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Bassin de Lacq : la CGT accuse Toray Industries de profiter de la crise  sanitaire pour supprimer des postes

Pyrénées-Atlantiques : la direction de Toray CFE tente d’enrayer la grève

La direction du fabricant de fibres de carbone n’a pas hésité à assigner en référé d’heure à heure devant le tribunal de Pau, trois délégués syndicaux, CGT et FO, pour grève illicite, le 25 novembre.

Par Aline Leclerc
 

C’est l’une des entreprises où l’ambiance est des plus tendues cet automne. Pour tenter d’enrayer la grève qui ralentit l’activité de ses deux usines de fibre de carbone à Lacq et Abidos (Pyrénées-Atlantiques), la direction de Toray CFE n’a pas hésité à assigner en référé d’heure à heure devant le tribunal de Pau, trois délégués syndicaux, CGT et FO, pour grève illicite, le 25 novembre.

Face à la chute de son chiffre d’affaires dû à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le marché de l’aéronautique, l’entreprise a annoncé, le 15 octobre, un plan de départs volontaires, associé à un plan de sauvegarde de l’emploi qui prévoit vingt-neuf suppressions de postes. Ajoutés aux treize départs non remplacés depuis le début de l’année, cela fera quarante-deux emplois en moins début 2021.

« Pour nous, cette multinationale a les moyens de garder les emplois », Timothée Esprit, délégué CGT.

Pour les représentants des salariés, la réduction des équipes pour des postes aux conditions de travail difficiles – haute température, charges lourdes – sur des sites classés Seveso seuil haut, est inacceptable. La CGT a lancé un appel à la grève illimitée dès le 18 octobre, suivie, le 2 novembre, par FO. « Pour nous, cette multinationale a les moyens de garder les emplois », estime Timothée Esprit, délégué CGT.

Depuis, les usines ont connu de multiples jours de grève – jusqu’à douze d’affilée mi-novembre – ou des débrayages dans des ateliers. Cela a coûté 900 000 euros, selon la direction.

En justice, pour démontrer qu’il s’agissait d’une grève perlée illicite, elle a produit jusqu’à soixante-dix pièces. Dont certaines inattendues, comme des captures d’écran de conversations WhatsApp entre salariés, l’identité de ceux ayant cotisé à une caisse de grève en ligne ou des extraits d’interviews des délégués syndicaux. « Ils nous surveillent bien plus qu’on le pensait ! Or, ça ne servait en rien le dossier. C’est de la pure intimidation ! », s’indigne le délégué CGT.

« Pure intimidation »

Toray CFE, qui n’a pas souhaité répondre au Monde, demandait au tribunal l’arrêt immédiat de la grève et la condamnation de ceux qui se livreraient à un « débrayage isolé » à 1 000 euros d’amende.

Mais le juge a débouté l’entreprise. « Les cessations du travail entraînent immanquablement une diminution de la production, mais il convient de rappeler que le droit de grève est un droit constitutionnel qui ne peut être remis en cause qu’en cas d’abus de droit », lit-on dans son ordonnance du 30 novembre. Or, précise-t-il, il n’a pas été fait de « démonstration de l’existence d’un trouble manifestement illicite ».

Soulagé du jugement, Timothée Esprit estime que la procédure participe « d’un climat étrange où il est très difficile pour les salariés d’exprimer légitimement leurs revendications ». Les contraintes sanitaires « compliquent tout » : « Des gendarmes assistent régulièrement aux assemblées générales des salariés pour observer que les gestes barrières sont respectés. C’est aussi une forme de pression. »

Tag(s) : #Lutte de classes, #Répression
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