Debout les femmes !, le dernier film de Gilles Perret et François Ruffin, une plongée édifiante dans le quotidien des auxiliaires de vie sociale, des accompagnantes d’enfants en situation de handicap ou des femmes de ménage, n’est que le début de l’histoire.
La proposition de loi portée par le député insoumis et son collègue d’hémicycle Bruno Bonnell (LREM) pour améliorer les conditions de travail et les salaires de ces « métiers du lien » n’a certes pas abouti. Pas plus que leur tentative d’obtenir des avancées lors du dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Pour autant, François Ruffin voit dans la grogne sociale, qui monte aussi sûrement que l’inflation, les conditions pour enfin renverser la vapeur. En témoigne encore cette semaine la grève des animateurs périscolaires pourtant peu habitués à battre le pavé.
Pour faire évoluer la situation tout en profitant de la campagne présidentielle, l’élu de la Somme compte aussi sur le capital sympathie dont jouissent dans l’opinion ces femmes « indispensables » à la nation et sur les pénuries de main-d’œuvre qui menacent un secteur déserté par des salariées épuisées et mal payées. Sans occulter les blocages.
Pendant votre mission d’information, quel constat avez-vous tiré des conditions de travail dans le métier d’aide à domicile ?
François Ruffin : Elles sont catastrophiques. Ces métiers sont des faux temps partiels qui conduisent à de vrais salaires partiels. De faux temps partiels, parce que les femmes qui occupent ces emplois ont des emplois du temps à trous. Un petit bout de contrat le matin, pour aller ouvrir les volets d’une personne âgée, la sortir de son lit, la laver, lui donner à manger, tout ça en regardant le chrono. Ces visites durent bien souvent une demi-heure.
Ensuite, il y a un grand temps de pause éventuellement jusqu’au midi, souvent même jusqu’au soir. Puis, elles enchaînent avec un deuxième gros temps de travail entre 18 heures et 21 heures, où il faut procéder aux opérations inverses.
Cette énorme amplitude horaire, j’ai pu le vérifier dans un rapport du ministère du Travail, conduit en moyenne à un salaire de 682 euros