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La percée des néo-franquistes en Espagne et la déroute de Podemos seront sans doute le ennième avertissement dont la gauche de  la gauche ne tiendra pas plus compte que des précédents ... à moins que? (ndgq, 29 avril 2019)

 

Un honorable commentateur d'un texte de Marx ici publié sur Réveil Communiste vient de m'accuser de m'abriter derrière cette autorité pour propager un discours xénophobe. Je commence à en avoir assez de ce genre d'amalgames provenant de communistes dont le communisme se borne à produire des grandes phrases. Marx énonce une constatation : l’immigration irlandaise en Angleterre est nuisible à la classe ouvrière des deux pays, et à sa cause. Et rien ne peut la rendre fausse !

 

Rapproché du contexte actuel, cela donne à penser. Pourquoi en effet les prolétaires sont-ils tentés depuis plus d'une génération par le vote xénophobe, ou au moins par le non-vote pour les organisations « de gauche de gauche » qui prétendent les représenter mais sont qui sont toutes bien davantage mobilisées pour la cause des migrants ? Au mieux cette cause leur est indifférente, et souvent ils y sont hostiles. On dira que les prolétaires sont aliénés et qu'il faut les éduquer. Et on s'attelle à cette tâche depuis trente ans, avec un résultat quasi-nul ! Alors il faut se poser des questions sur l'échec total de ces tentatives d'éducation ! Moi, je me pose des questions sur ces militants de papier mâché qui ne se posent jamais de question sur leurs échecs ; peut être que c'est justement ça qu'ils veulent, l'échec ?

 

Mao disait : « l'œil du peuple voit juste » ! Les classes populaires ont-elles raison de s’opposer aux migrations ? Sachant que ce n'est pas la même chose que s’opposer « aux immigrés », et que cette nuance de taille n'est pas du tout une subtilité de langage !

 

Les migrants, nouveaux arrivants, ne sont pas des prolétaires encore : si pauvres soient-ils, ils sont encore dans les limbes de l'ordre social, dans la situation ouverte de ceux qui rêvent en individualistes de promotion sociale individuelle. Personne n'a jamais considéré que les dizaines de millions de migrants vers l'Amérique, au XIXème siècle, comme des héros de l'émancipation ouvrière, bien au contraire, c'étaient des candidats à la réussite bourgeoise, que certains, minoritaires mais assez nombreux , purent atteindre au prix de ce déracinement ; et aujourd'hui, cet aspect des choses est demeuré inchangé. Les migrants ne viennent pas ici pour participer à des luttes sociales mais pour devenir riche. Ils ne s'intègrent au prolétariat qu'après la désillusion sur la nature de ce paradis capitaliste que nous leur offrons généreusement, au bout d'un certain temps, parfois jamais. Dans la plupart des cas il est totalement inexact de les définir comme des réfugiés, ce sont plutôt des aventuriers, à l'initiative de leur mise en mouvement, qui ont tenté de prendre leur vie en main en suivant la ligne d'action préconisée par l'idéologie dominante.

 

Les nouveaux migrants actuels sont bien souvent noirs, ou musulmans, mais au niveau de leurs motivations ils ne diffèrent aucunement des juifs, des Irlandais ou des Italiens débarquant à New York et triés à Ellis Island il y a un siècle. Critiquer les migrations, ce n'est donc nullement critiquer « des noirs et des musulmans », mais c'est une critique indispensable du trafic de main d'œuvre dans le monde globalisé du néo-libéralisme, une nouvelle traite des esclaves qui manipule les rêves de l’ascension sociale et de la richesse diffusés par nos médias bourgeois à l'échelle du monde.

 

Le racisme n'est pas une cause des phénomènes historiques ! Il est causé par les conditions sociales ; lorsque l'on peut faire coïncider l’aggravation de la condition du prolétariat avec l'arrivée d'un groupe ethnique fortement différencié de la majorité autochtone, la croissance du racisme est inévitable, et les sermons moralisateurs ne serviront à rien pour l'empêcher, au contraire, il aboutiront au rebours des bonnes intentions à stigmatiser encore plus noirs et musulmans. La petite bourgeoise d'extrême gauche fait inconsciemment ce que fait cyniquement Emmanuel Macron quand il feint de prendre la défense des juifs, des homosexuels, des étrangers, contre la "foule haineuse" des Gilets Jaunes pour s'en servir comme paratonnerre en détournant sur eux la colère populaire !

 

La représentation misérabiliste des migrants à l'extrême gauche est parfaitement complémentaire de la faim de main d’œuvre exploitable du capital. Les petits frères « antifas » de la grande bourgeoisie affichent dans les rues de Belleville « Bienvenue au migrants » parce que les grands frères ont peur de manquer d'esclaves.

 

L'extrême droite exploite le rejet populaire des migrations depuis les années 1970 ; elle demandait l'expulsion des immigrés, et notamment des immigrés noirs et musulmans déjà intégrés. Son discours à cet égard est du registre des tactiques de longue durée de la bourgeoisie qui ont toujours eu pour objectif d'opposer les prolétaires entre eux. L'importation d'un prolétariat surexploité sert aussi cet objectif. Mais souvent l'extrême droite a recruté précisément dans les milieux, comme les DRH et la maîtrise de l'industrie automobile, qui géraient ce prolétariat et organisaient son immigration. L'extrême droite est contre les immigrés, et pour les migrations. Et c'est logique : rien de tel qu'une nouvelle migration pour fragiliser la condition de la vague précédente, et en poursuivre la sur-exploitation !

 

La gauche, si elle veut être de gauche en réalité et non en paroles doit défendre la classe ouvrière, sans distinction ethnique, et pour cela elle doit aussi demander l'arrêt des migrations qui sont dans l'intérêt des patrons. Elle doit demander que les passagers de l'Aquarius soient secourus, puis renvoyés dans leur pays d'origine, dans le cas où il n'est pas en guerre, ce qui est le cas de la grande majorité d'entre eux. Et tant pis pour le narcissisme moral gauchiste. Sur la question de l'immigration c'est la ligne de George Marchais qui était juste !

 

L'union au delà des clivages ethniques et religieux de la classe ouvrière, et des classes populaires en général, est nécessaire, et elle se fera, malgré les migrations, et non grâce aux migrations. Les organisations ouvrières n'ont pas les moyens de les empêcher car elles sont organisées par les forces qui représentent les intérêts du capital international, mais elle peuvent en réclamer l'arrêt, au nom de l'intégration et de l'assimilation des migrants qui sont déjà implantés, et pour soulager la pression sur l'emploi et les services sociaux. Ce faisant, elles enverraient un message clair pour montrer qu'elle se trouvent bien et sans équivoque dans le camp des exploités. L'accusation de "xénophobie" de la part de la "gauche morale" envers les classes populaires est un symptôme de son mépris de classe inconscient qui refuse d'envisager les conditions vécues par les masses, y compris celles des migrants d'ailleurs, réduits au bout de tout cet "accueil" et de toutes cette "solidarité" à mendier dans toutes les rues d'Europe.

 

GQ, Ecrit le 27 janvier 2019

Tag(s) : #politique française
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