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Au camarade André Gerin
par Jean LEVY
Cher camarade,
je viens de prendre connaissance de ta déclaration de candidature, au nom du Parti Communiste Français, à la Présidence de la République en 2012.
Etant toujours communiste, bien qu'ayant quité le PCF en 2000, après 44 ans d'appartenance, je ne peux rester indifférent à ta prise de position.
En effet, conscient du danger extême que fait courir le capitalisme à la civilisation, je considère, comme toi, qu'un rassemblement populaire le plus large possible est nécessaire pour y faire face, afin d'inverser le cours des choses.
Encore faut-il que ce rassemblement se construise sur de bases claires.
La colère de notre peuple s'amplifie. Elle vise, certes, l'ensemble de la politique menée par Nicolas Sarkozy au service de ses amis du CAC 40 au bénéfice du Capital. Mais des millions et des millions de Français se rendent bien compte que cette politique n'est que le relais des orientations communes des bourgeoisies européennes, concoctées à Bruxelles dans le cadre des instututions de l'Union européenne. Ces millions et ces millions de Français considèrent que l'UE est , avec l'Euro, l'instrument mis en place depuis des décennies pour contraindre les peuples à subir la loi du marché "libre et non faussé", c'est-à-dire le chômage de mase, la précarité généralisée, les restructurations, les délocalisations, le saccage des services publics, en premier lieu l'Education, la Santé, les transports et communications.
Mais la colère populaire se heurte à l'incertitude de pouvoir sortir du carcan européen.
Pourtant les derniers sondages indiquent que 30% des Français souhaitent "sortir de l'euro". Cela représente 15 millions d'électeurs et nombreux sont ceux qui ne sont pas loin de partager cette idée, mais qui ne croient pas possible cette perspective. Cette attitude est le fruit des campagnes médiatiques alarmistes qui jouent la peur et le scepticisme.
Malheureusement d'autres facteurs jouent dans ce sens.
Ne parlons pas du Parti socialiste et de l'ensemble de ses dirigeants. Ils se sont tous ralliés au dieu Marché et tous ne jurent qu'à une intégration européenne. Et d'Athènes à Lisbonne, en passant par Madrid, la social-démocratie au pouvoir se fait l'auxiliaire zélée de Bruxelles et du FMI, en imposant une austérité qui n'a rien a envier à celle de Nicolas Sarkozy. C'est la politique que nous imposerait demain Dominique Srauss-Kahn ou Martine Aubry.
Le PCF, sa direction tout au moins, tient un langage de confusion en semant le trouble avec ses mots d'ordre "d"Europe sociale" ou d'une "autre Europe" comme fausses issues, qui démobilisent les victimes du système : les salariés, en premier lieu, mais aussi d'autres couches sociales, qui, elles aussi, paient au prix fort la politique européenne.
Il faut donc rassembler.
Rassembler pour promouvoir une autre société, non basée sur l'argent et le profit privé, mais sur la satisfaction des besoins collectifs des Français. Pour cela, tous les secteurs stratégiques de notre économie doivent être mis hors de portée du Capital.
Cela suppose en premier que la Nation, première cible de l'Union européenne, retrouve sa pleine souveraineté, dans une France redevenue indépendante et maîtresse de son destin.
Il faut dire clairement que notre pays doit sortir de l'UE et de la zone euro.
C'est sur cette base que pourrait être envisagée une candidature vraiment communiste.
Cher camarade André Gerin, c'est à toi de situer ta candidature.
Dans cette attente, reçois mes meilleures amitiés.
Jean LEVY