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Blog d'Olivier Berruyer

 

23
Juin
2014

 

 

ATTENTION : billet contenant des images très dures

Les pogroms de Lviv en 1941

Le 30 juin 1941, les Soviétiques abandonnent Lviv face à l’arrivée des troupes allemandes.

 

 Juin 1941 : Les Juifs furent publiquement accusés par les Allemands d’avoir perpétré le massacre des prisonniers ukrainiens de Lviv. Ils enflammèrent la population avec une propagande antisémite et appuyèrent la création par l’OUN-B de la Milice Populaire Ukrainienne (UPM), dont les membres portaient des brassards blancs ou aux couleurs du drapeau ukrainien. Cette milice se lança alors dans un vaste pogrom.

Cette milice était secondée par des jeunes gens ordinaires. Des milliers de juifs furent battus, fréquemment à mort. Le nombre de juifs assassinés se situe autour de 4 000 morts. Dès le 1er juillet, cette milice UPM de l’OUN fut subordonnée à la SS, et perdura jusqu’au 13 aout 1941, aidant les Allemands autant qu’elle pouvait.

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

 

Pogrom lviv Juillet 1941

Pogrom lviv Juillet 1941

[Attention, violent]

Kurt Lewin, un survivant de ce pogrom, témoigne ainsi qu’il avait particulièrement peur « d’un homme élégamment vêtu d’une belle chemise brodée [souvent porté par les membres de l’OUN], qui battait [les Juifs] avec une canne en métal. Au fur et à mesure, il ne frappait plus que les têtes. À chaque coup, il arrachait des bandes de peau. Il a fait sortir les yeux de certaines personnes, et arraché des oreilles. Lorsque sa canne a éclaté, il a immédiatement attrapé un gros morceau de bois carbonisé et fracassé le crâne de mon voisin. Le crâne a éclaté et le cerveau a éclaté, éclaboussant dans toutes les directions, y compris sur mon visage et mes vêtements. » [Kurt Lewin, J’ai survécu, Varsovie 2006, pp 58-59]

Un second pogrom a lieu durant trois jours fin 1941, tuant 2 000 Juifs et en battant 6 000 autres. À la même époque, quelques 3 000 personnes, en majorité juives furent exécutées dans le stade municipal par l’armée allemande.

Les pertes humaines

Au total, environ 20 000 juifs furent tués dans des pogroms en Ukraine occidentale en juillet 1941, et plusieurs milliers furent fusillés par les Einsatzkommandos.

Un ghetto de 120 000 Juifs est alors créé à Lviv fin 1941. Il sera entièrement liquidé en deux ans dans le camp d’extermination de Belzec. Au retour des Soviétiques en juillet 1944, il ne restait environ que 800 Juifs survivants – dont le célèbre chasseur de nazis Simon Wiesenthal.

Simon Wiesenthal

Selon un rapport du 30 juin 1943 de Fritz Katzmann, chef de la police et de la SS de Galicie, 434 329 Juifs avaient été assassinés dans son seul district. À la fin de la guerre, environ 1,5 million de Juifs ukrainiens avaient été exterminés par les Nazis et leurs supplétifs locaux. Comme il est apparu à Nuremberg, les Allemands avaient de plus tué dans la région de Lvov 700 000 Soviétiques.

Les nationalistes ukrainiens

L’implication des nationalistes ukrainiens dans ces évènements est accablante. Les membres de l’OUN-B étaient des antisémites enthousiastes. Pour eux, l’ennemi principal était les Polonais et les Russes, mais les Juifs étaient un « problème » parce qu’ils n’étaient pas Ukrainiens et parce qu’ils estimaient qu’ils aidaient les Soviétiques à envahir le territoire ukrainien.

L’Organisation des nationalistes ukrainiens avait adopté en 1929 les Dix commandements des nationalistes ukrainiens, auxquels étaient censés adhérer tous les membres de l’Organisation. Ce Décalogue indiquait : « N’hésitez pas à effectuer les actes les plus dangereux » et « Traitez les ennemis de votre nation avec haine et cruauté. ».

