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 Télérama

La CGT a appelé à faire grève mercredi 6 octobre, pour une durée illimitée.

En cause, un projet porté par la direction, accusé de déshabiller les émissions à l’antenne pour développer le numérique.

Il vise à développer l’offre de programmes à la demande de France Culture, France Inter et France Musique, tout en faisant des économies.

Depuis sept mois, le projet Prod’cast, une initiative de la direction de Radio France, est expérimenté au sein de la Maison ronde. Entraînant par exemple, en cette rentrée, la suppression du poste de réalisateur sur deux émissions quotidiennes par chaîne, pour les redéployer sur la création de podcasts.

Et c’est peu dire qu’il fait grincer des dents. Déconsidération des différents métiers de la radio, manque de moyens : les inquiétudes du printemps dernier se sont muées en reproches. Et un appel à faire grève le mercredi 6 octobre a été lancé par la CGT, pour une durée illimitée. 

« On supprime des emplois alors qu’on veut produire davantage, déplore Bertrand Durand, élu du syndicat à Radio France. Ça détériore la qualité des émissions. »

À l’origine de cette réorganisation, un besoin d’économies (60 millions d’euros) demandées par l’État. Sur France Musique, En piste et Le Van Beethoven n’ont donc plus de réalisateur. Sur France Inter, Carnets de campagne et Un jour dans le monde sont concernés. Les producteurs et techniciens doivent absorber le travail supplémentaire.

À France Culture, on a pour le moment renoncé à appliquer cette règle, « mais, selon Bertrand Durand, ils vont devoir y revenir, car les injonctions viennent de plus haut ». Interviewé par Télérama, un technicien de Radio France affirme qu’il devient difficile de « travailler comme avant » : « Pendant qu’on réalise, on ne s’occupe plus du niveau de la musique, par exemple. »

On est à fond pour le podcast. Mais il faut des moyens pour que ça n’appauvrisse pas l’antenne.
Une réalisatrice

Au-delà de l’aspect pratique se pose le problème de la valeur de chaque métier pour construire une émission. « C’est comme s’il suffisait de savoir faire cuire des nouilles pour être cuisinier. En nous demandant de faire le travail du réalisateur, Radio France va forcément finir par baisser ses exigences : on ne préparera plus que des nouilles », métaphorise le technicien.

Son sentiment est partagé par une réalisatrice du groupe : « Puisque la direction ne crée pas de postes consacrés aux podcasts, elle dépiaute l’antenne ! C’est ce qui se produit depuis plusieurs années : des économies sur la production, des départs à la retraite qui ne sont pas remplacés… Là, ils parlent d’expérimentation, mais on sait qu’ils ne reviendront pas en arrière. »

Contactée par Télérama en mai, la direction de Radio France a assuré que l’objectif « est précisément de garantir le maintien de la qualité des programmes radio tout en libérant du temps pour produire de nouveaux formats numériques de qualité ». 

Mais « peut-on maintenir la qualité en diminuant les effectifs ? », ironise Bertrand Durand. « Les podcasts génèrent une forte rentrée d’argent pour le groupe. On est passé de 2,3 millions d’euros de publicité numérique en 2018 à 10,4 millions en 2020, c’est gigantesque !

Forcément, Radio France développe ce secteur, au détriment du programme hertzien et en intensifiant la charge de travail des salariés. » 

Mais attention : il ne s’agit pas de critiquer en bloc le développement du podcast. 

« Au contraire ! On est à fond pour, précise la réalisatrice qui souhaite rester anonyme. Mais il faut des moyens pour que ça n’appauvrisse pas l’antenne. La direction semble penser que la radio linéaire est vouée à disparaître, or je ne pense pas que cela soit vrai. Il y a encore de multiples façons d’écouter les émissions, il faut qu’elles soient toutes représentées. »

Tag(s) : #Résistance médiatique
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