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Lundi 30 janvier 2012

Le PCE est devenu pendant la guerre

le meilleur parti républicain de l'histoire d'Espaégne 

El-Partido-Comunista-de-Espana-en-la-guerra-civil2.jpg

Entretien avec

Fernando Hernandez Sanchez,

auteur du livre

"Guerre ou révolution.

Le PCE dans la guerre civile"


Mario Amorós /

Le Monde Diplomatique (édition espagnole)


« Le PCE fut, sans aucun doute, une des colonnes maîtresses de la mobilisation de masse pour faire face à l'effort de guerre à l'ère de la 'guerre totale'. Il s'est érigé en pilier de l'effort de guerre républicain, contribuant à rendre possible ce qu'aucune autre nation européenne n'avait mis en œuvre avant elle : résister avec les armes à l'imposition du joug fasciste. Il est resté loyal jusqu'à la fin envers le gouvernement Negrin, qui se proposait de mener jusqu'au bout la bataille en sauvegardant la dignité nationale et les vies des combattants engagés. »


Voilà une des conclusions que Fernando Hernández Sánchez (Madrid, 1961), docteur en Histoire contemporaine pour l'UNED, expose dans la dernière partie de Guerre ou Révolution.

Le Parti communiste d'Espagne dans la guerre civile (Critica). Fruit d'un travail de plusieurs années, avec un examen rigoureux de la documentation issu de neuf centres d'archives, de la presse de l'époque et d'une vaste littérature citée en 979 notes, ce livre de 574 pages, très bien écrit, met fin à 70 ans de manipulations et de propagande et est déjà l’œuvre de référence sur le sujet qu'il traite.

Auteur également du livre sur le dirigeant communiste Jesús Hernández et co-auteur avec Angel Viñas de l'indispensable La Construction de la république. Hernández Sánchez, professeur à l'IES Sefarad de Fuenlabrada (Madrid) arrive à l'heure à notre rendez-vous aux Archives historiques du Parti communiste d'Espagne.

 

Avec la proclamation de la 2nde République, le PCE a retrouvé la légalité, mais est une force marginale. Quelles raisons expliquent sa croissance dans la période suivante ?

C'est une histoire étonnante, le passage d'une position ultra-périphérique dans le système politique à une position centrale dans une période très courte, et cela a beaucoup à voir avec la dynamique de ce moment historique. Sur le plan de la politique communiste, il y eut plusieurs événements déterminants. D'une part, le remplacement en 1932 de l'ancienne direction qui restait attachée à l'idéologie radicale « classe contre classe » et du « social-fascisme », qui était alors la ligne de l'Internationale communiste, par la nouvelle direction de José Diaz, de la Pasionaria, d'Hernandez, d'Uribe...

Et, d'autre part, le tournant d'une très grande importance qui se produisit en 1935 avec le VIIème Congrès de l'Internationale communiste et la constitution des fronts populaires. Le PCE a cessé d'être une force symbolique, qui entretenait un discours ultra-radical et idéaliste, pour adopter des positions plus pragmatiques et se rendre plus visible pour la classe ouvrière, surtout à partir de la revendication des événements d'octobre 1934 en Asturies.

Un parti ne conquiert pas seulement un espace politique parce qu'il le mérite, mais aussi parce que d'autres le lui cède. Dans ce cas-ci, le Parti socialiste et Largo Caballero ont renoncé concrètement à se revendiquer de ce qui s'était produit en Asturies, qui fut un exemple de résistance face à ce qui aurait pu être la mise en place d'un totalitarisme par la voie parlementaire, comme cela finit par arriver en Allemagne ou en Autriche.

En revanche, le PCE a développé une campagne très intense et efficace d'agitation autour des prisonniers, de leurs familles, des orphelins... ce qui a commencé à en faire une force politique plus visible.

Que fut son rôle dans la naissance du Front populaire, créé pour les élections de février 1936 ?

La formation du Front populaire a bénéficié de ce changement de ligne politique des communistes à l'échelle internationale, mais étant donnée l'influence limitée qu'avait alors le PCE, il reposait essentiellement sur l'alliance des républicains et des socialistes.

Dans le cadre de ce pacte, Largo Caballero a vu dans le rapprochement avec les communistes et les autres forces de gauche une façon de faire contre-poids aux traits réformistes que l'aile centriste de son parti et les républicains bourgeois désiraient imprimer au Front populaire. Comme il n'était pas assez fort pour lui apporter un contenu socialisant, l'engagement fondamental du PCE dans ce pacte fut de garantir, par son travail de mobilisation et d'intensification de sa présence, que son contenu réformiste soit mené à bien intégralement.

