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Début 1939, la France vit ses derniers mois de paix...Mais chacun sent la guerre proche.
A peine séchée l'encre  des Accords de Munich, qui laissait les mains libres à l'Allemagne en Europe, la Werhmach de Hitler entre à Prague. Nous sommes le  15 mars 1939. La Tchécoslovaquie disparaît de la carte.
Tous les regards se tournent vers la Pologne et, en particulier, sur Dantzig, "ville libre", revendiquée par les Nazis.
La France et la Grande-Bretagne envoient, pour la forme, à Moscou une délégation militaire, composée d'officiers de second rang, sans aucun pouvoir de décision, qui va mettre plusieurs semaines en bateau, pour arriver à destination...
Il s'agit d'obtenir l'engagement militaire de l'Union soviétique, en cas d'invasion hitlérienne de la Pologne. Mais celle-ci sépare  l'URSS de l' l'Allemagne, alors sans frontières communes. Or, le gouvernement de Varsovie, une dictature militaire anticommuniste, refuse le passage de l'Armée Rouge à travers son territoire.
La négociation franco-britannique avec Moscou n'est qu'un faux semblant, dissimulant une stratégie visant à entrainer l'Union soviétique dans une guerre avec l'Allemagne, sans que Paris et Londres n'y participent.
En clair,
le but était de détourner Hitler de l'Ouest afin qu'il frappe à l'Est.
La manoeuvre était double : éviter la guerre à nos frontières - on connaît le résultat -  et permettre à la Werhmacht  de régler une fois pour toutes la "question du bolchévisme", l'objectif prioritaire de la grande bourgeoisie occidentale depuis la Révolution de 1917.

Cette attitude prend tout son sens avec l'orientation politique prise, en France,  par le gouvernement Daladier depuis son retour aux affaires, en 1938. Juste au lendemain de la capitulation de Munich, avalisée par la Chambre des Députés * élue en 1936 avec une majorité "Front populaire", le gouvernement obtient "les pleins pouvoirs" et peut ainsi légiférer par simples décrets. Parmi ceux-ci, figurent ceux qui remettent en cause les acquis sociaux de juin 36, entre autres l'abandon des 40 heures ("Finie la semaine des deux dimanches !").
La riposte ouvrière va échouer face à la répression policière et patronale massive  et à la trahison, interne à la CGT, de la minorité anticommuniste, qui sabote la grève générale du 30 novembre 1938. Ces éléments, autour de Belin, futur ministre de Pétain soutiendront, un an plus tard, le régime de Vichy et s'incriront dans la collaboration active avec l'Occupant nazi.
Cette situation permet au gouvernement français de recevoir, en grande pompe à Paris, le 6 décembre 38, le ministre des Affaires étrangères allemand, Joachim Ribbentrop à qui l'on promet "de mettre les communistes à la raison". Il s'agit là d'une première "collaboration" franco-allemande, neuf mois avant la signature du Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne...
A la répression sociale s'ajoutent les dispositions gouvernementales restrictives des libertés publiques. Dans ce cadre, des camps de concentration sont prévus à l'encontre des étrangers "en situation irrégulière", nommés alors  "indésirables"...  Il s'agit des antifascistes et des juifs fuyant l'hitlérisme et les dictatures fascistes de l'Europe centrale et orientale. Des peines de prison sont prévues pour les Français hébergeant "la lie de la terre", selon l'expression utilisée à l'époque.
Le premier camp est installé en février 1939, à   Riucros, en Lozère.
Ces camps précèdent de peu ceux où seront parqués les Républicains espagnols passant les Pyrénées devant l'avance des troupes du général  Franco. Celui-ci célèbre sa victoire, aux côtés des unités de la Wermacht et de l'amée de Mussolini, qui sont intervenues massivement en Espagne. Le gouvernement français Daladier-Bonnet- Reynaud reconnaît le régime franquiste et envoie à Madrid le maréchal Pétain comme ambassadeur.
Sur le plan intérieur, le gouvernement Daladier impose des restrictions aux libertés publiques, telles les interdictions de manifestations (à l'occasion du  cinqième anniversaire de la réplique ouvrière du 12 février 1934 contre les émeutiers fascistes du 6 février, du 150ème anniversaire de la Révolution française, le 14 juillet 1939).
Toute la droite, et jusqu'à des élus socialistes, mènent depuis des mois une campagne visant l'interdiction du Parti communiste et la suppression de sa presse.
La délégation franco-britannique est toujours à Moscou...
Le pacte de "non-intervention" germano-soviétique ne sera signé que quelques mois plus tard, le 23 août 1939...
Nous y reviendrons.

Toute cette évolution de la Troisième République vers un régime totalitaire prépare
"légalement" le régime de Vichy, mis en place un an plus tard et la Collaboration entre l'Etat français et l'Allemagne nazie, signée à Montoire, entre Pétain et Hitler le 24 octobre 1940. 
Le Capital  a fait, par intérêt de classe,  le choix de la défaite.

* Seuls, les 72 élus communiste , un socialiste - Jean Bouhey -  et un homme de droite, Henri de Kéréllis, votent 'contre'. Tous les autres, des socialistes à la droite, votent 'pour' la capitulation de Munich.

Lire en complément :
De la République à l'Etat français,
le chemin de Vichy,  de Jean LEVY et Simon Piétri
chez L'Harmattan 

Le choix de la défaite  
De Munich à Vichy     d'Annie Lacroix-Riz
chez Armand Colin

Tag(s) : #Histoire
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