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REPRIS
du
GRI-GRI INTERNATIONAL

Le jour où la "Grande béké" Marie-Laure de Villepin

"tamponna" Claude Ribbe


Marie-Laure de Villepin


Novembre 2003. (…) Je m’étais rendu au salon du livre de Brive pour y signer L’Expédition, mon second roman, qui racontait, du point de vue de Pauline Bonaparte, ce qui s’était passé en Haïti en 1802-1803. Comme il est épuisé, je n’ai aucune fausse honte à dire que c’était, selon moi, un bon livre et, dans la naïveté de mes débuts, je m’attendais à avoir un peu de presse. Il n’en fut rien, mis à part une émission sur RTL. (…) On jugea le sujet fort scabreux puisqu’il mettait en cause Napoléon.
Le politicien en vogue, Villepin, ministre des Affaires étrangères fort content de lui, et se piquant d’écrire, était un fanatique de ce tyran. (…) C’est pendant que je signais mes livres, attendant un peu tristement le chaland, que je reçus l’appel de l'ambassadeur Selz, ancien ambassadeur au Gabon et Monsieur Afrique de la commission Debray, m’annonçant que le guérilléro bavard voulait me voir de la part de la vieille dame de la rue Las Cases.
Peu après, un brouhaha se fit entendre.
C’était l’arrivée de l’écrivain-ministre Villepin qui venait d’« écrire » quelque chose. D’après un de ses éditeurs, qui n’est certainement qu’une mauvaise langue, il aurait « fallu beaucoup l’aider » comme on dit dans le jargon du métier. La flagornerie était telle que, pour honorer cet incomparable homme de lettres, on lui avait décerné dès son arrivée le grand prix du salon de Brive. Pour être sûr d’avoir du monde à son stand, qui par une ironie du sort, était presque en face du mien, il s’était fait accompagner par Bernadette Chirac. Une meute de journalistes était aux trousses du Dauphin. Les rombières locales, l’opus ministériel à la main, trépignaient d’impatience et d’émotion, prêtes à se battre pour un regard de ce nouveau Talleyrand.

De mon côté, c’était beaucoup plus calme. Une admiratrice s’approcha. Une jeune femme blonde, la quarantaine. Prenant en mains un exemplaire de mon livre, elle engagea la conversation. Mon ouvrage avait vraiment l’air très intéressant. Elle aimait beaucoup les Antilles en général et Haïti en particulier. Elle avait assisté à la représentation de Monsieur Toussaint, la pièce d’Edouard Glissant, mise en scène par Greg Germain à Pontarlier, près du fort de Joux. Elle finit par me dire qu’elle était amie de Glissant et même qu’elle irait avec son mari passer Noël chez lui, à la Martinique. La conversation s’engagea sur Haïti. (…) Une petite demi-heure s’étant écoulée, mon admiratrice me dit qu’elle devait partir, mais qu’elle aimerait que je lui dédicace mon livre. Lorsque j’eus le stylo en main, elle me dit que c’était pour son mari (…) avec un petit sourire et en baissant un peu la voix : « Dominique de Villepin ».
C’était Marie-Laure Leguay, épouse de Villepin, béké de la Martinique, qui était ainsi venue au contact. On se doute que ce n’était pas un hasard, puisque je venais de recevoir l’appel de l’ambassadeur Selz m’invitant à rencontrer Régis Debray. Je fis ma dédicace à Dominique de Villepin « en espérant que cette lecture vous incite à célébrer dignement le bicentenaire d’Haïti. »
La dame me demanda mes coordonnées que je lui laissai.
Comment pouvais-je me douter que son mari allait préparer un coup d’Etat contre Haïti pendant les vacances de Noël dans la villa martiniquaise d’Edouard Glissant et qu’elle en était certainement informée ?

PS : www.claude-ribbe.com

Par Gri-Gri International
Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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