Dès les premières semaines de la guerre, le Parti communiste, qui avait créé le Cinquième régiment des milices populaires, avait misé sur la formation d'une Armée populaire avec discipline et unité de direction, la mise à niveau de l'industrie de guerre, l'organisation de fer des arrières pour assurer la production et l'approvisionnement...

Voilà peut-être une des clés de sa croissance considérable durant la guerre. Le Parti communiste a compris fort justement, avec le précédent de la Première guerre mondiale, qu'il s'agissait d'une « guerre totale », non d'un conflit classique d'armées contre armées, mais qu'il impliquerait toute la société et mobiliserait tous les secteurs pour atteindre l'objectif de la victoire face à un ennemi qui ne serait enclin à aucun type de négociation.

Par conséquent, sa première décision fut de recréer une armée reposant sur une base populaire car il pensait que les milices étaient parfaites pour constituer le noyau dur de la première résistance, mais étaient insuffisantes pour faire face à une armée professionnelle qui comptait par ailleurs sur les unités d'élite de l'époque (la légion, les troupes régulières, les mercenaires marocains) et par la suite sur l'aide de la Légion Condor et des corps d'armée volontaires italiens.

Le PCE a proposé alors de dépasser le plus vite possible l'étape des milices et de mobiliser toute l'économie du pays, avec la création d'une industrie de guerre qui fournirait l'armement et la force matérielle nécessaire pour s'opposer au soulèvement, et logiquement cela supposait d'oublier pour le moment les expériences socialisantes et les collectivisations. Il défendit tout cela, par ailleurs, en mobilisant les ressources qu'il connaissait très bien et qu'il mettait en pratique avec beaucoup d'efficacité, l'agitation et la propagande, avec le mythe de la Révolution bolchévique, qui bénéficiait alors d'un prestige populaire certain.

Le 9 septembre, lors d'un rassemblement devant le Comité provincial de Madrid, Antonio Mije a parlé du « peuple travailleur » comme la base sociale – inter-classiste – que prétendait représenter le PCE. Comment ce discours se concrétisa-t-il dans l'action communiste ?

Le concept est intéressant, car lorsque j'ai analysé la composition sociale du PCE durant cette période, j'en arrive à la conclusion qu'elle était une reproduction, à l'échelle des classes travailleuses, de la société espagnole de la République.

Alors, j'ai cherché le dénominateur commun qui pouvait unir toutes ces couches ; à savoir que comparé au concept de révolution prolétarienne, qui aurait mobilisé certaines couches mais en auraient démobilisé d'autres, les concepts employés par le PCE de « révolution démocratique », de « guerre national-révolutionnaire » et de « classes populaires » ou de « classes laborieuses » ont doté l'effort de résistance républicaine d'un dénominateur commun.

Cela s'est articulé autour d'une idéologie populaire de gauche créée par le républicanisme radical dès la fin du XIXème siècle, qui repose fondamentalement sur l'aspiration à des réformes sociales profondes, réformes économiques, éducation populaire, laïcité ou indépendance nationale. C'était une idéologie transversale capable de mobiliser divers secteurs qui partageaient l'idéal anti-fasciste. Cela devint son discours dominant pendant la guerre et ses traits patriotiques se sont même accentués à partir de 1938, lorsque l'idée s'installa de plus en plus selon laquelle nous n'étions pas seulement confrontés à une guerre face à un soulèvement fasciste, mais bien aussi face à une guerre d'occupation de la part des puissances de l'Axe.

Le 4 septembre, Largo Caballero devenait président du Gouvernement et pour la première fois dans l'histoire de l'Espagne (et de l'Occident) se trouvaient dans son cabinet des ministres communistes (Jesús Hernández à la tête de l'Instruction publique et Vicente Uribe à l'Agriculture)...

La première chose à dire, c'est que les communistes sont entrés au Gouvernement contre la volonté de Staline ; la décision a été prise par la direction du PCE en accord avec Largo Caballero et Staline a dû ensuite l'accepter.

Depuis sa position gouvernementale, le PCE a appelé à combattre aussi l'ennemi caché dans les arrières, une affaire bien compliquée...

C'est une question complexe, mais il ne faut pas avoir peur de l'aborder. Le soulèvement civico-militaire lancé par les secteurs ultra-conservateurs a désarticulé l’État républicain. En fait, dans les premiers mois l’État républicain a été pratiquement détruit, car il dût faire sans une bonne partie de l'armée et des forces de police, et logiquement la nécessité d'assurer l'ordre à l'arrière incombait alors à ces forces qui se montraient disposés à combattre d'une manière efficace la présence de l'ennemi.

