L'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a conclu lundi in extremis un accord avec son ancien allié, la Ligue du Nord, en vue des élections de février, manoeuvre "désespérée" selon ses adversaires, pour sauver les meubles dans le nord, une région cruciale où se concentre un gros bataillon de déçus du "Cavaliere".
"Un accord a été signé entre nous et le Carroccio (surnom de la Ligue du Nord, NDLR). J'ai signé en personne et au nom de la Ligue du Nord a signé (l'ex-ministre) Roberto Maroni, qui sera candidat en Lombardie. Moi, je serai le chef des modérés" aux législatives, a annoncé Silvio Berlusconi.
M. Maroni a confirmé l'accord dans l'après-midi en précisant que le "Cavaliere" ne serait pas le candidat de cette coalition au poste de Premier ministre.
"J'étais sûr que nous parviendrions à un accord parce qu'un parti doit être réaliste, et ne pas renouveler notre alliance aurait été mauvais pour nous, la Ligue et l'Italie" a dit M. Berlusconi dans une interview à la chaîne Telelombardia.
En même temps que les législatives des 24 et 25 février, des élections régionales auront lieu dans le Latium (région de Rome), le Molise (sud) et en Lombardie. Cette dernière région, la plus riche d'Italie, tient particulièrement à coeur à la Ligue, dont elle est un des fiefs, et le soutien de M. Berlusconi à la candidature de Roberto Maroni constitue pour ce dernier un atout important.
"L'accord signé par Maroni et Berlusconi pour les élections est une combine du désespoir: ils pensent sauver une situation catastrophique pour le centre droit, mais ils ne se rendent pas compte qu'ils sont en train de l'aggraver", a estimé Maurizio Martina, responsable en Lombardie du Parti démocrate (PD), la principale formation de gauche, qui caracole en tête des sondages.
Cet accord pourrait bénéficier à la gauche dirigée par le charismatique Pier Luigi Bersani, secrétaire du Parti démocrate (PD), qui pourrait remporter une large majorité à la Chambre basse du parlement. Mais il pourrait également assurer au Peuple de la liberté (PDL, le parti de centre-droit de M. Berlusconi) et à la Ligue une majorité au Sénat si le vote dans le nord devait être scindé.
"Mon adversaire, c'est Berlusconi et la Ligue", a expliqué M. Bersani à la chaîne de télévision La 7, évacuant la menace sur le centre gauche. "Nous prendrons la majorité à la Chambre et au Sénat", a-t-il affirmé.
Le PDL et la Ligue du Nord ont longtemps gouverné ensemble, basant leur alliance sur les liens personnels entre le "Cavaliere" et le fondateur de la Ligue, Umberto Bossi. Leurs chemins se sont séparés depuis l'avènement du gouvernement de Mario Monti, soutenu par le PDL mais auquel la Ligue était farouchement opposé.
Selon Stefano Folli, éditorialiste du quotidien économique Il Sole-24 Ore, "la Ligue a commis une erreur stratégique (...)et aurait dû garder son autonomie, maintenant il lui devient plus difficile d'expliquer les raisons de cette alliance" à sa base électorale qui déteste M. Berlusconi, considéré comme un symbole de l'enrichissement louche.
En Lombardie, explique M. Folli à l'AFP, les deux partis de l'alliance partent favoris mais (...) cela dépendra du score de Gabriele Albertini", ex-maire de Milan, de droite, très populaire et qui participe aux régionales avec sa propre liste.
Cependant dans les sondages, les deux partis même alliés sont donnés perdants aux législatives, mais pourraient influencer l'issue du scrutin en raison du système électoral.
En Italie, la coalition gagnante obtient une prime de majorité à la Chambre des députés, mais cette prime est attribuée sur une base régionale au Sénat. Or la Lombardie nomme un grand nombre de sénateurs et une éventuelle victoire de l'alliance PDL-Ligue dans cette région pourrait priver le centre gauche de la majorité à la Chambre haute.
Selon un sondage du 2 janvier réalisé par l'institut Tecnè pour Sky Italia, la coalition de centre gauche menée par le PD est loin en tête avec 40,3% des intentions de vote, devant le centre droit comprenant le PDL, la Ligue et d'autres partis, crédité de 26,30%. Selon le même sondage, la coalition centriste menée par l'actuel chef de gouvernement Mario Monti obtiendrait 12%, ce qui pourrait en faire un partenaire du PD au Sénat.