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Pogrom de Kichinev, 1903

Pogrom de Kichinev, 1903

Réveil Communiste

Comment le peuple juif, après avoir été son bouc émissaire, est-il utilisé comme bouclier humain pour la défense globale du capitalisme ?

Sur la question concrète de la répression et du colonialisme en Palestine, je suis d’accord avec la position ferme et mesurée endossée par le PCF (ce qui n’est pas souvent le cas, alors, autant le dire) :

Déclaration de Fabien Roussel, 14 mai 2021

Cela dit, comme l'impérialisme ne laissera pas prévaloir de solutions pacifiques dans un avenir envisageable il faut s'interroger sur l’issue possible de cette guerre sans fin et du retour périodique de cette répression, et sur la stratégie des deux camps.

Gramsci écrit dans sa prison, vers 1930 :

La religion, par exemple, a toujours été une source de combinaisons idéolo­giques-politiques semblables, nationales et internationales, et avec la religion, les au­tres formations internationales, la franc-maçonnerie, le Rotary Club, les Juifs, la di­plo­­matie de carrière, qui suggèrent des expédients politiques d'origine historique di­ver­se, et les font triompher dans certains pays, en fonctionnant comme parti politique international qui opère dans chaque nation avec toutes ses forces internationales con­centrées; telle religion, la franc-maçonnerie, le Rotary, les Juifs, etc., peuvent entrer dans la catégorie sociale des « intellectuels », dont la fonction, à l'échelle interna­tio­nale, est d'assurer la médiation entre les extrêmes, de « socialiser » les expédients techniques par lesquels fonctionne toute activité de direction, de trouver des compro­mis et les moyens d'échapper aux solutions extrêmes. (Gramsci Cahier de Prison 13, § 17)

Religion, franc-maçonnerie, Rotary (club international américain préfigurant le rôle actuel des ONG), judaïsme structuré, diplomatie de carrière apparaissent comme des partis organisés internationalement pour la défense intellectuelle du capitalisme.

Contrairement à Gramsci, qui pense que les juifs (hors d’Union Soviétique) sont une sorte de sous ensemble des intellectuels au service de la bourgeoisie (mais qui en sont séparables par l’évolution des rapports de force dans la lutte des classes), on considère ici le judaïsme religieux ou laïc comme il était considéré en URSS, comme une nation. Mais au XXIème siècle c’est une nation d’un mode d’organisation très particulier qui a une fonction effective dans l’organisation économique et sociale, au niveau international, qui se rapproche de plus en plus du modèle gramscien. Ceux qui relèvent de cette nation ont la possibilité de jouer le jeu qu'on leur fait jouer, ou de le rejeter, et les risques sont grands, des deux cotés. Je n'aimerais pas être à leur place.

Par quelles étapes historiques en sommes-nous arrivés là?

L’antisémitisme raciste moderne, différent de l’antijudaïsme d’origine chrétienne, s’est développé à partir du XIXème siècle dans le contexte de la révolution industrielle qui est aussi celui de la montée du socialisme.

On peut le considérer comme une idéologie de contre-feu, une idéologie populaire de droite promue par les propriétaires de presse, destinée à se substituer au socialisme, le fameux « socialisme des imbéciles » ; mais de cette formule bien connue, on ne doit pas trop déduire de signification : car ce n’est pas du tout un socialisme.

Cela permet d’ailleurs à quelques menteurs bien payés d’associer cette forme moderne d’intolérance à la politique prolétarienne dans son essence ; pour ces gens là, critiquer le capitalisme, c’est critiquer les juifs. Avec des amis pareils, les juifs n’ont pas besoin d’ennemis.

Au début lorsqu’il existait plusieurs courants socialistes différents d’importance équivalente, c’est à dira avant le triomphe théorique du marxisme, au tournant des XIX et XX siècles, il y a cependant d’assez nombreux socialistes antisémites, dont Proudhon n’était pas le moindre.

Cela s’explique par la position et le rôle joué par les communautés juives, et les personnalités juives célèbres, dans la lutte des classes. Pour l’opinion commune, dans les pays d’Europe occidentale où les juifs – expulsés au moyen âge - étaient très peu nombreux et pour la plupart des « intellectuels » au sens extensif que Gramsci donne au concept, ils étaient symbolisés par la famille Rothschild, influente au plus haut niveau dans plusieurs pays, par les frères Perreire, etc. ou dans la littérature de fiction par l’usurier Gobseck de Balzac. (ou l’exploiteur d’enfant Fagin chez Dickens). On voit qu'ils étaient plutôt perçus comme rangés du coté des oppresseurs que des opprimés.

