Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Des soldats burkinabè à Ouagadougou lors d\'une opération antiterroriste, le 22 mai 2018.  Des soldats burkinabè à Ouagadougou lors d'une opération antiterroriste, le 22 mai 2018.  (STR / AFP)

sankara https://www.jeuneafrique.com/wp-content/themes/ja-3.0.x/assets/img/pays/map/burkina-faso-medium.jpg

burkina faso carte – Anti-K

BREIZH-INFO.bzh

33 ans après, la justice du Burkina Faso cherche à faire toute la lumière sur la mort du dirigeant révolutionnaire Thomas Sankara dans un coup d’État. Dans un contexte de contestation populaire contre son hégémonie en Afrique francophone, la France a été contrainte de livrer à Ouagadougou des archives classées secret défense. Or les documents publics sont déjà troublants. Retour le plus factuel possible sur une affaire aux conséquences géopolitiques majeures.

Le Journal Télévisé d’Antenne 2, annonçant l’arrivée au pouvoir de Sankara en 1983, évoque la thèse du « complot » libyen. La présentatrice Christine Ockrent est devenue plus tard la directrice de l’audiovisuel extérieur de la France. Le public français est plutôt mal informé de ce qui est fait en son nom sur le continent africain.

Un dirigeant africain vraiment pas comme les autres

Thomas Sankara est né en 1949 dans la minorité chrétienne de Haute-Volta, dans cette petite classe moyenne suscitée par la colonisation française. Son père Joseph Sambo Sankara, d’origine peule, ancien soldat de l’armée française, combattant d’Indochine, est infirmier-gendarme. Sa mère Marguerite, de l’ethnie majoritaire mossie, l’a élevé ainsi que ses 10 frères et sœurs. Elle rêve pour son fils du séminaire : il sera curé, peut-être un monseigneur comme son oncle Godefroy Marie Sankara. Mais lui préfère faire comme son père : il deviendra officier de la jeune armée de son pays, devenu indépendant en 1960.

En 1983, à 34 ans, Sankara s’empare du pouvoir par un coup d’État (le quatrième en 23 ans). La suite aurait pu ressembler à ce qui s’est passé dans d’autres pays africains. Mais c’est là le plus grand mystère Sankara : voilà un « dictateur » qui a « mal » tourné !

Se déplaçant en Renault 5, se contentant des 212 euros par mois de sa solde de capitaine, ayant pour tout patrimoine une bibliothèque et trois guitares, il refuse les crédits revolving proposés par les banquiers internationaux et même snobe l’aide publique française. Plein d’humour (une qualité mossie que son père pratiquait), mais aussi capable de dureté, il met en place toute une série de mesures concrètes, certaines pouvant paraître anodines ou loufoques à première vue, avec en vue un objectif précis : « deux repas et 10 litres d’eau tous les jours et pour tous ». Accessible à tous, très direct, il est intraitable sur les honneurs dus à son pays dans les rencontres internationales. Abordant les problèmes de front, il prend des risques et n’hésite pas à mettre sa vie personnelle dans la balance.

Il est assassiné en 1987, après avoir gouverné seulement 4 ans.

 

Journal Télévisé du 18/11/1986 : Visite de Mitterrand au Burkina Faso : un affrontement à fleurets mouchetés entre le président français et Sankara, devant les caméras, un an avant sa mort. Mitterrand est depuis le début de sa carrière un défenseur passionné de la Françafrique (Présence française et abandon, livre de 1957 opposé à l’indépendance des colonies africaines). À son arrivée au pouvoir suprême en 1981, il confie les affaires africaines à son fils Jean-Christophe (surnommé « Papa m’a dit » par les Africains). Il termine sa carrière par la défense des positions françaises au Rwanda en 1994, avec des décisions controversées.

Sankara et le marxisme-léninisme : une théorie économique anticoloniale

Au sortir de l’adolescence, Sankara a connu une véritable révolution intellectuelle. L’ancien servant de messe et scout catholique des Cœurs Vaillants est converti au marxisme-léninisme par son professeur d’histoire, Adama Touré. Tout devient alors limpide : il a enfin une explication cohérente des difficultés de son pays et de son continent. Si ceux-ci sont pauvres, c’est que leurs richesses sont pillées par les puissances coloniales (et néocoloniales). Les pays colonisés sont notamment victimes d’une mauvaise spécialisation dans le commerce international : ils vendent des matières premières à prix bradés et importent des produits à forte valeur ajoutée. À l’intérieur du pays colonisé, une « bourgeoisie compradore » profite égoïstement de son rôle d’intermédiaire, au détriment de ses compatriotes.

Tag(s) : #Burkina Faso France
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :