11 décembre 2007
"RUE SANTA FE"
Rendez-vous d'urgence "275, rua Santa Fé", à Santiago du Chili !
Il s'agit d'un film de Carmen Castillo, la compagne du dirigeant du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), Miguel Enriquez, assassiné le 4 octobre 1974, dans cette maison, par la police de Pinochet.
Elle-même, grièvement blessée, est expulsée, en France où elle passera son long exil pendant vingt-cinq ans, sauf un bref séjour de deux semaines, pour visiter son père malade.
Revenue au pays en 1989, elle s'entretient avec des militants de la résistance chilienne, ceux qui étaient restés sur place, et ceux qui ont participé à l'opération "Retour'. Il s'agit de la directive des dirigeants du MIR, intimant l'ordre aux "miristes" en exil, de revenir au Chili, dans les années 80. Chacun s'interroge aujourd'hui sur le bien fondé de la stratégie du MIR, sur le prix payé par la mort de nombreux combattants qui se sont battus héroïquement contre la dictature. Les survivants évoquent l'immense déception ressentie dans l'après-Pinochet : l'injustice sociale toujours criante, les militaires tortionnaires jamais pousuivis, la population qui a continué de vivre durant ces années noires, semblant indifférente aux sacrifices de ceux qui ont combattu le fascisme...
Le film présente le témoignage de vieux parents qui ont perdu leurs trois enfants, trois ados massacrés par la police, et qui, pour rester fidèles à leur mémoire, ont voulu survivre, aimants et dignes. "Rua Santa Fé" restitue, et ce n'est pas sa moindre qualité, des séquences inconnues du public français, de manifestations de résistance populaire dans telle ou telle "poblacion", les bidonvilles de l'époque.
Enfin, ce film poignant pose la question : comment, et par quels moyens, poursuivre le combat, en tirant les leçons du passé.