RT France
Alors que le mot-clé #OuEstSteve mobilisait depuis des semaines, un corps, qui s'est révélé être celui du jeune animateur, a été retrouvé. Se pose désormais la question des responsabilités, autour d'un nouveau mot d'ordre : #JusticePourSteve.
Le 29 juillet, le corps de Steve Maia Caniço a été retrouvé dans la Loire non loin de l'endroit où il avait disparu le 21 juin, après une opération de police contestée sur l'île de Nantes qui visait à mettre fin à un concert de musique électronique non autorisé. L'identité du corps, qui se trouvait «en état de décomposition extrême» mais était porteur d'un bijou, selon une source proche du dossier citée par l'AFP, a été confirmée ce 30 juillet par l'autopsie.
« Plusieurs éléments laissent penser qu’il s’agit bien du corps de Steve, mais une autopsie permettra d’en avoir le cœur net », nous précise ce soir une source officielles #OuEstSteve (photo Jérôme Fouquet)
Tandis que s'ouvre une page de deuil pour la famille, démarre en parallèle un nouveau chapitre, qui clôt une longue interrogation qui a hanté les réseaux sociaux et mobilisé la société civile depuis la tragique fête de la musique nantaise : «Où est Steve ?» L'interrogation avait en effet été largement relayée sur le web, mais également sur des affiches, et autres graffitis. Aussi, sur Twitter ce 30 juillet, la question a-t-elle laissé place à un autre mot d'ordre : #JusticePourSteve.
Interrogé lors d'un déplacement dans l'Essonne, Christophe Castaner avait par ailleurs fait savoir : «Je souhaite rendre publiques les conclusions.» La police des polices avait été saisie le 24 juin.
Quant aux responsabilités, les yeux se tournent notamment vers la hiérarchie policière qui a dirigé l'opération controversée cette nuit-là. Des fonctionnaires de police ont ainsi mis en cause cette décision, notamment dans des révélations à Mediapart.
Un rapport établi en 2017 après une intervention de police au même endroit le jour de la fête de la musique, deux ans avant le drame et dans un contexte extrêmement similaire, faisait état d'un repli stratégique des forces de l'ordre afin d'éviter toute chute dans la Loire. Une stratégie qui avait finalement permis de désamorcer la situation en douceur.
Mediapart a cité plusieurs policiers qui connaissaient visiblement l'existence de ce rapport. «Les problèmes sur le quai Wilson étaient déjà connus depuis 2017. Et malgré cela, on a de nouveau ordonné une intervention sur un lieu qui n’avait toujours pas été sécurisé. Les jeunes pouvaient tomber à l’eau, mais on y est allé et on a joué avec le feu. Ce drame aurait pu être évité. Et les responsabilités côté police, préfecture et mairie doivent être assumées», a ainsi confié l'un d'entre eux.
Un autre avait lâché : «Notre but est de protéger les jeunes, pas de les mettre en danger.» Et d'ajouter : «Cette année, il ne fallait pas intervenir ou alors il fallait leur trouver un autre lieu de fête. [...] Il faut remettre cela aussi dans un contexte plus général de durcissement des opérations de police. La hiérarchie n’y est évidemment pas étrangère et les pressions peuvent être fortes.»
Interrogé par France 3 Pays de la Loire le 25 juin, le secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police, Philippe Boussion, avait lui aussi dénoncé très tôt «un manque de discernement» de la part du commandement de l'opération : «Plus nombreux, on ne se serait pas laissés déborder, on n' aurait pas été mis en difficulté et ça n'aurait pas dégénéré. On n'est pas face à des casseurs qui mettent Nantes à sac mais face à des jeunes qui font la fête. On pouvait attendre cinq minutes de plus pour intervenir. [...] L'IGPN va devoir pointer les responsabilités des donneurs d'ordre. Est-ce qu'il fallait intervenir à 15 contre mille pour éteindre une sono !»
Le maire de Nantes, Johanna Rolland, a également publié un texte le 18 juillet dans lequel elle réclamait au ministre de l'Intérieur la vérité sur «ce qui s'est déroulé» lors de l'intervention de la nuit du 21 au 22 juin : «De nombreuses questions restent sans réponse concernant une opération policière qui s'est tenue dans notre ville. Il doit désormais y être apporté, sans délai, des explications précises et publiques.»
Le 17 juillet, Mediapart avait également fustigé les «médailles de la honte» qui échoient chaque année aux policiers et aux gendarmes : parmi les plus de 9 000 médaillés de cette année figurait notamment le commissaire divisionnaire Grégoire Chassaing, qui a encadré l'opération après laquelle Steve Maia Caniço a disparu.
Alors que l'intervention de Christophe Castaner est particulièrement attendue, la question «Où est Steve ?» laisse place à de nombreuses autres interrogations.