Iran - Gabon : les médias et les élections

LE POIDS DES MOTS, LE CHOC DES PHOTOS

Il n’est question, dans les médias, que d’élections truquées.

Depuis juin, télés, radios, journaux, dénoncent le vote présidentiel, en Iran, comme une scandaleuse manipulation de urnes, opérée par le pouvoir, pour imposer la victoire de Mahmoud Ahmadinejad, contre la volonté des citoyens. La réaction de ceux-ci dans les rues de Téhéran, et la répression qui s’en est suivie, revient en boucle dans les JT de toutes les chaînes.  Les manifestants sont qualifiés de « démocrates », leurs actions de« pacifiques ». Par contre, les policiers en moto chargent « sauvagement » la foule, des corps s’effondrent, des motos brûlent.

A qui appartiennent ces motos ? La question ne sera pas posée.

Les commentaires fustigent la répression d’une population, frustrée d’une victoire, et un président qui s’accroche contre « la volonté populaire ». Le Monde va jusqu’à dénoncer l’origine sociale des milices du régime, les ouvriers des « bas quartiers », qui fournissent le gros des forces de répression.

Autres commentaires, autres photos, sur le scrutin présidentiel au Gabon.

Les deux candidats malheureux crient à la fraude. Ils savent de quoi ils parlent : ils participaient naguère au gouvernement d’Omar Bongo, le papa d’Ali.

Le nouveau président est immédiatement adoubé par Paris.

Kouchner, très lié à la famille, se porte garant du caractère démocratique des élections. La firme Total, également. 

Mais la population manifeste  vivement dans la rue, son hostilité au mal élu. Cette fois, nos médias stigmatisent « les émeutiers », dénoncent les « pillages » et les violences de ceux qui s’en prennent aux « forces de l’ordre ».

Haro sur le baudet, originaire des bidonvilles, du gibier de potence, en quelque sorte.

Les manifestants – et les morts -  ne sont pas de la même origine sociale, à Téhéran et à Port-Gentil

C’est toute la différence entre le Gabon et l’Iran.

Et qui oserait dire que la lutte de classe est une notion dépassée ?