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Le Qatar drague discrètement François Hollande

 

Par Julien Naël

lundi 23 avril 2012 -

 

 

Le petit émirat n'a pas attendu le 1er tour de la présidentielle pour choyer le favori de l'élection. Décryptage. Dans sa couverture des élections françaises en lange anglaise, Al Jazeera, la chaîne de l’Etat du Qatar, insiste cette semaine sur l’importance des indécis en France.

Mais les journalistes de l'émirat ouvrent l’émission avec une capture d’écran de François Hollande. Les Qataris, que l’on disait les alliés privilégiés de Nicolas Sarkozy, seraient-ils en train de tourner casaque ?

De nombreux élus socialistes ont fait, ces dernières années, le voyage vers Doha. Les plus assidus auront été Jack Lang, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal.

 

Cheikha Mozha, la favorite francophone

 

Francophone comme ses enfants, la deuxième épouse de l’Emir et la préférée, Cheikha Mozah, a toujours joué en faveur du rapprochement avec les intellectuels et les personnalités de gauche en France.

Ainsi lorsque la princesse a pu être élue à Paris à l’Académie des Beaux Arts en 2009, comme membre associé étranger, cette icône de l’ouverture et d’une féminité sophistiquée appelait dans son discours inaugural à « la réconciliation entre les civilisations ». Dans l’assistance, Segolène Royal, invitée, applaudissait. Mais de François Hollande, point…

Prudent, ce dernier a toujours refusé toutes les invitations que lui ont faites les Qataris. François Hollande n’est pas un fanatique des voyages à l’étranger. Dans le monde arabe, le candidat socialiste n’a cultivé de contacts qu’en Tunisie où il connaît bien le président de l’Assemblée constituante, Ben Jaffar, et en Algérie, où il s’est rendu cet automne et où il a été fort bien reçu par le Président Bouteflika.

Une certitude, Alger vote à gauche comme en 1981 (et contrairement à 1988, 1995 et 2002 où l’Algérie n’avait d’yeux que pour Chirac). De là à penser que François Hollande ignore nos si chers Emirs, toujours prêts à mettre la main à la poche pour financer nos groupes industriels, nos télés et nos équipes de foot, il y a un pas qu’ il ne faudrait pas franchir.

Des contacts directs ont été pris avec les socialistes, en toute discrétion. Ainsi le porte parole de Hollande et probable futur ministre de l’Intérieur si la gauche revient au pouvoir, Manuel Valls a pris langue, fin décembre, avec l’ambassadeur du Qatar.

Les discrets émissaires de la rose dans les sables

 

Ce dernier est un des principaux collaborateurs du Premier ministre et homme fort du régime, Hamad Bin Jassen à la tète de la « Qatar Investment Authority » (QIA), qui représente 70 milliards de dollars d’investissements gérés par le Premier ministre et numéro deux du régime.

Le siège parisien de cette pieuvre financière se trouve, place de la Concorde, à l’hôtel de Coislin, frère jumeau du Crillon: moins de dix salariés pour trois mille six cent mètres carrés de locaux !

Place Vendôme, le Qatar a aussi acquis le magnifique hôtel d’Evreux, ainsi que tout le bloc d’immeubles attenant. Soit 47 000 mètres carrés.

La rencontre entre le diplomate qatari et l’émissaire de Hollande politique a eu lieu au Royal Monceau, un palace acquis par le Qatar en 2007. Dans ce modeste établissement, le prix de la suite varie entre 800 et 2000 euros la nuit. Un peu « bling-bling » sans doute... On aura compris que cette visite ne fera pas l’objet d’un communiqué.

Depuis, Laurent Fabius, envoyé toujours par Hollande, a fait une visite éclair à Doha.

En passant par la Corrèze

Il y a plus intriguant dans les gâteries faites par le Qatar à François Hollande. L’année dernière, le candidat de gauche, président du Conseil Général de Corrèze, était attaquée par l’opposition de droite dans son département pour les faibles résultats obtenus sur le plan économique. Or la principale entreprise du département, Le Tanneur, filiale de LVMH, où bossaient 300 salariés, périclitait dangereusement. Une liquidation était envisagée. Or qui va sauver l’entreprise ? Et bien, nos si chers amis qataris. Le fonds financier animé par l’épouse de l’Emir va mettre dix-sept millions d’euros au pot et sauver l’entreprise corrézienne. Il est possible que Jacques Chirac, grand ami de l’Emir et de la Cheikha, soit intervenu pour favoriser cet investissement.

Mais Chirac a annoncé qu’il votait Hollande et on peut imaginer qu’il a cherché à l’aider. En tout cas, la générosité des qataris rend incontestablement un grand service au candidat du Parti Socialiste aux Présidentielles. Personne ne peut croire que la sollicitude de l’Emir et de sa femme pour une modeste entreprise corrézienne n’avait pas quelques arrières pensées. Là encore, pas de communication sur cette recapitalsiation de l’entreprise. Envoyés spéciaux sur place, un journalsite et une photographe du site Rue89 se sont faits éconduire sans aménité par les porte paroles de l’Usine.

 

En revanche, François Hollande, dans sa première grande intervention télévisée de janvier a évoqué l’apport des Qataris à la réindustrialisation de la Corrèze. Les Qataris seraient-ils devenus incontournables ?

Source : Julien Naël

 in Bakchich»france»

 

 

 

Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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