Le Figaro écrivait, le 6 janvier 1933 :
"Mercedi à Cologne, Adolf Hitler et l"ancien Chancelier von Papen ont eu au domicile du banquier Kurt von Schroeder, un entrtien sur la situation politique (...) Il a été question, assure le Taeglische Rundschau, d'une nouvelle candidature de Hitler à la Chancelerie".
Le Temps, du 7 janvier, écrit de son côté :
"Les milieux financiers et industriels qui subventionnent le mouvement hitlérien seraient sympathiques à 'ce plan de bataille' car un gouvernement du front Bad-Hartzbourg* à tendanhce capitaliste leur conviendrait mieux qu'un gouvernement von Schleicher".
Puis, ce quotidien, appartenant au Comité des Forges, ** ajoute, dans son numéro du 12 janvier :
"Il s'agit de chefs de la grande industrie, qui furent les premiers à encourager le mouvement hitlérien. Ces magnats de l'industrie, surtout dans la région de la Ruhr, ont toujours combattu avec vigueur les tendances socialistes qui ont prévalu en Allemagne en matière d'assurances sociales, de réglements du travail et d'arbitrage pour la fixation des salaires".
Le 30 janvier, le président Hindenbourg désignait Adolf Hitler comme Chancelier du Reich.
Le Temps du lendemain, justifie ce choix :
"Il résulte que le nouveau gouvernement veut 'l'ordre et le calme' sur le terrain économique par la politique nouvelle d'un pouvoir fort (...) qui veut 'vivre en paix et en amitié' avec tout le monde".
Dès le lendemain, la répression sauvage s'exerce à l'encontre de partis d'opposition de gauche, en premier lieu contre les militants communistes, et également contre les sociaux-démocrates. Dans la nuit du 27 au 28 février, l'immeuble du Reichstag est incendié par des agents nazis pour en rejeter la responsabilité sur le KPD communiste. Le président Hindenbourg suspend "les libertés fondamentales'. Les premiers camps de concentration sont ouverts.
On connaît la suite.
Le 30 juin 40, Adolf Hitler, savourant sa victoire, contemple l'Aec de Triomphe, dans Paris conquis.
Sept années ont suffi au Führer pour franchir la distance qui sépare la Porte de Brandebourg des Champs-Elysées.
Le Figaro, daté du 9 février 1933, reproduit un article qu'il avait publié le 27 août 1927 sous le titre :
"UN FRONT UNIQUE CONTRE LE COMMUNISME" où il était écrit cette phrase anticipatrice :
"CHARGERA-T-ON L'ALLEMAGNE DE SAUVER L'EUROPE ?"
* Le front Bad-Hartzbourg est l'aboutissement, en 1931, de l'entente entre les nazis et les autres partis nationalistes, dont notamment le Stahlhem, les 'Casques d'acier'.
** Le Comité des Forges est l'ancêtre de l'UIMM, l'Union des Industries Minières et Méttallurgiques.
Ce texte est tiré de l'ouvrage de Jean LEVY et de Simon PIETRI :
DE LA REPUBLIQUE A L'ETAT FRANCAIS 1930-1940 Le chemin de Vichy Editions L'Harmattan