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 "Deutschland, Deutschland über alles" ?

 A propos du  "MODELE ALLEMAND"

 Un  article de Jean LEVY


Présente depuis des années, la campagne s'est accélérée depuis des semaines : du Medef à Nicolas Sarkozy, chacun répète "pour vaincre la crise, il faut redonner de la compétitivité aux entreprises" (en bon français, " permettre aux patrons d'augmenter leurs profits") en  copiant le "modèle allemand".

Et de nous asséner chiffres et statistiques pour prouver que "le coût du travail" en France est considérablement plus élevé qu'au-delà du Rhin. Autrement dit, nos salariés se goinfreraient en se tournant les pouces au grand dam des patrons, qui n'auraient qu'une solution pour s'en sortir, c'est de délocaliser usines et bureaux, là où "le coût du travail" est beaucoup moins élevé. 

C'est faire bon marché (si on ose l'expression !), du "coût" des actionnaires, des PDG et de leurs sous-fifres.

Près de 40 milliards d'euros distribués en 2011 aux actionnaires du CAC 40 (et combien aux dirigeants de ces fameuses 40 entreprises ?)

Pour l'oligarchie qui nous gouverne  au fait, combien elle nous "coûte" ?), la réponse est simple :

 "il est normal que ceux qui prennent un "risque" en plaçant de l'argent  dans les entreprises, soient rémunérés".

 Et ceux qui PRODUISENT les richesses, ne prennent-ils pas, eux plus que tous les autres,  un "risque" (parfois leur vie, très souvent leur santé) ?

Le capital n'en à que faire. 

Les salariés, et eux seuls, tel l'âne des "animaux malades de la peste", doivent payer.

C'est ce qu'ont accepté les travailleurs allemands, nous dit-on. Sans rechigner. 

Et cela serait le remède miracle : avec un coût du travail réduit, les patrons "n'auraient plus besoin de délocaliser".

Vous avez bien lu BESOIN, le terme employé par le Président de la République.

Ce qui prouve qu'il est normal, pour lui,  que les chefs d'entreprises désertent le territoire national pour s'assurer de meilleurs profits. 

Jolie mentalité, pour un Chef d'Etat !

 Aussi, celui-ci annonce une prochaine loi qui allègerait le coût du travail pour les patrons, en transférant une part de leurs cotisations concernant les allocations familiales sur les prix à la consommation en majorant la TVA de 1,5%.

En plus de ce cadeau au capital, Nicolas Sarkozy met en place un dispositif qui substitue aux accords collectifs sur les conditions de travail signés par les syndicats, un contrat individuel qui permette aux chefs d'entreprises d'imposer à chaque salarié de "choisirentre une réduction de salaire ou un allongement gratuit de son temps de travail, sinon c'est le licenciement !

Cette liberté, donnée au renard patronal de dévorer tout cru son personnel, devrait s'appeler "contrat de compétitivité"

Et il faudrait en passer par là pour redonner cette fameuse compétitivité à l'économie française par rapport à l'économie allemande...

 

Voyons donc ce paradis allemand tant célébré à Paris.

D'abord une image.

En Allemagne, il y a autant de pauvres que la Grèce compte d'habitants.

Et deux réalités :

Il n'y a pas de SMIC, de l'autre côté du Rhin.

Des salaires à un euro de l'heure y sont fort répandus.

Mais à ces vérités qu'on cache soigneusement aux Français, nos médias opposent les succès allemands en matière d'exportation, grâce au coût horaire du travail, bien plus bas, dit-on, en Germanie.

 

Ce que les "chiens de garde" du Capital "oublient" de préciser  c'est que la productivité individuelle du travailleur allemand est bien plus faible que celle du travailleur français.

Ce qu'il faut comparer, donc, c'est le "coût" global du travail de 10 ouvriers en Allemagne et celui de 7 ouvriers,  ici, en France. 

 

De plus, si Berlin exporte davantage que Paris, c'est que depuis la "réunification allemande", l'Allemagne fait fabriquer bonne part de ses produits en Europe de l'Est, en Pologne, en Tchéquie, en Roumanie, au très bas "coût du travail" de ses pays, véritables colonies germaniques aux portes mêmes de ses frontières.

Et même chez elle, dans l'ex-RDA annexée, les salaires sont moins élevés qu'à l'Ouest !

Et de cela, motus et discrétion, en France.

Enfin, il faut le dire, les traités européens ont confié à l'Allemagne le secteur industriel, la sidérurgie en premier, au détriment des autres Etats, tel la France, qui a abandonné, de ce fait, la machine-outil, base de l'industrie, considéré chez nous comme "obsolète". 

A notre pays, le tourisme et les emplois dits de "proximité" !!!

 

Tel est le triste bilan de "l'aventure européenne" qui explique le rôle dévolu sciemment à la France, et ses difficultés actuelles, difficultés que les salariés devraient, aujourd'hui, largement payer au nom de "la compétitivité" !

 

Alors,

 "l'Allemagne au dessus de tout", selon l'hymne bien connu ?

 

A vous de juger 

 

Tag(s) : #Europe
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