Ces théories socialistes non dialectiques greffaient un rejeton de l’antijudaïsme populaire sur leur tronc, par facilité et démagogie, mais aussi par inclination personnelle de leurs auteurs ; les juifs en Europe occidentale étaient généralement impopulaires, et ils l’étaient aussi chez les socialistes, ils étaient considéré comme une secte religieuse illégitime, vouée à la bourgeoisie à laquelle elle devait son émancipation. Et le fait est que les juifs occidentaux appartenaient presque tous à cette classe. Il a fallu l’approche scientifique et abstraite du marxisme pour détacher complètement le socialisme de l’antijudaïsme populaire qui d’ailleurs prenait un tour nouveau et plus virulent sous l’influence des théories racistes biologisantes et pseudo-darwinistes à la mode.

En Europe orientale la situation était très différente, car les juifs orientaux représentaient une part importante, parfois la moitié, de la faible population urbaine au début du XIX siècle, dans le vaste espace qui avait été occupé jusqu’au siècle précédent par le grand royaume de Lituanie et de Pologne qui comprenait en outre la Biélorussie et l’Ukraine occidentale. Le développement économique de ces régions produisit une rapide structuration en classe de la population juive en forte croissance démographique, et une classe ouvrière juive avec ses partis révolutionnaires marxistes fit son apparition en une ou deux générations, classe qui joué un rôle très important dans la Révolution d'Octobre, et en paya le prix par les pogroms génocidaires des russes-blancs, préfigurant le programme d'extermination nazi. Une partie allait  émigrer vers la France ou les États Unis, et jouer un rôle non négligeable dans le développement des mouvements ouvriers dans ses nouvelles patries (ainsi Henri Krasucki en France).

Antonio Gramsci, se basant sur la situation italienne (relevant de l’Europe occidentale), définit les juifs comme un sous groupe des intellectuels, international, appartenant à la bourgeoisie. Selon cette manière de voir, les juifs en tant que tels n’ont guère d’avenir socialiste, ils disparaissent des radars avec la disparition de la bourgeoisie, et s'ils bénéficient d’une parfaite assimilation individuelle dans le nouvel État socialiste (ce qui était alors le rêve de la plupart des intellectuels juifs modernes, qui à l’instar de Spinoza, rejetaient leur religion, ou leur « culture » c’est à dire l’équivalent édulcoré de la religion), c'est au prix d’une dissolution dans la masse et d’une perte d’identité culturelle. C'est aussi la position de Rosa Luxembourg qui ne voyait pas pourquoi après la révolution les juifs devaient rester des juifs.

Cela n’était pas la politique de l’URSS qui avait défini une nationalité juive. Mais ce compromis a disparu avec l’État qui l’avait fixé. En Russie, à l’issue de l’expérience soviétique, les juifs se sont divisés en deux groupes d’importance comparables : ceux qui ont émigré en Israël, et ceux qui se sont fondus dans la nation russe (les premiers n’étant d’ailleurs pas toujours les meilleurs connaisseurs de la culture juive).

La réalité de l’existence d’un peuple juif structuré en classe avant la révolution aboutit en URSS à la reconnaissance d’une nation juive égale en droit à toutes les autres formant l’Union, mais rattaché à un territoire d’Extrême Orient où la plupart n’ont jamais mis les pieds. Il aurait mieux valu pour consolider cette nationalité lui attribuer un territoire plus consistant que le Birobidjan sur la frontière chinoise, par exemple dans un des territoires enlevés à l’Allemagne en 1945.

Pour revenir à l’antisémitisme, son explication historique est double :

D’une part les juifs ont fait fonction d’intermédiaire entre les possédants et notamment les rentiers de la terre, et leurs exploités, en faisant le sale boulot à leur place et contractant en retour la rancœur populaire. On les retrouve dans ce rôle d'intermédiaire impopulaire au milieu du siècle dernier dernier à New York.

D’autre part les juifs ont fait les frais des théories racistes à idéologie biologisante qui se sont développées dans le contexte colonial, et qui après avoir servi à justifier les massacres des indigènes outre-mer, ont commencé à être utilisées pour établir de classements internes des population européennes, de manière à légitimer et à pérenniser la suprématie conjoncturelle des populations nordiques.

Au tournant du XXème siècle, le capitalisme cesse en effet de s’identifier au programme des Lumières et au progrès commun de l’humanité, il commence à s’incarner dans la « destinée manifeste » à dominer le monde...

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http://www.reveilcommuniste.fr/2021/05/l-etat-israelien-comme-abces-de-fixation-de-la-lutte-des-classes-au-niveau-mondial.html

Tag(s) : #Opinion
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