Parti communiste du Québec (PCQ) se réjouit de la très importante victoire remportée, hier, par les forces de gauche en Colombie et qui fait en sorte que ce pays, jadis un bastion des forces de droite et d'extrême-droite, également déchiré pendant des années par une guerre civile terrible, qui aura laissé bien des cicatrices, dont le fait que les assassinats politiques se poursuivaient toujours, même hier, alors que les bureaux de scrutin avaient commencé à ouvrir, sera désormais dirigé, pour la première fois de son histoire, par un président de gauche, soit Gustavo Petro. Ci-joint, à ce propos, un communiqué émis par le PCQ.
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Une vague de célébrations balayaient, hier soir, les rues des principales villes et localités, à travers toute la Colombie, alors que la nouvelle de l'élection, pour la toute première fois dans l'histoire du pays, d'un président et d'une vice-présidente de gauche, soit Gustavo Petro et Frances Marquez (à l'avant-plan sur la photo du haut), se répandait comme une traînée de poudre.
Qui plus est, Francia Marquez, représentait aussi la toute première femme noire, à être ainsi aussi élue à une aussi haute position.
La très large coalition du " Pacte historique ", derrière l'élection de Gustavo Petro et de Francia Marquez, faisait face à des obstacles majeurs. Elle était certes arrivée bonne première lors du 1er tour de ces présidentielles, mais il lui avait alors manqué près de 9% des voix pour franchir la barre nécessaire des 50% et tout le monde savait que l'obtention de chaque nouveau point de pourcentage, lors du second tour, ne viendrait pas tout seul et représenterait même tout un défi.
Durant toute une partie de la journée d'hier, tout semblait même aller contre eux, alors qu'on assistait en plusieurs endroits à toutes sortes de tentatives de fraudes, incluant cette histoire de bulletins de votes qui auraient été remplacés par d'autres, portant des signes distinctifs, qui auraient pu être ensuite utilisés pour tout simplement les annuler; évidemment, le tout se serait produit dans des lieux, où les forces de gauche étaient identifiées comme étant particulièrement en avance.
Dès le matin, au moins 1 autre personne avait aussi été assassiné de sang froid et pendant toute la journée aussi, des centaines de milliers de soldats avaient également été déployés par le gouvernement sortant, tout cela dans le but évidemment de créer un climat de peur et empêcher la sortie de vote par les forces de gauche.
Tout le monde le savait. L'issue du scrutin serait avant tout déterminée par la capacité ou non des forces de gauche de vraiment faire justement sortir le vote. Certaines histoires, relayées en même temps dans la presse, faisaient état de gens, en provenance de régions plus éloignées, qui auraient en bout de ligne voyagé pendant une journée pleine ou plus, juste pour aller voter. Il fallait le faire.
De fait, les forces de gauche, en Colombie, regroupées dans cette coalition, qui était en fait issue des grands mouvements de grèves de l'année passée, firent sortir le vote et ce, de manière assez magistrale. Quand on compare ce qui se passa finalement en Colombie avec ce qui se passa également plus en France, là où il y avait également un second tour qui se déroulait, cette fois pour des élections législatives, l'écart est on ne peut plus manifeste.
Même si Gustavo Petro ne deviendra formellement président qu'en août prochain, cela ne l'empêchait pas hier soir, en même temps qu'il faisait son discours de remerciement, après la confirmation de son élection, de réclamer publiquement, sans autre délai, du procureur général de la Colombie, que tous les personnes qui étaient toujours emprisonnées, après avoir été arrêtées durant les différentes manifestations tenues au fil de la dernière année, soient immédiatement libérées. Cela donne le ton.
Pour l'impérialisme américain, qui avait toujours compté jusqu'ici sur la Colombie pour défendre becs et ongles ses intérêts au sein du continent latino-américain et qui espérait évidemment que celui qui s'opposait à Gustavo Petro -- un dénommé Hernandez -- gagne en bout de ligne, c'est une autre défaite amère pour lui. Une de plus.
