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UN RIDEAU DE FUMEE

 

par Jean LEVY

 

Le bilan du capitalisme apparaît au grand jour.

Des dizaines de millions de Français en payent quotidiennement le prix.

Et, naturellement, ils font, chaque jour davantage, le lien entre le système économique, qui leur est imposé, et les misères qu’ils subissent.

Les médias sont contraints de tenir compte de cette nouvelle situation.

Ils ne peuvent plus, impunément, faire les éloges permanents du « marché », de « l’Europe », en un mot, du capital. Le temps, pas si lointain, où on nous racontait que nous vivions dans un vert paradis, est définitivement passé.

Le monde des affaires, ses hommes politiques et ses porte-parole sont sur la défensive.

 

Faute de nous parler du Père Noël et de sa hotte pleine de cadeaux, on tente de brouiller les cartes et de camoufler la réalité derrière un rideau de fumée.

 

Nous sommes livrés, du matin au soir, à la radio, dans les journaux, à la télé,  aux « analyses » et aux commentaires d’un régiment « d’experts financiers », « d’économistes distingués », de « politologues chevronnés ».

 

Tous sont chargés de nous faire croire que nous ne pouvons rien, face à «la  crise », qu’il faut attendre « la croissance », que notre monnaie, l’Euro, dépend des jugements des « agences de notation », et que ces jugements sont fonction de notre abyssal « déficit ».

Aussi, si nous sommes sages, si nous acceptons de nouveaux sacrifices, si nous payons davantage, nous réduirons ce fameux déficit. Et la France, ainsi, sera bien « notée », la confiance stimulera la « croissance » et la « crise » sera dénouée...

Et le tour est joué !

Ecoutez bien les termes employés. Jamais, ils ne sont explicités.

Prenons « la crise ». La « crise » de « quoi » et « pour qui » ?

Jamais ces questions ne seront posées.

Les « résultats » des entreprises sont accueillis par des cocoricos assez retentissants pour que nul n’ignore que les banques et les grandes sociétés ne souffrent guère de « la crise ». Ni leurs patrons, ni les membres de Conseils d’administration n’en sont victimes. Au contraire.

Et pourtant, « la crise » est présentée comme une pandémie qui envahit la planète, et contre laquelle les remèdes ont autant d’effets heureux que ceux du Médiator sur les patients. Il faut donc subir le mal sans protester.

Au maximum, s’indigner et surtout pas se révolter.

 

Prenons « la croissance ». On peut, comme pour « la crise », se demander légitimement « la croissance de quoi et pour qui ? ».

 

Pour ceux qui nous en parlent, la croissance, c’est uniquement en terme de profit qu’ils l’envisagent, et par surcroît, de profit privé réservé à une minorité de privilégiés.

 

A l’inverse, pour la masse des Français, et en premier lieu pour les  salariés, la croissance se chiffrerait en pouvoir d'achat, en nombre de logements bâtis à leur intention, d’écoles et de maîtres pour leurs enfants, d’hôpitaux et d’infirmières, de moyens de transport, correspondant à leurs besoins, donc en emplois utiles et nombreux. Cette croissance-là serait, non source de déficit, mais la vraie richesse de notre pays.

 

Continuons l’examen du langage médiatique.

Vous a-t-on, une seule fois, expliqué ce que sont les « agences de notation » qui font la pluie et le beau temps dans notre économie ?

Non, jamais, bien sûr !

 

Et pourtant, ces fameuses agences, dont dépendrait notre avenir sont, selon la définition officielle,  « des entreprises privées chargées de la notation des collectivités (États…) selon certains critères définis par une réglementation ou par les acteurs de marché. »

« Historiquement, les premières agences de notation sont les agences de notation financière telles que Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's. Ces agences opèrent, contre rémunération, à la demande des entreprises (et éventuellement des collectivités publiques) désirant être notées. Leur indépendance a toutefois été discutée depuis l'affaire Enron et la crise financière de 2008 ».

Autrement dit, les Agences de notation sont liées aux banques et agissent pour les banques. Elles décrètent l’économie d’un pays en danger pour obliger la population de ce pays à subir l’austérité.

« L’aide de l’Europe », et du FMI appelé à la rescousse, se mesure en milliards prêtés par les Etats (par les contribuables, en l’occurrence) aux banques, qui empochent le gros magot par cette opération.

Mais de tout cela, vous n’entendrez pas parler. C’est réservé aux initiés.

 

Il suffit d’écouter et, comme écrivait Jacques Prévert, de discerner « les choses qui sont derrière les choses ».

Et là, vous serez vraiment informés. Et prêts à vous révolter.

 

Tag(s) : #Economie
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