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INFO REPRISE SUR
LE BLOG DE JACQUES TOURTAUX

La rupture semble consommée
entre Goodyear et la CGT d'Amiens nord

Le Monde.fr | 28.09.2012

Par Francine Aizicovici

La direction de Goodyear a indiqué qu'elle retirait son projet de plan de départs volontaires pour l'usine d'Amiens nord, faute d'un accord avec la CGT.

Est-ce le clap de fin ?

Jeudi matin 27 septembre, la réunion de consultation du comité central d'entreprise (CCE) de Goodyear a été très brève. La direction a quitté la salle, indiquant qu'elle retirait son projet de plan de départs volontaires (PDV) pour l'usine d'Amiens nord, faute d'un accord avec la CGT, syndicat ultra-majoritaire.

Peu après, la direction publiait un communiqué en forme d'avis de décès : 

"Goodyear a le regret de devoir annoncer le retrait du projet de plan de volontariat pourtant exemplaire pour plus d'un millier de salariés (...). Goodyear comprend et partage l'immense déception des centaines de salariés et de leurs familles qui pouvaient légitimement espérer bénéficier d'un dispositif de départs volontaires particulièrement avantageux."

 Ce désaccord était déjà apparu la veille, lors d'une réunion informelle entre la CGT et la direction de Goodyear ainsi que leurs avocats respectifs.

 

TOTALE INCOMPRÉHENSION

 

Dans les deux camps, l'incompréhension est totale. Les discussions engagées depuis plusieurs mois avaient pourtant permis de penser que la hache de guerre allait enfin être enterrée. Depuis cinq ans, la CGT menait un combat syndical et juridique, dont elle était toujours sortie victorieuse, réussissant, procès après procès, à faire recaler le plan social que Goodyear voulait mettre en œuvre, d'abord pour fermerf toute l'usine, puis uniquement sa production de pneus tourisme (817 postes) dès lors que l'Américain Titan avait indiqué vouloir reprendre la partie pneus agricoles (537 emplois).

La veille du CCE, une réunion informelle entre la direction et la CGT – chaque camp étant accompagné de son avocat – avait mis en évidence l'écart entre les visions de chacun. "La direction avait annoncé, avant l'été, qu'elle renonçait à un plan de licenciement au profit d'un plan de départs volontaires, indique Mickaël Wamen, le leader CGT de l'usine. Mais alors pourquoi a-t-elle mis à l'ordre du jour du CCE un projet d'accord de méthode qui n'a lieu d'être que lorsque des licenciements sont envisagés ?" "Nous avions pensé avoir trouvé avec la direction un compromis sur le fait qu'il n'y aurait pas de licenciement, confirme Fiodor Rilov, l'avocat de la CGTTout accord de méthode est donc exclu."

 Selon Henry Dumortier, directeur général de Goodyear Dunlop France, l'accord de méthode est une"obligation légale qui permettra de relancer le plan de sauvegarde de l'emploi [PSE, plan social] interrompu par la justice" et devenu aujourd'hui un PDV. "Après huit mois de négociation, observe-t-il, M. Rilov découvre que nous allions introduire un accord de méthode !" 

Pour lui, ce débat-là n'est en fait qu'une "manœuvre pour retarder la mise en œuvre de l'accord. C'est de la mauvaise foi." "La procédure de PSE s'applique à un plan de licenciement, certes, mais aussi à toute rupture du contrat de travail pour motif économique, ce qui est bien le cas ici avec le PDV", renchérit Joël Flichy, l'avocat de la direction.

 

"VOLTE-FACE"

 

Ce débat montre en tout cas que la méfiance reste de mise entre les deux camps. D'autant que désormais, les discussions se font sans la présence du directeur des ressources humaines, recruté il y a près de deux ans. C'est lui qui avait permis de renouer le dialogue entre la direction et la CGT et d'aboutir à ce qui semblait être un compromis acceptable pour chacun.

Or, ce DRH a quitté Goodyear le 21 septembre. "Il était le seul à comprendre le problème", regrette M. Wamen.

L'autre volet de ce compromis portait, selon M. Rilov, sur le fait que la signature de l'accord sur le PDV ne pourrait intervenir qu'après avoir obtenu de Titan des garanties non seulement sur le maintien des emplois sur cinq ans – aujourd'hui, Titan ne s'engage que sur deux ans –, mais aussi sur les volumes de production pour l'usine.

Goodyear avait certes dit ne pas être parvenu à obtenir cette garantie. Aussi, jusqu'à la réunion informelle du 26 septembre, il était entendu, selon M. Rilov, que c'est la CGT qui allait essayer de le faire auprès de Titan.

Or, tout à coup, "Goodyear a fait une volte-face", indique l'avocat. La direction voulait la signature de la CGT tout de suite, disant que nous devions renoncer à nos exigences vis-à-vis de Titan. C'était une tentative de passage en force. Mais pour nous, il est inimaginable de signer un accord sans les engagements de Titan."

 Aujourd'hui, M. Dumortier indique qu'il va travailler à "d'autres options" que le PDV.

L'une d'elles pourrait être la mise en œuvre d'un plan social avec la fermeture totale du site.

Un projet qu'on n'a pourtant jamais réussi à mettre en œuvre depuis cinq ans. "S'il y a moyen de repartir sur les bases du compromis qui avait été trouvé, nous sommes disponibles jour et nuit", déclare M. Rilov.

Francine Aizicovici

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/28/la-rupture-semble-consommee-entre-goodyear-et-la-cgt-d-amiens-nord_1767137_3234.html 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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