de l’euro, il a répondu catégoriquement « Mais non madame. Mais c’est incroyable » et, alors que François Asselineau s’exclame, il ajoute « Mais, M. Asselineau, j’en conviens, j’ai une divergence avec vous ». Il réitère sa position dans un meeting à Dijon, le mardi 18 avril 2017 : « ne croyez donc pas ceux qui vous disent : il veut sortir de l’Europe, de l’Euro (…) et alors, en plus quand ils rajoutent que c’est pour aller dans l’ALBA ». Nous le croyons : il n’est question de rien de cela pour lui. Mais, il faut parfois lui arracher le fond de sa pensée. Ainsi, auparavant, le 20 février 2016, lors d’une émission de « On n’est pas couché », il avait été contraint par Léa Salamé, qui ne s’était pas laissée impressionnée par ses manœuvres et sa gouaille, de répondre à la question : « Voulez-vous sortir de l’euro, oui ou non ». Il avait fini par répondre « non ».

Ainsi éclairés, nous pouvons maintenant examiner à la fois son programme, son plan A et son plan B. En effet, il a eu le mérite d’écrire tout cela sous le titre « l’avenir en commun » avec en sous-titre « Le programme de la France insoumise et son candidat Jean-Luc Mélenchon ». Empressons-nous donc d’aller voir si son programme a plus de chances de se réaliser que le programme de l’union de la gauche. A aucun moment, il ne parle de sortir de l’Union Européenne. Il emploie par contre une expression ambigüe. Il dit qu’il veut « sortir des traités européens » (page 79 à 85). Il excelle dans l’art de dire une chose et d’en laisser entendre une autre. Le mot « sortir » laisse penser qu’il veut quitter une institution. Mais non ! Il veut rester dans les institutions de l’Union Européenne. Son expression « sortir des traités » veut seulement dire qu’il veut changer les traités c’est-à-dire les « renégocier » pour réformer l’UE mais en restant dedans. Or l’UE n’est pas réformable, contrairement à ce qu’il laisse entendre alors qu’il le sait très bien. Que ceux qui ne sont pas convaincus aillent voir de plus près ce qu’il propose pour « sortir des traités » en restant dans l’Union Européenne ! Allons donc voir ses plans A et B. Il est curieux d’ailleurs de prévoir un plan de secours si le premier à quelques chances de se réaliser. Allons donc directement au plan B puisqu’à l’évidence lui-même ne croit pas que le plan A puisse aboutir. Rien de ce qu’il écrit à propos de ce plan B n’est applicable sans sortir au préalable de l’Union Européenne. Il commence par proposer ni plus ni moins de « Stopper la contribution de la France au budget de l’Union européenne ». Est-ce que quelqu’un va le croire ? Est-ce que chaque état sera libre de payer ce qu’il a envie de payer ? Il se moque de ses lecteurs et des militants de la France Insoumise. Il continue en proposant que, fi de la Banque Centrale Européenne, la banque de France reprenne le contrôle de (…) et envisage « un système monétaire alternatif ». Ni plus ni moins, et tout cela sans sortir de l’Union Européenne. Arrêtons ici le massacre sans faire d’autres commentaires ce qui nous obligerait à être désobligeant. A l’évidence, il n’appliquera jamais ni son plan A ni son plan B et, en conséquence, il n’appliquera rien de son programme. Adieu 6ème république, plan de relance, mise au pas de la finance, définanciariser… Adieu la belle musique et le joli bagou !

