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TEXTE REPRIS SUR
EL DIABLO

 

 

A la veille des élections, il est bon d’expliquer le choix stratégique des communistes au sein du Front de Gauche. Des critiques sur notre gauche nous accusent d’électoralisme et de future trahison des ouvriers. Des camarades au sein même de notre parti se méfient également de Mélenchon, redoutant une future liquidation du parti et un virement vers la social-démocratie.
Cet article exprime le point de vue de ses auteurs et de nombreux militants auront certainement un ressenti différent. Nous allons juste tenter de vous expliquer en quoi cette candidature Front de gauche, représenté par Mélenchon aux présidentielles et une pléthore de candidats aux législatives, peut apporter de positif au mouvement ouvrier selon nous.

D’abord, il est nécessaire de se tourner vers le passé pour en tirer quelques enseignements. Nous prendrons deux exemples : les grèves de 1936 et le front populaire ; Thatcher et le recul des conquêtes sociales.

 

front popuLe Front populaire est une coalition regroupant la SFIO (PS d’alors), le PCF et les radicaux de gauche. Ils s’unissent et accèdent au pouvoir en 1936 suite aux émeutes fascistes de 1934.

Au départ, le programme du Front populaire est assez modéré puisqu’il se doit d’être la synthèse de trois partis ayant des objectifs divergents.

Le Front populaire rentre dans l’histoire à partir des grands mouvements de grève, avant même la constitution d’un nouveau gouvernement. Plus de 2,5 millions de travailleurs, dopés par la victoire électorale, se joindront à la grève générale en l’espace de 15 jours. Avec un parti révolutionnaire à la tête de ce mouvement, l’histoire de la France et de l’Europe même serait radicalement différente. La France aurait pu emprunter le même chemin que celui de la Russie de 1917 et donner une nouvelle impulsion au mouvement international ; mais ce parti n’existait pas. Les Dirigeants du Front populaire ont donc tout mis en œuvre pour contrôler le mouvement révolutionnaire qui s’amorçait, à la fois en lâchant un peu de lest concernant les revendications et également en ordonnant aux dirigeants des organisations ouvrières de mettre un terme aux agitations .

La déclaration sentencieuse de Maurice Thorez « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue » scellera le sort de la révolution et donnera du grain à moudre pour des décennies aux formations Trotskystes pour attaquer le PCF.

Quand bien même la révolution a échoué, nous pouvons tout de même dresser un bilan positif des conquêtes sociales remportéesdurant cette lutte : hausse des salaires, la semaine légale de travail fixée à 40 heures, la naissance des vacances avec 2 semaines de congés payés, le contrat de travail individuel imposé par l’employeur remplacé par la convention collective négociée entre le patronat et les syndicats, la création massive d’emploi (grands travaux), la banque de France sous le contrôle de l’Etat…

 

Mineurs-GB.jpgSecond cas de figure. Margaret Thatcher, issue d’un parti conservateur, accède au pouvoir en Grande-Bretagne en 1979. Elle mènera une politique marquée par l’opposition à l’URSS, mais surtout au monde ouvrier, sur la base d’un libéralisme économique outrancier. Cette politique économique peut se résumer par la privatisation de secteurs entiers de l’économie britannique (houilles, chemins de fer, aérien, aciérie, télécommunications, gaz, électricité, etc.). L’économie anglaise passe d’un capitalisme reposant sur la production nationale à un capitalisme reposant sur les affaires, un capitalisme moderne en somme. Ceci se conjugue avec la fermeture de nombreux puits de charbon, l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants, la réduction des impôts (pour les plus riches évidemment), la diminution des dépenses publiques (cela sonne bien mais dans les faits cela se traduit par une baisse de budget pour l’éducation, l’hôpital et toutes les branches des services publics de première nécessité), j’en passe et des meilleurs.

En réaction à cette logique libérale qui menace les emplois, les salaires, la santé, l’éducation, etc. ; les syndicats réagissent, notamment par la plus grande grève de l’histoire de l’Angleterre, qui durera un an dans le secteur minier et qui menacera de s’étendre à tous les secteurs.