Ce « nettoyage des arrières », comme on l'appelait à l'époque, fut mené par ces nouvelles forces qui ont contribué à la reconstruction des forces de l'ordre, comme les « milices des arrières », les organisations mêmes du Front populaire qui avaient acquis l'armement nécessaire pour la mener à bien et, il n'y a pas lieu de le nier, il y eut alors des excès, que tout le monde connaît bien.

Des excès qui ont fait que ces mois furent ceux où la violence fut la plus concentrée et où s'accumula une répression à la marge des procédures légales, mais on y mit fin dans les premiers mois de l'année 1937 avec la reconstruction de l’État républicain et d'un appareil judiciaire et politique qui put récupérer ses compétences concernant l'ordre public et le monopole de la violence.

Cependant, dans ces premiers mois chaque force politique, rentrant parfois en contradiction avec les autres, a fait son possible pour assurer l'ordre aux arrières. Surtout, il faut prendre en compte un cas particulier, celui de Madrid, une des premières villes bombardées par voie aérienne, vers laquelle convergeaient alors les masses de réfugiés de la vallée du Tage et d'Extrémadure qui emportaient avec eux le récit de ce qui s'était produit derrière l'avancée de la colonne de Yagüe et de Castejón en direction de Tolède [NdT : Les généraux franquistes Yagüe et Castejón ont été auteurs de massacres de masse notamment dans la ville de Badajoz où plus de 4 000 civils auraient été tués par leurs troupes]. Cela a logiquement suscité un sentiment de terreur que l'on a tenté d'exorciser par l'élimination de possibles ennemis incrustés dans les arrières républicains.

Quelle importance a eu la Défense de Madrid (octobre-novembre 1936) pour le prestige du PCE ?

Ce fut un des moments qui se sont constitués comme un pilier fondamental de l'imaginaire communiste concernant la guerre. Le gouvernement s'est délocalisé à Valence, car, entre autres, une bonne partie de ses dirigeants, à commencer par Largo Caballero lui-même, pensait qu'aucune résistance n'était possible à Madrid, puisqu'il s'agit d'une ville qui manque des éléments naturels nécessaires à la défense.

Le « miracle de Madrid », comme on le qualifiait alors, la résistance et le coup de frein porté à l'offensive des troupes franquistes contre la capitale fut un des éléments qui a contribué à rehausser le prestige du PCE. Qui plus est, cela se produit dans un moment charnière : les Brigades internationales entraient en scène et les premières avions soviétiques arrivaient, commençant à disputer l'espace aérien de Madrid aux bombardiers qui jusqu'alors avaient réduit la ville en cendres.
 

Vous analysez également en profondeur le niveau d'affrontement atteint durant les premiers mois de l'année 1937 dans les arrières républicains, qui a culminé dans les « événements de mai » à Barcelone...

Par rapport aux « événements de mai », j'ai tenté de les remettre en perspective, puisqu'il s'agit de faits très graves qui ont laissé une empreinte très profonde dans l'image forgée par la suite de la République en guerre, car ils furent le point culminant de toute période, qui découle des premiers moments de la guerre, de concurrence entre organisations qui aspiraient à imposer leur hégémonie. Ce conflit hégémonique, dont le PCE a pris l'initiative parmi les deux forces historiques du mouvement ouvrier, s'est manifesté fréquemment par des frictions violentes, surtout avec les anarcho-synidcalistes et essentiellement dans certaines régions, comme en Aragon, dans l'arrière-pays Catalan ou même parfois sur le front Madrilène.

Cet affrontement permanent a finalement éclaté en mai 1937, car ce fut le moment où il fallait opérer un choix dans le dilemme classique de la guerre : ou on approfondissait cette décentralisation ce qui supposait, à certains égards, le maintien du contrôle de secteurs-clés de l'économie par certaines organisations, ou alors on coordonnait l'effort de guerre pour diriger toutes les forces dans une seule et même direction, celle de la résistance, ce qui supposait logiquement que chacun renonce à une partie de ses positions pour reconstruire l’État républicain dans son intégralité. Comme les forces qui s'opposaient à cette centralisation avaient les forces potentielles suffisantes pour tenir la confrontation, celle-ci a éclaté.
 

La campagne de discrédit et la lutte contre le POUM (comprenant l’assassinat d'Andreu Nin par des agents soviétiques) est un des épisodes les plus négatifs de l'action du PCE durant la guerre civile ?

