Antonio Costa, le premier ministre portugais, avec des journalistes, dans l’attente des résultats des élections législatives, à Lisbonne, le 30 janvier 2022.
Les élections législatives ont été marquées par la percée du parti d’extrême droite Chega, qui va faire son entrée au Parlement, une première depuis la chute de la dictature, en 1974
Le premier ministre socialiste, Antonio Costa, a nettement remporté les élections législatives au Portugal, dimanche 30 janvier, en parvenant même à décrocher la majorité absolue au Parlement.
Selon des résultats partiels portant sur toutes les circonscriptions – sauf celles de l’étranger, qui élisent quatre députés –, le Parti socialiste (PS) est arrivé en tête avec 41,7 % des voix et au moins 117 sièges sur un total de 230.
Donné dans les derniers sondages au coude-à-coude avec l’opposition de centre droit, M. Costa a fini par améliorer son score de 2019 (36,3 % et 108 élus), et ne dépendra plus de ses anciens alliés de la gauche radicale, qui avaient provoqué ces élections anticipées en rejetant, en octobre 2021, le projet de budget pour 2022.
L’ancien maire de Lisbonne, âgé de 60 ans, est arrivé au pouvoir en 2015 en scellant une union de la gauche sans précédent depuis la « révolution des œillets » de 1974, alors qu’il n’avait même pas gagné ces élections. Dimanche, il a offert au Parti socialiste la deuxième majorité absolue de son histoire.
« Une majorité absolue, ce n’est pas le pouvoir absolu, (…) c’est une responsabilité accrue », a déclaré M. Costa, devant ses partisans. « C’est la victoire de l’humilité, de la confiance et pour la stabilité », a-t-il ajouté.
« Il y a clairement une victoire et un renforcement du PS (…). Cela signifie que les Portugais souhaitent que [ce parti] gouverne et veulent de la tranquillité dans leurs vies », avait déclaré, en soirée, Antonio Costa à la télévision publique RTP alors que les résultats semblaient déjà favorables à son parti.
« Les gens ont compris notre message », selon l’extrême droite
Alors qu’il espérait pouvoir créer la surprise, le principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (PSD, droite) de Rui Rio, arrive en deuxième position avec 29,3 % des voix. Le parti d’extrême droite Chega (Assez) est pour sa part propulsé au rang de troisième force du pays, avec 7,15 % des voix et douze élus, alors qu’il ne comptait qu’un seul député dans le Parlement sortant.
Le Portugal avait longtemps fait exception en Europe car depuis la fin de la dictature, en 1974, et jusqu’au dernier scrutin de 2019, ce pays de dix millions d’habitants ne comptait pas de parti d’extrême droite représenté au Parlement. « Les gens ont compris notre message », s’est réjoui le numéro un de Chega, André Ventura, qui a jugé « mauvais pour le pays qu’Antonio Costa continue d’être premier ministre ».
Les libéraux, entrés au Parlement en 2019 avec un seul député, confirment eux aussi la forte progression prévue par les sondages, avec près de 5 % de voix et huit élus. Ils devancent les deux formations de la gauche radicale, le Bloc de gauche et la coalition communistes-verts, sévèrement sanctionnés après avoir provoqué ce scrutin en rejetant le projet de budget 2022.