Thatcher ne restera pas sourde devant la mobilisation des ouvriers et réagira par la violence et la stigmatisation des syndicats. De plus, elle avait prévu ce mouvement de grève et avait préparé de vastes stocks de charbon pour faire échouer cette grève. Son action était donc volontaire et réfléchie de longue date et montre le caractère réactionnaire de sa politique.

Bilan des années Thatcher : un mouvement ouvrier complètement écrasé, un affaiblissement et une quasi disparition politique d’une gauche sociale, un pays où l’emploi rime avec la précarité et où derrière un relatif succès économique se cache une misère noire pour les ouvriers. En fait, la possibilité de faire grève, de s’organiser en syndicat et de se battre contre l’exploitation en général est devenue virtuellement impossible en Angleterre. Voilà ce qu’offre un gouvernement réactionnaire pour les ouvriers.

Alors oui, nous avons conscience des limites de la voie électorale, mais nous pensons qu’il est vital pour le mouvement ouvrier d’avoir une vision à long terme et de profiter au maximum de ces élections pour préparer le meilleur contexte qu’il soit pour nos futurs luttes. En gardant une pureté révolutionnaire, en refusant tout compromis, en dénonçant le système électoraliste et en se servant de celui-ci uniquement comme tribune pour véhiculer leurs idées, les partis d’extrême gauche mènent en fait, involontairement certes, les ouvriers vers l’impasse avec le risque de les laisser entre les mains de la droite qui, à l’image de Thatcher, rognera toutes les conquêtes sociales du passé pour modeler une classe ouvrière disciplinée et corvéable.

FdG2012.jpgLe Front de Gauche s’acquitte donc de son rôle historique et nous pouvons d’ores et déjà voir que les idées défendues par Mélenchon pèsent lourd dans le débat des candidats.

En effet, la crise économique et sociale que nous vivons de plein fouet depuis 2008 légitime totalement notre discours anticapitaliste et des termes depuis longtemps oublié refont surface et retrouvent leur place au sein du monde politique : Lutte des classes, communisme, socialisme, révolution, Marx, Jaurès…. J’en passe, tout autant de termes oubliés sur nos plateaux télé, sur nos radios et même dans les luttes syndicales, reprennent aujourd’hui leurs lettres de noblesses et mettent à jour la justesse de nos positions.

Le retour de ces thèmes sur le plan politique est une victoire en soi et devrait réjouir tous les camarades qui se battent tous les jours au nom de la conscience et de la lutte de classe.

On observe aussi de plus en plus l’arrivée de propositions politiques jusque là irrecevables, comme la proposition de taxer les transactions financières, celle d’imposer de manière très importante les hauts revenus, ou encore celle de faire payer aux exilés fiscaux… Bien entendu, l’usage de ces propositions fait actuellement l’objet de manœuvres électoralistes de partis qui n’auront soit pas le courage de les appliquer, soit tout simplement aucun intérêt à ce que cela se fasse et qui petit à petit, comme en 2007, oublieront ce sur quoi ils ont fait campagne.

Outre ces usages électoralistes qui ne nous trompent pas, on remarquera l’importance de nos propositions et la manière avec laquelle celles-ci s’imposent dans les débats (même pour être reprise).

Le Front de Gauche, bien que jugé trop peu communiste par certains, est le seul sur l’échiquier politique qui  propose un renversement radical de la politique menée par Nicolas Sarkozy.Il défend les intérêts des travailleurs, des jeunes et des retraités ! Il propose une politique frontale face aux marchés et au capital, remet les intérêts de classe au centre de la vie politique française et a d’ores et déjà beaucoup apporté au terrain des idées et à l’élaboration d’un contexte propice aux pensées et mouvements les plus révolutionnaires qu’il contribue à rendre opératoires. Et c’est pour cela qu’en tant que communiste, celui-ci doit avoir tout notre soutien afin de préparer le meilleur contexte pour les luttes victorieuses de demain.

 

Arthur Lalan - Jean-François Garcia

Source : « pcf laon »

Tag(s) : #Politique française
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