En effet, c'est une tâche, il était absolument absurde de porter de telles accusations... Et qui plus est, le POUM n'était même pas vraiment trotskiste, il avait été désavoué par Trotsky au début de l'année 1936 lorsqu'il a signé le pacte du Front populaire. Mais, en admettant qu'on puisse les qualifier de trotskistes, les accuser de « cinquième colonne du nazisme international » était absolument absurde.

Ce fut la lutte typique entre deux secteurs qui étaient « faits de la même matière », qui se connaissaient depuis longtemps, qui avaient combattu pour l'hégémonie au sein même du PCE dans les années 1930 et, après avoir été mis en minorité Maurín, Nin et ceux qui allaient former le POUM, devinrent une force bien gênante en Catalogne pour l'hégémonie du parti communiste catalan, le PSUC.

Le POUM, qui maintenait le feu sacré du cycle révolutionnaire de l'Octobre soviétique, à mon avis, s'est trompé dans sa lecture de la guerre à plusieurs reprises et finit par se mettre lui-même hors sujet. Les événements de Barcelone, concrètement, furent décisifs, il ne les a pas impulsé, il ne les a pas mené, mais il a rejoint une initiative qui partait de secteurs mécontents de la collaboration des anarcho-syndicalistes au gouvernement.

Bien qu'il s'agissait d'une erreur, ils ont rejoint l'insurrection, ils l'ont défendu, l'ont soutenu, s'en sont revendiqués. Dans un contexte comme celui de la guerre civile, cela signifiait se situer en point de mire et fournir à ses ennemis des arguments fallacieux, mais qui pouvaient alors apparaître à certains comme vraisemblables, qui alimentaient une entreprise d'affaiblissement de la République qui ne pouvait que bénéficier au camp opposé.

 En mai 1937, eut également lieu le remplacement de Largo Caballero par Negrín à la tête du Gouvernement, un fait dont on accuse traditionnellement les communistes d'être à l'origine...

Au printemps 1937, l'image de Largo Caballero commençait à se dégrader à cause des erreurs commises dans la conduite de la guerre, qui avaient mené entre autres à la perte de Málaga, et les communistes ont commencé à prendre la tête d'un mouvement pour le remplacer à la tête du Gouvernement ou, tout du moins, à la tête du Ministère de la Guerre. Largo Caballero était un dirigeant peu flexible, et cela les communistes n'étaient pas les seuls à le dire, c'était le cas également d'Azaña et des républicains eux-mêmes. On a toujours attribué sa chute exclusivement aux communistes mais, même si ils ont joué le rôle de fer de lance, il y eut bien d'autres secteurs impliqués dans l'affaire.

Pourquoi Negrín? Parce que lui posait clairement comme priorité absolue la résistance tant que l'on ne parviendrait pas à passer à l'offensive, ayant en tête la possibilité que se produise une détérioration de la situation européenne qui conduise à une guerre de plus grande ampleur dans la quelle pourrait s'insérer la guerre civile européenne.

En attendant, il croyait qu'il fallait mener la politique de guerre avec un puissant effort de centralisation qui dépasse les intérêts particuliers des partis et des syndicats, chose qui n'était pas aussi claire pour Largo Caballero. Et logiquement il y eut ici un rapprochement avec le PCE, mais pas du tout une subordination de Negrín aux communistes; c'est eux qui au contraire suivirent Negrín la plupart du temps.
 

Vous exprimez également votre accord avec Helen Graham (spécialiste renommée de l'évolution du PSOE pour ce qui est de cette période) en affirmant : « Le PCE devint pendant la guerre le meilleur parti républicain jamais connu dans l'histoire de l'Espagne »...


Le PCE a apporté pour la première fois un militantisme de masses à ce projet et il le fit en outre en le dotant de techniques de propagande d'avant-garde. C'était un parti de masses avec des organisations modernes qui agissaient, se déployaient dans la rue et mobilisaient par l'emploi du cinéma, des affiches, de la presse, de la radio... Il a apporté pour la première fois une base sociale importante à cette idéologie transversale, républicaine, patriotique, radicale, réformatrice... car les partis républicains avaient été des partis de notables, d'intellectuels comme Azaña, Giral ou Martínez Barrio.
 

Cependant, tout au long de l'année 1938, couvait « un isolement croissant du PCE ». Pour quelles raisons ?