En mai 1941, lors d’une réunion à Cracovie la direction de l’OUN-B indiqua que « Les Juifs en URSS constituent le soutien le plus fidèle du régime bolchevique, et l’avant-garde de l’impérialisme moscovite en Ukraine. Le gouvernement moscovito-bolchévique exploite les sentiments anti-juifs des masses ukrainiennes pour détourner leur attention de la véritable cause de leur malheur et de les canaliser dans un moment de frustration dans les pogroms contre les Juifs. L’OUN combats les Juifs en tant que pilier du régime moscovito-bolchévique et, simultanément, il rend les masses conscientes du fait que l’ennemi principal est Moscou. »

Lors de cette réunion, l’OUN a adopté le programme « Lutte et l’action de l’OUN pendant la guerre » qui décrit le plan d’action lors du début de l’invasion nazie de l’URSS. Dans la section G de ce document – « Directives pour les premiers jours de l’organisation du nouvel État ukrainien », est dressée la liste des activités à mener durant l’été 1941. Dans le paragraphe « Politique envers les minorités » l’OUN-B ordonne : « Les Moscovites, les Polonais et les Juifs nous sont hostiles et doivent être exterminés dans cette lutte, en en particulier ceux qui résisteraient à notre régime : il faut les reconduire dans leurs terres, surtout : détruire leur intelligentsia qui pourrait être dans des positions de pouvoir. […] Les soi-disant paysans polonais doivent être assimilés, et il faut détruire leurs leaders. […] Les Juifs doivent être isolés, relevés de leurs fonctions gouvernementales pour empêcher le sabotage, et ceux qui sont jugés nécessaires ne pourront travailler qu’avec un surveillant. […] L’assimilation des Juifs n’est pas possible. »

Le 25 juin 1941, Stetsko – le futur « chef de l’État », donc -, dans un rapport à Bandera, écrivait déjà : «Nous créons une milice qui aidera à éliminer les Juifs et à protéger la population. ».

Stetsko avec ses anciens maîtres donne du pain et du sel aux envahisseurs allemands

Stetsko après la guerre avec son nouveau maître : George Bush responsable de la CIA

En aout 1941, le même Stetsko écrivit son autobiographie, qui contenait plusieurs passages antisémites notoires, en particulier, il y déclarait qu’il considérait le marxisme comme un produit de la pensée juive, mise en pratique par le peuple moscovite-asiatique avec l’aide des Juifs ; que Moscou et le judaïsme sont les porteurs des idées internationales des bolcheviks. Il y déclare aussi :

« Bien que je considère que c’est Moscou, qui en fait tient l’Ukraine en captivité, et non pas les Juifs, comme l’ennemi principal et décisif, je considère tout de même pleinement le rôle indéniablement nuisible et hostile des Juifs, qui aident Moscou à asservir Ukraine. Je soutiens donc la destruction des Juifs et la pertinence de l’apport des méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, plutôt que de tenter de les assimiler. »

Les mémoires de Stetsko

Les rapports de l’OUN ont été conservés. On y lit par exemple ceci :

« N° 82 P

Ville de Lvov, le 28 juillet 1941.

Au service de sécurité de l’OUN de Lvov, le père Tabinsky nous informe : « Notre milice procède maintenant à de nombreuses arrestations de juifs, avec les services allemands. Avant leur liquidation, les Juifs se défendent par tous les moyens, et, en premier lieu, par l’argent ».

Suivant les informations du père Tabinsky, il y a, parmi nos miliciens, certains qui, pour de l’or ou de l’argent, libèrent des juifs : ils doivent être arrêtés. Nous n’avons pas de données concrètes, mais nous vous transmettons ceci pour informations et utilisation ultérieure.

Gloire à l’Ukraine !

Organisation des nationalistes ukrainiens OUN.»

Dans un rassemblement le 6 juillet 1941, les membres de l’OUN déclarèrent : « Les Juifs doivent être traités durement. […] Nous devons en finir avec eux. […] En ce qui concerne les Juifs, nous allons adopter des méthodes qui conduiront à leur destruction. »

Après l’emprisonnement de Bandera, les bataillons ukrainiens de la Wehrmacht Nachtigall et Roland furent alors dissous fin 1941, et les activistes volontaires de l’OUN-B furent affectés à l’Ukrainian Schutzmannschaften, une milice auxiliaire de police. Cette milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants. Le leader militaire de l’OUN-B Roman Shukhevych devint commandant du 201st Schutzmannschaft Battalion, qui sévit jusqu’en Biélorussie.

milice auxiliaire de police , la milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants

Certains bataillons de police prennent directement part à l’extermination de citoyens soviétiques. Par exemple, la police du district de Raïon de Ratne, sous la direction de Logvinski et Seniok, détruit entièrement, le 23 septembre 1942, le village de Kortelisse. Il est entièrement incendié et 2 892 habitants pacifiques sont fusillés (dont 1 620 enfants). Les villages voisins de Birk, Sabaloty, Borisovka sont également détruits.

À suivre dans le prochain billet

 

 

 


Tag(s) : #Histoire
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