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ARTICLE REPRIS SUR
BANDERA ROSSA

Vendredi 11 janvier 2013

 

Les communicants pratiquent la polyvalence

Par Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon

 

Maurice Lévy, PDG de Publicis Groupe, l’une des 40 sociétés qui composent le CAC 40, est l’un des patrons français les mieux payés. En 2011, il devait toucher une rémunération de 22 millions d’euros, dont 16 millions en versement différé.

Jérôme Cahuzac, conseiller de François Hollande pour la fiscalité, a déclaré sur la chaîne Public Sénat que « l’inégalité dans la répartition de la richesse produite, quand elle est à ce point, est un désordre, et ce désordre, il faut y mettre fin ».

Aujourd’hui, l’agence Publicis est chargée de… la communication ministérielle du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Publicis Consultants peut ainsi conseiller et défendre des politiciens se réclamant des valeurs de la gauche après avoir travaillé pour le précédent gouvernement, celui de François Fillon. Les réseaux de l’oligarchie de droite et ceux de l’oligarchie de gauche ne sont pas imperméables. Les divergences politiques deviennent mineures lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts majeurs du système capitaliste qui n’est plus remis en cause ni par les uns ni par les autres.

Aussi les politiques se vendent comme des savonnettes, leur image leur tenant lieu de ligne politique. Ce que l’on voit avec l’affrontement Copé-Fillon, qui est purement celle de deux ambitions antagonistes

La notoriété politique doit beaucoup plus à l’image que l’on donne de soi qu’aux idées, quand il y en a. Celles-ci ne sont plus nécessaires puisque l’idéologie néolibérale règne à l’échelle de la quasi-totalité de la planète. Les élus des assemblées parlementaires sont, pour la plupart, coupés des catégories populaires qui ne sont plus représentées par des députés ou des sénateurs qui en seraient issus. Les fausses alternances n’interdisent pas que les intérêts des financiers et des hommes d’affaires continuent à être gérés.

C’est l’un des pires dangers d’une situation, en France mais aussi en Europe, qui a dégagé à droite, ainsi que dans une certaine gauche institutionnelle, des personnalités susceptibles d’accéder aux plus hautes responsabilités pour prendre les mesures les plus favorables au capitalisme financier.

Stéphane Fouks, devenu célèbre pour les conseils prodigués à Dominique Strauss-Kahn, avec son agence EuroRSCG, assure aujourd’hui la communication du ministre socialiste du Budget, Jérôme Cahuzac, après avoir rebaptisé son agence Havas Worldwide, qu’il préside maintenant… avec Vincent Bolloré.

Fouks est également un ami de longue date de Manuel Valls, qu’il a rencontré en 1980 sur les bancs de la faculté de Tolbiac, de même qu’Alain Bauer, consultant et ancien conseiller pour la sécurité de Nicolas Sarkozy, qui ne rechigne pas à mettre ses talents au service de ses vieux copains.

La notion de conflit d’intérêts est consubstantielle à cette classe oligarchique au sommet de la société et ses membres œuvrent à leur défense en usant de leur habileté à manipuler la communication. Un brouillard idéologique conçu et pensé pour paralyser toute velléité de changement s’est installé. Les spéculateurs sont ainsi devenus de respectables investisseurs « créateurs de richesse et d’emplois » tandis que les travailleurs « coûtent trop cher et sont toujours trop gourmands ».

La publicité et ses stratégies de marketing envahissent toutes les dimensions de la domination et conduisent des pays soi-disant démocratiques à des totalitarismes qui ne disent pas leur nom.

 

Dernier ouvrage paru : l’Argent sans foi 
ni loi, conversation avec Régis Meyran, 
Paris, Textue 

Tag(s) : #Politique française
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