Tout d'abord, lorsque non seulement on ne gagnait pas la guerre, mais que l'on commençait à perdre rapidement du terrain, la base sociale a logiquement vacillé. 1938 fut l'année de la rupture du front républicain : la Catalogne d'une part, et la région centre-sud d'autre part. Ce fut également l'année de la capitulation des démocraties face à Hitler et Mussolini à Munich et, donc, de l'abandon de la perspective selon laquelle la guerre aurait pu s'achever par une négociation dans les intérêts des républicains ou recevoir le soutien des démocraties occidentales.

Le PCE, qui maintenait ce discours galvanisateur autour de la guerre, devint cela, le parti de la guerre, et comme les gens croyaient de moins en moins en la victoire, la confiance envers ceux qui défendaient la poursuite de la guerre a commencé se détériorer progressivement.

Par ailleurs, le parti a également commis des erreurs : une confiance en soi excessive en raison de l'explosion de ses effectifs militants l'année précédente, un traitement parfois dédaigneux de ses alliés potentiels, l'exacerbation d'une propagande omnipotente et omniprésente qui le fit apparaître comme une force étouffante et irrésistible...

Lorsque dans les autres forces républicains on commença à envisager plus sérieusement la possibilité d'une armistice, celles-ci partirent de la nécessité que, si les deux piliers les plus solides de l'effort de guerre et ceux qui n'accepteraient jamais une capitulation étaient le PCE et Negrín, il fallait se débarrasser des deux et cela conduit à la mise en place d'une coalition de forces et de personnalités qui étaient présentes lors du putsch de Casado en mars 1939.

Pour les forces républicaines, la guerre civile s'est achevée de la pire des manières, non seulement en raison des événements dramatiques de mars 1939, mais aussi du boulet du ressentiment qui a plombé la période d'exil.
 

Le 22 février, le bureau politique du PCE avait publié un manifeste dans lequel il avertissait : « Le triomphe du fascisme dans notre pays ne sera pas une courte étape transitoire de gouvernement réactionnaire (…) Ce sera la fin de tout ce que les ouvriers ont gagné pendant des décennies d'efforts et de durs combats... »

Sans nul doute. Ce qui est impressionnant quand tu analyses les réactions ce certains des protagonistes de l'époque qui ont soutenu le putsch de Casado fut leur erreur d'appréciation considérable sur la possibilité d'une paix honorable.

Les “tuteurs” de l'Internationale

Guerre ou Révolution. Le Parti communiste d'Espagne dans la guerre civile démonte une bonne partie de la propagande qui sept décennies durant, et avec divers arguments, a diffamé les agissements du PCE entre 1936 et 1939, depuis la bibliographie franquiste jusqu'aux classiques de la littérature trotskiste comme La guerre civile espagnole: Révolution et contre-révolution de Burnett Bolloten.

Une des idées-force qui traverse tous ces ouvrages, tout comme le discours de dirigeants socialistes importants en exil comme Indalecio Prieto, fut que le PCE n'était rien d'autre qu'une marionnette manipulée depuis Moscou par Staline à travers les agents de l'Internationale communiste avec l'intention d'instaurer un régime similaire à ceux qui après la Seconde guerre mondiale furent mis en place en Europe de l'Est.

Hernández Sánchez rappelle, tout d'abord, que le Komintern avait toujours envoyé en Espagne des « tuteurs » pour le PCE, qui s'auto-définissait alors comme la « Section espagnole de l'Internationale communiste ».

En 1937 arrivèrent deux d'entre eux, le bulgare Stoyan Minev (Stepanov) et l'italien Palmiro Togliatti, dont la mission fondamentale fut, à mon avis, bien différente : « L'Union soviétique n'était pas intéressée par la mise en place du communisme en Espagne, comme l'a affirmé plus tard une certaine propagande ; l'URSS, fondamentalement, souhaitait que la guerre espagnole ne déséquilibre pas le système de sécurité collective européenne qu'il avait mis beaucoup de temps à redessiner et qui reposait sur le maintien d'un pacte avec la France et de fait avec l'Angleterre pour faire obstacle à l'expansionnisme allemand ou, en dernier recours, obliger Hitler à combattre sur deux fronts ».

« La guerre civile – conclut-il – déséquilibrait ce système de sécurité et mettait en danger son rapprochement avec les démocraties occidentales, ce qui fait que le travail fondamental des délégués de l'Internationale fut de maintenir le conflit espagnol dans ce cadre, en évitant les débordements, chose qu'il eut parfois beaucoup de mal à éviter ».

Traduction AC pour 

http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Cri du Peuple 1871

http://www.mleray.info/article-le-pce-est-devenu-pendant-la-guerre-le-meilleur-parti-republicain-de-l-histoire-de-l-espagne-98176616.html

 

Tag(s) : #Histoire
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