Les survivants japonais de la « Purge rouge » anti-communiste des années 1950 exigent des excuses de la part du gouvernement américain

Les victimes japonaises de la « Purge Rouge » demandent des excuses américaines

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Les survivants Japonais de la « Purge rouge » se sont rendus le 9 février à l'ambassade américaine à Tokyo et ont remis une lettre adressée au président américain Barack Obama, exigeant des excuses officielles de la part du président du pays qui a mis en place la « Purge rouge » qui a mené à de sérieuses violations des droits humains fondamentaux.

Suzuki Shoji, secrétaire-général du Centre national de liaison contre la Purge rouge, a demandé à ce qu'un haut dignitaire de l'ambassade transmette leur requête au président Obama.

Ohashi Yukata et deux autres survivants ont raconté toutes les difficultés qu'ils ont vécu à cause de la purge. Après avoir écouté leurs histoires, le responsable a promis qu'il enverrait un rapport sur la base de ces témoignages aux Etats-unis.

Évoquant la façon dont la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne et la Corée du sud ont traité cette question, ils ont demandé au dignitaire d'exiger aussi de l'administration américaine qu'elle fasse pression auprès du gouvernement Japonais afin qu'il s'occupe de la question des violations des droits de l'Homme sur la période.

Voici le cœur de la lettre :

« Durant la période de l'après-guerre, sous occupation des forces armées américaines (1949-50), la Purge rouge mise en œuvre dans l'ensemble du pays fut d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de l'humanité.

On estime que 40 000 travailleurs ont été étiquetés comme « subversifs », juste parce qu'ils étaient adhérents ou sympathisants du Parti communiste, et ont été ensuite virés de leurs lieux de travail. Ils ont donc subi des souffrances économiques, mentales et psychologiques extrêmes avec des difficultés considérables à retrouver un travail par la suite. Certains ont fini par se suicider, ne pouvant supporter leur situation de détresse.

La Purge rouge a fait d'énormes dégâts dans divers mouvements sociaux au Japon, tel ceux demandant l'éradication du militarisme et la mise en place d'une démocratie, la protection des vies d'une majorité ayant souffert des maux de la guerre, et la reconstruction d'une économie et d'une industrie exsangues.

La Purge rouge a été mise en place à l'échelle nationale par le général Douglas McArthur, commandant en chef des puissances alliées, suivant une politique impulsée par le gouvernement américaine. La purge a commencé par cibler les fonctionnaires puis s'est étendue aux entreprises privées en 1949. La principale raison avancée pour ces licenciements injustifiées fut qu'ils étaient membres ou sympathisants du Parti communiste japonais, sur la base de la ligne « Neuf principes de stabilisation économique » (Dogde Line) fixée par le gouvernement américain.

« J'ai un plan pour nous débarrasser de ces éléments « rouges », en accord avec les directives de l'état-major », déclarait Shigeru Yoshida, alors premier ministre Japonais. Pour ce qui est de la purge des enseignants, il fut révélé que la liste des personnes visées a été livrée aux autorités locales par le CIC (Corps de contre-renseignement).

En 1950, une Purge Rouge est mise en place dans tout le pays à l'initiative du gouvernement japonais et des cercles patronaux, reprenant des déclarations et communiqués anti-communistes du Général McArthur. Cependant, comme l'a clairement révélé l'approbation par le Cabinet du décret « Sur l'exclusion des communistes des postes publics », visant à purger les militants sur la base des déclarations du général McArthur, et dans la lettre adressée aux gouverneurs locaux « Sur l'exclusion des subversifs communistes des entreprises », il n'y a aucun doute que le gouvernement américaine porte la responsabilité de la répression lancée avec la Purge rouge.

La Purge rouge était contraire à la Constitution du Japon qui venait d'être édictée. On pouvait s'attendre à ce que même les forces d'Occupation auraient eu à respecter les garanties constitutionnelles des droits humains fondamentaux, la liberté de pensée et de conscience, et la liberté de réunion et d'association ainsi que d'expression. De plus, ces actes étaient contraires à la Charte des Nations unies, à la Déclaration de Potsdam et à la Déclaration universelle des droits de l'Homme, tous interdisant clairement la discrimination sur la base du délit d'opinion et protégeant les droits humains fondamentaux.

Par conséquent, si le gouvernement américain avait voulu respecter ces Déclarations et la Charte, il n'aurait jamais dû lancer la Purge rouge.

Les Etats-unis sont un pays où l'importance des droits de l'Homme est reconnue et vous, Monsieur le président, parlez toujours de l'importance des droits de l'Homme. Votre gouvernement doit donc prouver sa sincérité en faisant amende honorable, en reconnaissant ses gravissimes erreurs passées avec la mise en place de la Purge rouge il y a 61 ans de cela et émettre des excuses officielles aux victimes dont les droits humains ont été violés.

Nous en appelons au gouvernement américain afin qu'il prenne dans les plus brefs délais des mesures pour rendre leur dignité aux victimes âgées désormais, et ce en collaboration avec le gouvernement Japonais, qui a mis en place la Purge rouge en suivant les instructions du gouvernement américain.

Nous vous avons déjà remis une lettre, dans le même but, à travers l'ambassade Américaine à Tokyo le 6 janvier 2010.

Nous espérons que le terme de « changement » trouvera une concrétisation dans la résolution de la question de la Purge rouge. »