Il est donc clair d’une part que Jean-Luc Mélenchon refuse la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN et d’autre part qu’il n’a rien d’autre à proposer. Ses plans A et B ne trompent plus personne. Il n’y a en fait rien de nouveau. Il a seulement voulu, comme bien d’autres, laisser croire que les traités sont renégociables. Nous savons que c’est impossible. François Asselineau à maintes fois expliqué pourquoi sans jamais être contredit. Les traités sont ficelés de telle sorte qu’ils contiennent en eux-mêmes la clause qui interdit de les modifier. Il faudrait l’accord de tous les états et la ratification de tous les peuples ce qui est évidemment impossible. Tous ceux qui, dans tous les pays d’Europe, ont tenté des modifications, ou fait semblant d’en tenter, ont échoué. Les exemples sont nombreux. Nous ne les reprendrons pas tous. Encore récemment on a vu Emmanuel Macron s’aventurer à parler de modifier la directive des travailleurs détachés et il s’est fait ridiculiser dans les pays d’Europe de l’Est. Pas plus qu’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon ne modifiera cette directive qui est pourtant, en théorie, plus facile à réformer que bien d’autres points puisqu’elle est réformable à la majorité qualifiée et ne nécessite pas, en principe, une révision des traités mais elle en découle indirectement... Bref, il ne changera rien et tout son livre n’est que de l’enfumage.

Il faut donc se demander pourquoi il refuse de lancer tout simplement la procédure de sortie de l’UE et de l’euro en même temps que la sortie de l’OTAN ? Même chez les militants de la France Insoumise personne ne pense sérieusement que des négociations puissent aboutir. Ceux qui veulent une « autre Europe » ont compris qu’il faut d’abord sortir de celle dans laquelle nous sommes si on veut en créer une autre. On voit que pour eux le seul plan B possible serait de sortir d’emblée de l’UE que ce soit unilatéralement comme le propose le ParDem ou par l’article 50 comme le propose l’UPR. Personne, parmi eux, n’est capable d’expliquer pourquoi leur mouvement ne le propose pas.

Pourquoi donc Jean-Luc Mélenchon ne le propose-t-il pas ?

En quoi serait-il lié à l’UE ? Le fait qu’il soit député au Parlement Européen (salaire brut 8484,05 € + 4342 € d’indemnité de frais généraux + 306 € d’indemnité par jour de présence) constitue assurément un premier élément de réponse. C’est bien connu : l’Europe c’est la paie ! C’est particulièrement bien payé, dans son cas puisqu’il ne participe qu’à 12% des commissions. Mais en plus, il a droit aux énormes avantages qui découle de son appartenance à l’un des huit groupes politiques de députés européens. Son mouvement fait en effet partie du GUE/NGL (Groupe confédéral de la Gauche Unitaire Européenne – Gauche Verte Nordique). Les renseignements glanés sur le net font état de sommes faramineuses de l’ordre de 15 à 20 millions d’euros par groupe pour une année. Il y a là de quoi payer des déplacements en jet privé. Nous verrons que Jean-Luc Mélenchon ne s’en prive pas.

Evidemment, du point de vue de l’oligarchie euro-atlantiste, il s’agit, avec ces subventions, d’acheter les députés européens. Il est d’ailleurs arrivé que le bureau du Parlement Européen réclame le remboursement des sommes versées à des organisations trop « europhobes » en arguant qu’elles auraient fraudé. Il est évident qu’il s’agit d’un moyen de pression utilisé par l’UE pour s’assurer que les bénéficiaires lui rendent service. L’UE autorise un niveau de critique qui permet de canaliser les mécontentements mais ne permet pas un niveau de critique qui remette en question l’essentiel de son projet politique. Il lui arrive donc de faire des rappels à l’ordre. Ainsi, l’ADDE (l’Alliance pour la Démocratie en Europe) qui militait pour le Brexit au Royaume Uni a été un moment épinglée parmi les fraudeurs. On a vu, plus récemment, le Front National changer ses discours après avoir reçu une facture de la Commission Européenne qui commençait à trouver que Florian Philippot était trop « eurosceptique ». Marine a renoué avec la politique de papa : le problème n’est plus l’Union Européenne mais le choc des civilisations. Florian Philippot s’est fait virer et tout est rentré dans l’ordre. Nous n’entendons plus parler de la somme réclamée au Front National. Rien de semblable à propos de Jean-Luc Mélenchon et de ses amis car l’UE a toujours été pleinement satisfaite du rôle qu’ils jouent. Ils canalisent vers une impasse le mécontentement des militants de gauche à l’égard de la construction européenne en laissant penser qu’ils vont pouvoir faire autant de réformes démocratiques et sociales qu’ils le veulent sans sortir de l’UE.

