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Conakry - Sputnik France, 1920, 28.12.2021

Conakry

Guinée — WikipédiaCinq choses à savoir sur la Guinée, qui vient de connaître un coup d'Etat

Transition en Guinée : l’argument de la réconciliation nationale pour faire attendre la CEDEAO
Une transition à durée indéterminée pour l’instant. C’est à cela que renvoient les éléments contenus dans la feuille de route du Premier ministre guinéen Mohamed Béavogui.
Des dispositions qui snobent les exigences de la CEDEAO en s’appuyant sur un argument incompressible: la réconciliation nationale.
La publication de la feuille de route du Premier ministre de transition de Guinée sonne-t-elle le lancement de vraies hostilités entre la junte militaro-civile au pouvoir depuis le 5 septembre 2021 et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)? On peut le craindre. Le 25 décembre 2021, Mohamed Béavogui a en effet transmis au lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, chef de l’État, les étapes clefs d’une transition politique à durée non déterminée. Les cinq axes de cette feuille de route sont: la rectification institutionnelle, le cadre macro-économique et financier, le cadre légal et la gouvernance, l’action sociale, l’emploi et l’employabilité, les infrastructures et l’assainissement, indique le communiqué de la cellule de communication du gouvernement. Pas une ligne sur l’organisation d’élections générales censées rétablir l’ordre constitutionnel encore moins sur un calendrier électoral, deux exigences des chefs d’État de la CEDEAO.

 
"Le Président de la transition a approuvé cette feuille de route et réitéré sa confiance au Premier ministre et à son gouvernement", précise ledit communiqué.
Le 12 décembre, les chefs d’État de l’organisation ouest-africaine réunis à Abuja, la capitale du Nigeria, ont réitéré leur souhait que la Guinée revienne à l’ordre constitutionnel dans un délai de six mois. Cela ne semble pas en prendre le chemin.

 
 
 
 
"L’annonce de la feuille de route du Premier ministre de transition était très attendue de longue date par les Guinéens eux-mêmes et par la communauté internationale depuis le coup d’État du 5 septembre dernier. Mais cette feuille de route ne règle rien. Outre les cinq axes qui ont été mis en avant, il manque l’essentiel, c’est-à-dire un chronogramme en vue des prochaines élections dont il fallait définir le cadre. Ce qui n’a pas été fait", souligne Emmanuel Dupuy, président du think tank Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), interrogé par Sputnik.
Dans les options affichées par les autorités guinéennes, il reviendra au Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif appelé à faire office d’Assemblée nationale, de fixer souverainement la durée de la transition. Le Président Doumbouya s’y est déjà engagé auprès de ses pairs de la CEDEAO. Mais, pour Emmanuel Dupuy, l’absence prolongée de chronogramme est peut-être révélatrice de certains calculs.

 
"Le Président Mamadi Doumbouya sait pertinemment que la communauté internationale s’intéresse moins à la Guinée qu’au Mali et que la CEDEAO se montre très insistante sur le respect du calendrier électoral qui, du reste, ne sera pas respecté au Mali à l’aune des élections présumées de février 2022. La Guinée s’est engouffrée, pour en profiter, dans cette zone grise qui fait braquer davantage les yeux sur les militaires de Bamako."

La présidence sénégalaise de l'UA

La rédaction d’une nouvelle constitution est attendue, de même que la mise en place d’une commission électorale indépendante crédible qui ne sera pas aussi contestée que sa devancière accusée d’avoir été totalement soumise à l’ancien Président Alpha Condé. La junte de Conakry peut voir venir les événements sans trop de crainte.

 
"Cela est d’autant plus vrai que la prochaine présidence de l’Union africaine, qui sera assurée par le Sénégal, donnera sans doute une nouvelle marge de manœuvre à la Guinée au nom de la proximité géographique entre les deux pays. À cet égard, le Président Macky Sall a très souvent préféré un rôle de médiateur et de réconciliateur dans les crises africaines", explique le président de l’IPSE.
Tag(s) : #Guinée
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