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Blog international

du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France)

06/02/2014

Chômage en France, délocalisations, recherche... (II)

 

Le 6 février 2014, RT L  ironise « Michel Sapin : "J'ai décidé de supprimer le chômage" », rapportant une scène qui se voudrait amusante entre membres du gouvernement Ayrault. Y aurait-il donc de quoi rire, alors que Challenges commentait la semaine dernière « Chômage: les jeunes diplômés français n'échappent pas à la galère » ?

Au même moment en Belgique, 7 sur 7 écrit « Chômage: le CPAS wallon craint un "tsunami social" » à propos de la privation d'allocations que devraient subir l'année prochaine plus de 30.000 demandeurs d'emploi.

Quel avenir attend les populations européennes ?

Il y a une semaine, Les Echos écrivait à son tour « PEUGEOT : PSA va enlever une équipe à Poissy, 684 postes supprimés », so ulignant à ce sujet « le mouvement de délocalisation de la production de petites voitures ». Ce n'est qu'une illustration d'une vaste opération qui dure depuis trois décennies et touche tous les domaines industriels ainsi que tous sortes d'emplois jusqu'à ceux considérés comme « très qualifiés ». Et en même temps, concernant l'Italie, Le Figaro rapportait « Electrolux veut baisser les salaires pour éviter la délocalisation », la société suédoise ayant agité la perspective d'une délocalisation en Pologne (SMIC d'environ 390 euros).

Avec le titre « Electrolux veut une aide de l'Etat pour son usine italienne »L'Expansion précise qu'il s'agirait, dans l'état actuel des négociations, d'une baisse effective des salaires d'environ 8% d'après Electrolux et jusqu'à 18% d'après une source syndicale pour les 5.700 travailleurs qu'Electrolux emploie en Italie. Quelle que soit l'issue du différend, le simple fait qu'une telle proposition ait pu être avancée dans un pays voisin avec la menace explicite d'une délocalisation est en soi emblématique de la véritable stratégie actuelle des milieux financiers et industriels.

La politique de François Hollande est-elle vraiment différente, quelles que soient la phraséologie et les modalités affichées ? Et si telles sont les conséquences largement prévisibles de longue date du « marché européen de la main d'oeuvre », que peut nous déparer le « marché mondial de la main d'oeuvre » dont l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est garante ? Nos articles  « Chômage en France et dans le monde, délocalisations... » et « Chômage en France, délocalisations, recherche... (I) » avaient déjà entrepris d'aborder la situation actuelle, soulignant en particulier que la recherche scientifique et technologique n'est point épargnée par cette évolution.

C'est ainsi, par exemple, qu'un établissement public de recherche comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) perd 842 emplois cette année. Globalement, l'embauche dans la recherche publique française a connu une forte décroissance  et le pire est à craindre pour l'avenir.

La mise en place d'un «  marché européen de la main d'oeuvre » était inévitable après l'adoption en février 1986 de l'Acte Unique Européen sous la présidence de Jacques Delors.

La création de l'OMC en avril 1994 (accords de Marrakech) a été un résultat de cette même stratégie dans laquelle la « classe politique » française, « droites » et « gauches » confondues, s'est fortement investie.

 

Quel en est le résultat ?

 

La réalité est que cette politique a conduit à la mise en place de grands « marchés de la main d'oeuvre » (européen et planétaire) avec un capital mondialisé circulant à sa guise à la recherche des plus faibles salaires et standards sociaux. Ce qui était, tout compte fait, le but ouvertement recherché par les multinationales et les grands financiers. La main d'oeuvre intellectuelle n'a pas échappé à ce processus dont le monde politique qui l'a impulsé ne pouvait pas ignorer les résultats prévisibles.

 

S'agissant de la recherche publique française, la situation devient de plus en plus critique comme signalé encore dans nos articles « CNRS, IRSTEA, INSERM... la crise s'aggrave (I) » et « La fin des organismes de recherche (CNRS, INSERM...) ? (I) ».

Peut-on raisonnablement s'en étonner ?

 

Tag(s) : #Economie
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