Comme autre argument à charge contre Jean-Luc Mélenchon, il faut retenir la diatribe lancée par Michel Onfray dans l’article intitulé “Les loups sont entrés dans Paris” où il reproche à la presse dominante de choisir ses cibles, sur des critères inavouables. « Pourquoi la presse dominante n’a-t-elle pas donné plus d’écho au fait que Jean-Luc Mélenchon ait été accusé de népotisme, de favoritisme, de gaspillage d’argent public pour avoir pistonné sa fille dans l’accès à un emploi public, favorisé des amis politiques pour éviter le barrage des appels d’offre et payé très cher près de 300 000 €, si on en croit un livre de Liliane Alemagna et Stéphane Alliès (…) des prestations effectuées par des amis, utilise une voiture avec chauffeur du Conseil Général alors qu’il n’était plus élu, continue à toucher ses indemnités alors qu’il ne se rendait quasiment plus aux séances et qu’il ait fait l’objet d’un rappel à la loi par le procureur de la république sous forme d’avertissement solennel ? Pour quelle raison non plus cette presse dominante n’a-t-elle pas monté en épingle le vol en jet privé effectué par le conducator des insoumis pour se rendre (...) à la journée commémorative de l’abolition de l’esclavage à Champagney en Haute Saône le 4 février 2017 ? (…) Il y a assurément de quoi faire réfléchir les “insoumis” sur les privilèges que Jean-Luc Mélenchon s’accorde indûment avec les deniers publics et sur le décalage entre ce qu’il souhaite pour “les gens” et ce qu’il se réserve pour lui-même ».

 

Comme nombre de ceux qui ont fréquenté des organisations trotskystes dans leur jeunesse, à un moment de son itinéraire, Jean-Luc Mélenchon a décidé de renier ses idées pour faire une carrière en politique. La politique est pour lui un métier à gros revenu. Rien en cela ne le différencie de Lionel Jospin, Jean-Christophe Cambadélis et bien d’autres. Il est grand temps d’interdire aux députés de faire plus de deux mandats consécutifs ; de supprimer, en quittant l’UE, les postes de députés européens et de prendre toutes les autres mesures nécessaires pour interdire le carriérisme en politique. Alors, l’orientation politique de Jean-Luc Mélenchon sera sans nul doute différente.

Pour l’heure, il faut voir clair dans son jeu. La filouterie, assurément, ne le répugne pas puisqu’il reste grand admirateur d’un spécialiste du genre : François Mitterrand et on a vu le cirque qu’il est capable de faire pour éluder une question fondamentale lors de son passage à l'émission "On n'est pas couché" avec Léa Salamé. Nous convions donc les militants de la France Insoumise à bien prendre la mesure du peu de crédit de confiance qu’il faut lui accorder. Mitterrand s’était fait élire dans l’enthousiasme en 1981 sur la base du programme commun de l’union de la gauche qu’il n’a jamais eu l’intention d’appliquer. Nous savons déjà que son laudateur, Jean-Luc Mélenchon n’a aucunement l’intention de mettre en application quoi que ce soit du « programme de la France insoumise et son candidat ». Nous avons montré que ses plans A et B ne sont que de l’enfumage. Il a l’intention de continuer sa carrière de professionnel de la politique en profitant de la manne que lui offre l’Union Européenne. Il surfe avec aisance sur le mécontentement des français qui se conjugue avec la déconfiture des deux partis traditionnels de la gauche : le PCF et le PS. Toutes les conditions sont réunies pour qu’il se porte à la tête du mouvement de mécontentement afin de l’engluer vers une impasse. Les grands médias ne manquent pas de lui faciliter la tâche. Il est assurément lancé sur la même trajectoire qu’Aléxis Tsipras.

Que personne ne s’y trompe ! Il n’est pas d’autre solution que de sortir de l’UE, de l’Euro et de l’OTAN.

François Asselineau le propose avec l’UPR.

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                       canempechepasnicolas

"Ruptures" comme le Comité Valmy

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Tag(s) : #Union européenne, #Politique française
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