Nul doute, en même temps, que cette victoire aura non seulement un impact important pour désormais permettre une meilleure application, en Colombie, des fameux Accords de Paix, que les précédents gouvernements avaient en même temps tout fait pour qu'ils restent lettre morte, non seulement cette victoire devrait également permettre de réduire les tensions plus à l'interne, dans un contexte où la violence restait encore beaucoup un fait marquant dans toute la vie plus au quotidien dans ce pays, mais elle devrait aussi favoriser encore plus le tournant à gauche déjà entrepris à travers tout le continent, l'autre grand rendez-vous restant en même temps les prochaines élections, cette fois au Brésil, lesquelles pourraient bien devenir aussi un autre moment charnière.
Peut-être que cette nouvelle et autre victoire des forces de gauche en Colombie saura aussi encourager un certain nombre d'autres gouvernements, censés être tout autant de gauche, mais qui seraient en fait plutôt chambranlant, quant à la marche à suivre, tel le gouvernement chilien, à se montrer désormais plus audacieux dans leurs propres démarches.
Est-ce à dire que le prochain gouvernement, dirigé par Gustavo Petro et Francia Marquez, l'aura forcément facile ? Probablement pas, parce qu'on ne sait toujours pas comment l'armée colombienne finira par agir, face à ce nouveau gouvernement de gauche, considérant aussi que l'armée colombienne a toujours appuyé les éléments les plus à droite, ainsi que les franges les plus réactionnaires de la société colombienne.
Il faudra aussi voir comment les fameux escadrons de la mort, qui auront longtemps fait " la pluie et le beau temps ", en Colombie, sans jamais vraiment se faire inquiéter jusqu'ici par les autorités en place, agiront; même chose aussi pour toutes les autres organisations d'extrême-droite, de même que les fameux narcotrafiquants, qui jusqu'à présent, en menaient également assez large, tout ce " beau " monde pataugeant souvent, de toutes les manières, dans les mêmes plates-bandes. Il pourra au moins compter sur ses voisins, lesquels sont déjà, en plusieurs endroits, déjà bien positionnés à gauche et qui, dans leur cas, seraient également pas mal plus avancés dans la mise en place de leurs propres programmes de transformations sociales. Des exemples ? On pourrait notamment mentionner à la fois le Venezuela, ainsi que la Bolivie.
Nul doute, en même temps que ces autres pays, qui avaient souvent eu maille à partir avec la Colombie, devraient aussi se dire qu'ils pourront désormais souffler un peu plus.
L'autre grand problème qui pourrait bien finir par rattraper le prochain gouvernement de gauche, en Colombie, est le fait que les partis de droite et d'extrême-droite conservent toujours une influence non-négligeable au sein des 2 chambres du Parlement. Certes, ceux-ci sont désormais plus divisés que jamais, mais les sous-estimer pourrait en même temps s'avérer une grosse erreur. Dans un tel contexte, le choix que prendra un certain nombre de partis plus centristes pourrait bien finir para s'avérer un enjeu majeur.
S'il est vrai que la gauche, grâce à son unité, réussissait déjà, il y a quelques mois, à faire de très importantes percées, autant dans l'une que l'autre de ces 2 chambres du Parlement, le tout reste cependant encore insuffisant dans une perspective d'avoir une majorité et les partis, représentés au sein du " Pacte Historique ", devront donc forcément trouver une manière de convaincre les partis plus centristes à faire alliance avec eux, plutôt qu'avec les partis plus de droite et/ou d'extrême-droite.
Le Parti communiste du Québec profite de l'occasion pour réaffirmer sa solidarité la plus entière, en pareilles circonstances, avec le peuple colombien, ainsi qu'avec les différentes composantes de cette fameuse coalition, mieux connue sous le nom de " Pacte historique ", laquelle inclurait notamment, pour ceux et celles qui ne le sauraient pas, le Parti communiste de Colombie, un autre fait non-négligeable.