CAC 40: Un rapport fustige le montant (astronomique) des dividendes versés aux actionnaires
ETUDE Depuis 2009, les entreprises du CAC 40 ont reversé plus de deux tiers de leurs bénéfices (67,4% pour être précis) à leurs actionnaires sous forme de dividendes, selon une étude d'Oxfam et du Basic...
On savait déjà que la France était le «plus gros payeur de dividendes» en Europe. Une étude publiée lundi par Oxfam et le Basic (Bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne) enfonce le clou. Selon elle, depuis 2009, les entreprises du CAC 40 ont reversé plus de deux tiers de leurs bénéfices (67,4% pour être précis) à leurs actionnaires sous forme de dividendes.
«La France est ainsi le pays au monde où les entreprises cotées en bourse reversent la plus grande part de leurs bénéfices en dividendes aux actionnaires. C'est aussi deux fois plus que dans les années 2000 où les entreprises ne versaient pas plus de 30 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires», fustige le rapport intitulé CAC40 : des profits sans partage.
«Spirale des inégalités»
On est désormais très (très) loin de ce que préconisait (le dangereux gauchiste) Nicolas Sarkozy au début de son mandat à l' Elysée. Dans une interview au Monde, il déclarait: «Sur 100 de bénéfices, il devrait y en avoir 33 % qui reviennent aux salariés, 33 % qui vont directement dans la poche de l’actionnaire et 33 % qui servent à être réinvestis dans l’entreprise. » Désormais, seuls 27,3 % des bénéfices des sociétés du CAC 40 vont au réinvestissement et 5,3 % aux salariés, d'après l'enquête d'Oxfam et de Basic.s à leurs actionnaires (sous forme de dividendes) qu'à leurs salariés (sous forme d'intéressement et participation). Si elles avaient choisi de maintenir en 2016 le même niveau de dividendes qu'en 2009 et d'augmenter la rémunération des employés plutôt que celle des actionnaires, l'ensemble des travailleurs du CAC 40 dans le monde auraient pu voir leurs revenus augmenter en moyenne d'au moins 14.000 euros sur la période, soit plus de 2.000 euros par an et par employé.»
Or, dans le même temps, l'étude constate «la spirale des inégalités» qui s'accroit entre les hauts dirigeants et la plupart des employés. Résultat, en 2016, «les PDG du CAC 40 gagnaient en moyenne 257 fois le SMIC et 119 fois plus que la moyenne de leurs salariés au sein de leurs entreprises alors que ce dernier écart n'était que de 97 en 2009».
«Course aux résultats de court-terme»
Pour Manon Aubry, porte-parole d'Oxfam France : « Si les patrons du CAC 40 n'ont pas caché leur joie sur l'embellie de leurs marges depuis 2009 et leurs profits records de l'année 2017, ils se sont fait beaucoup plus discrets sur la manière dont ils ont redistribué ces profits avec l'ensemble de leurs salariés. Et pour cause ! Les richesses n'ont jamais été aussi mal partagées depuis la crise au sein des grands groupes qui choisissent délibérément une course aux résultats de court-terme pour conforter les actionnaires et les grands patrons au détriment des salariés et de l'investissement».
L'etude cite par exemple le cas d'ArcelorMittal qui a versé des dividendes de plusieurs centaines de millions d'euros entre 2012 et 2015 malgré les pertes de l'entreprise. Au passage, Oxfam et le Basic dénoncent les stratégies d'évitement de l'impôt des entrepries du CAC 40 qui leur permettent ainsi «de maximiser leurs bénéfices par une présence accrue dans les paradis fiscaux - 1 454 filiales déclarées en 2016 - et l'explosion des crédits d'impôts qui ont quasiment doublé en France dix ans atteignant plus de 26 milliards d'euros en 2016».
Dans ce contexte, Oxfam demande l'adoption de plusieurs mesures notamment dans le cadre de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) avec à la clef un partage plus équitable des bénéfices et aussi une limitation d écarts de salaire au sein des entreprises, sans oublier de mettre un terme à l'évasion fiscale des multinationales.