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Armées : recrutements en hausse d'ici à 2023 - Emploipublic

Ils sont l'Armée française...

L'Armée

À la demande de camarades, voici mon opinion sur les déclarations de nos militaires qui mettent en ébullition le microcosme politicien. Ceux qui attendent une réponse par oui ou par non voudront bien m'excuser, mais ce que je pense à une histoire.

Au fond, il y a ce qui me vient de mon enfance. D'une part, la nécessaire maîtrise des armes, sans laquelle la Résistance n'aurait pas été possible, qui me suivit durant mon service militaire, en Algérie, où, bien que l'Armée décida que je ne ferais pas de “classes”, je devenais sous-officier. D'autre part, une méfiance de l'Armée, toujours du côté du pouvoir contre le peuple, qui avait rejeté ou mis de côté les éléments issus du peuple et de la Résistance, et même du sérail, comme le général de la Bollardière à cause de ses sympathies pour les peuples vietnamien et algérien.

Puis, il y eut mon engagement communiste. En ce temps, on comprenait très vite qu'il ne pouvait pas y avoir de révolution victorieuse contre l'Armée. Il fallait donc qu'elle soit neutre, soit acquise aux changements.

Aujourd'hui, le lien armée-nation, que constituait le service militaire, est distendu ; l'évolution technologique des armements les rend inutilisables sans formation ; les cadres de l'Armée se sont renouvelés, et ont une expérience du service du capital et de ses effets sur eux et sur les populations (de France et d'ailleurs).

Ce qui semble un coup de tonnerre dans un ciel serein a été précédé de mouvements qui n'ont pas toujours été perçus par notre peuple, soit parce que les médias n'ont pas joué leur rôle d'information mais celui de propagandiste politique, soit par désintérêt pour le service public de défense de la Nation qu'est l'Armée. Pourtant, au début du siècle, il y a 20 ans, la partie la plus visible de l'Armée, la gendarmerie, manifestait, pour les salaires et les moyens de sa mission ; passant outre "le devoir de réserve", les gendarmes s'affirmaient comme citoyens... Alors que lien Armée-Nation avait été rompu par la suppression du service militaire, il refaisait surface par l'attachement des militaires à leur mission de service public... Qui peut penser que ces mouvements étaient spontanés ? Non seulement ils couvaient depuis longtemps, mais ils ne pouvaient s'exprimer qu'avec l'accord de la hiérarchie.

Pour aller vite, je passe sur les prises de position d'officiers généraux sur l'OTAN (qu'ils opposent à la doctrine gaullienne d'indépendance nationale), pour en venir aux Gilets jaunes. Aucun de ceux qui les soutenaient (autrement que la corde soutient le pendu) n'a oublié les tragédies qui virent les sbires du capital (qu'ils soient des forces dites de l'ordre, ou casseurs provocateurs stipendiés ou non) mutiler des manifestants. Mais, combien se souviennent que le 16 novembre 2018, l’État Major —des militaires d'active— a refusé la demande du gouvernement d’engager la troupe contre le peuple de France (les Gilets jaunes) parce qu'à ses yeux il ne représentait aucun danger de sédition, et apparaissait totalement pacifiste ? Ce jour-là, l'Armée a indiqué, sans ambiguïté, qu'elle refusait le coup d'État en France, comme cela s'était passé en Ukraine en 2014. Et voilà que des politiciens poussent des cris d'orfraie à la lecture de la tribune des militaires du 14 avril 2021 ! Mémoire courte, ou aveu de leur véritable agenda ?

Cette évolution de l'Armée, parallèlement à l'étranglement de la France et de son peuple, n'est-elle pas un signe des temps, le signe qu'on ne peut pas soumettre entièrement un service public au service d'intérêts privés ; le signe que tous les serviteurs du service public sont des citoyens ; le signe que l'organisation de la société française a besoin d'une refondation, notamment si elle veut rester une nation ?

Pour autant, je n'ai abandonné toute prévention vis-à-vis de l'Armée. Simplement, je prends acte de ce qui bouge, et je resserre le lien Armée-Nation. Loin d'ignorer ou de vitupérer le mouvement des militaires, je lui témoigne ma sympathie, au moins pour la partie au service du peuple de France.

Rappelons-nous que le fascisme n'est pas une dictature quelconque : c'est l'expression du pouvoir politique du capital financier.

Bien que nous vivions un moment de notre histoire où l'expérience ayant fait la preuve que gauche ou droite c'est la même politique, les citoyens refusent de voter, d'une part ; et que nous vivions un recul des libertés individuelles et collectives sous la dictature des "élus" d'un quart des électeurs, d'autre part ; des politiciens s'évertuent à nous trouver des raisons de voter. Sans doute est-il vital pour eux que les électeurs aillent voter, et croient être encore en démocratie, mais qui peut croire que c'est par les urnes que l'on fera tomber ce système ?

Ou gagner les militaires à la cause du peuple, ou les rejeter dans le camp de l'adversaire de classe, le capital financier : c'est de la réponse à cette alternative que dépendent le comportement individuel d'abord, collectif ensuite. "Analyse concrète de la situation concrète", disait Lénine. En écho, un proverbe français répond "C'est au pied du mur qu'on voit le maçon". Et les marxistes ajoutent que la pratique est le critère de la vérité.

L'attitude de certains de nos politiciens est d'ores et déjà claire : ils ont choisi leur camp. Et ce n'est pas celui du Potemkine.

Jean-François Autier,
ajusteur-mécanicien retraité.

Tag(s) : #Opinion
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