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Avocat au barreau de Rouen, François Boulo se situe hors-champ de la politique politicienne. Après une intense participation au mouvement des Gilets Jaunes, il se retire de la vie publique pour écrire. « Reprendre le pouvoir » est le titre de l'ouvrage qu'il publie aux éditions Les liens qui libèrent. François Boulo accorde aujourd'hui un long entretien à Vincent Lapierre.

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MÉDIAS : MISE AU POINT DE FRANÇOIS BOULO

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Je réponds à certains qui se sont émus ou inquiétés de mon interview pour le Media pour tous.

Si je peux comprendre les questionnements eu égard au passé de Vincent Lapierre, je veux profiter de l’occasion pour clarifier certaines choses : mon positionnement général par rapport aux médias (j’exclus les mainstream de l’analyse puisque je n’y suis désormais plus invité) mais aussi notre rapport aux autres dans la cause que nous défendons.

Depuis la sortie de mon livre, je ne cesse d’expliquer que le combat que nous menons doit avant tout viser l’hégémonie culturelle. Autrement dit, nous devons gagner la bataille des idées ce qui implique de s’adresser à l’audience la plus large possible. Si je ne m’exprime que dans les médias suivis par des gens déjà convaincus par nos idées, nous n’arriverons jamais à convaincre et unifier les résistants.

Dois-je accepter toutes les invitations médias sans poser aucune limite ? Assurément non. Il est néanmoins difficile de fixer des critères généraux en la matière en sorte que je décide la plupart du temps, au cas par cas, d’accepter ou de refuser les invitations que je reçois. J’en ai refusé un certain nombre dernièrement, soit parce que la ligne éditoriale était aux antipodes de certaines de mes convictions, soit parce que je redoutais un manque de loyauté dans la conduite de l’interview (et parfois parce que je n’avais pas le temps tout simplement).

Dans le cas du Média pour tous, j’ai tenu compte de plusieurs éléments. Vincent Lapierre a totalement rompu avec Alain Soral et ses idées antisémites, il a fait plusieurs vidéos pour s’en expliquer et sa démarche consistant à reconnaitre ses erreurs passées m’a semblé empreinte d’une certaine honnêteté. Oui, il s’est trompé par le passé, comme j’ai pu le faire moi-même en votant « oui » en 2005 ou Sarkozy en 2007. Tout le monde commet des erreurs. Nous n’avancerons nulle part si nous ne prenons pas le risque parfois de tendre la main à ceux qui ont le courage de se remettre en question après s’être égarés.

Ceci étant, mon passage dans un média ne me solidarise pas de facto avec sa ligne éditoriale. Je ne suis pas plus comptable des autres reportages ou entretiens réalisés par le Media pour tous que tous ceux réalisés par BFM TV, LCI ou CNEWS … Et pourtant, je suis bien intervenu à l’époque sur ces trois chaînes. Personne ne m’a accusé d’être un soutien de Patrick Drahi ou de Vincent Bolloré …

Mon passage au Média pour tous devrait susciter d’autant moins d’interrogations qu’à la différence des médias mainstream, j’ai bénéficié d’un cadre loyal et équitable où j’ai pu librement développer mes analyses de fond. Et comme chacun sait, j’ai toujours essayé de défendre des idées tolérantes, bienveillantes, et rassembleuses.

Je veux conclure ce message en insistant sur un point : nous ne gagnerons jamais si nous raisonnons « camp contre camp ». Je crois en la capacité de convaincre des gens et en la remise en question. C’est cette attitude que nous devrions, je crois, tous adopter : humilité face à la connaissance et tolérance face aux opinions contradictoires.

Dans mon livre, j’essaie de développer trois éthiques qui devraient guider notre conduite. Pour que vous compreniez bien l’état d’esprit dans lequel j’essaie d’agir, je me permets de vous citer un extrait relatif à l’éthique de la bienveillance : « L’éthique de la bienveillance consiste à faire preuve de tolérance et de compréhension envers les autres. En cas de désaccord, qu’il s’agisse d’un proche ou d’un étranger, il faut s’efforcer de faire preuve d’empathie. Cela consiste à reconnaître et à comprendre les sentiments et les émotions de son interlocuteur. Même s’il a rationnellement tort sur le fond, il existe très certainement toute une série de raisons qui l’ont amené à penser et à ressentir les choses d’une certaine manière. Bien que ces raisons puissent heurter notre propre sensibilité ou nos valeurs, s’évertuer à les comprendre est la première étape pour instaurer un dialogue serein et apaisé. Il est frappant de constater que notre société n’admet plus du tout le droit à l’erreur de nos jours. (…) Existe-t-il des limites à la bienveillance ? Il est bien évidemment difficile d’adopter une attitude bienveillante face à un individu agressif ou de mauvaise foi. Si la discussion cordiale, respectueuse et intellectuellement honnête est impossible à établir, il est préférable de mettre un terme à l’échange ou de l’éviter plutôt que de répondre sur le même ton hostile que l’interlocuteur. Si nous ne pouvons agir dans le sens du bien, abstenons-nous d’agir. Il y a trop à faire pour perdre inutilement son énergie ».

François Boulo

 

Tag(s) : #Politique française
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