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Etrange atmosphère sociale en France : d'un côté, le pouvoir sarkozien accentue sa politique de contre-révolution sociale, attaquant simultanément l'ensemble des droits du travail. De l'autre, les confédérations syndicales (et particulièrement la CGT dont les dirigeants se disent "floués" par le gouvernement), qui semblent découvrir la "duplicité"  du Président de la République et de ses ministres...Thibault comme Chérèque se sentent comme "trahis" par le gouvernement ! Pensez donc : ils n'avaient qu'entrouvert la porte des discussions au niveau de l'entreprise (à titre "expérimental"), et le pouvoir l'a ouverte toute grande !
Mais qu'attendaient donc les leaders confédéraux en signant avec le Medef, la "position commune" sur la "représentativité syndicale" ? Un meilleure prise en compte du poids réel de la CGT et de la CFDT ?
Comme si l'opposition Capital-Travail  n'était pas l'expression d'un rapport de force entre les salariés et le patronat, exprimé dans les lutttes ! L'objectif des signataires syndicaux de la "position commune" n'était-il pas plutôt de substituer aux luttes la "négociation" entre "gens responsables", entre "partenaires",  dans le charme discret des bureaux directoriaux ? Cette thèse ne reçoit-elle pas confirmation du fait que les confédéraux CGT et CFDT se soient référés à la position exprimée par Laurence Parisot (celle-ci "regrettant" que le gouvernement ait utilisé l'accord syndicat-patronat pour légiférer plus avant).
Thibault s'est élevé avec force contre "le procédé", "la manière d'agir" de Xavier Bertrand, sans faire de l'objectif gouvernemental - la liberté accordée aux chefs d'entreprise de décider souverainement de l'amplitude du temps de travail qu'ils voudront imposer aux salariés - l'essentiel de sa "colère".

Les dirigeants de la CGT semblent découvrir tout à coup les visées de Sarkozy à l'encontre du monde du travail. Accordons au secrétaire général de la confédération ouvrière une constance en la matière. Dès le mois de juin 2007, quelques jours après l'élection du président de la République, Thibault, reçu par Sarkozy, déclarait qu'avant toute chose, il lui fallait connaître les "intentions" de l'hôte de l'Elysée. Comme si celui-ci n'avait pas, dans sa politique antérieure et au cours de la campagne électorale, été suffisamment clair sur ses orientations ...
De même, Thibault, toujours lui, ne s'était-il pas rendu auprès de Sarkozy, au soir du premier jour de la grève reconductible des cheminots, en novembre 2007, pour "négocier" en lieu et place des intéressés, alors que la mobilisation n'avait jamais été aussi forte (davantage qu'en 1995 !).
Cette volonté d'éviter à tout prix l'épreuve de force s'était déjà exprimée en 2003, alors que des millions de fonctionnaires étaient en grève pour la défense de leurs retraites. "Je ne suis pas là pour paralyser le pays !" avait déclaré le numéro 1 de la CGT.
Et depuis, la direction confédérale de Montreuil s'est évertuée à éviter à tout prix la convergences des luttes. Les objectifs des grèves et manifestations ont été toujours limités à une revendication, puis à une autre, sans jamais tendre à faire rejoindre les mécontentements. Le résultat s'est concrétié par l'échec des actions entreprises. A chaque fois, le gouvernement a marqué un point, puis un autre, avançant méthodiquement dans son plan de casse généralisée de la législation sociale, semant le trouble et le sentiment d'impuissance chez les salariés.
On peut se demander pourquoi Thibault et les autres dirigeants de la CGT persévérent dans cette stratégie désastreuse. (On ne se pose plus la question pour Chérèque : on connaît la réponse !). On peut avancer l'idée de leur renoncement à toute perspective révolutionnaire à laquelle ils ne croient plus. On peut envisager des raisons plus sordides, telle la seule perspective d'être intégrés dans "l'élite" qui nous gouverne, de "compter" parmi les personnalités de premier plan, dans la vie politique de notre pays.

Ces explications ont certainement une part de vérité. Mais l'essentiel n'est-il pas le ralliement idéologique de ces "dirigeants ouvriers" à l'économie de marché, à la construction européenne, au régime capitaliste auquel ils ne voient plus d'alternative. Autrement dit, il faut se faire une place au sein de cette société, ne pas la mettre en cause par des risques d'affrontement social, et gérer le tout au mieux de ses intérêts.
Mais reste une question, la question fondamentale, les salariés, les militants d'entreprises qui prennent les coups les plus durs, qui sont les victimes de la politique sarkozienne, quand agiront-ils ensemble pour imposer à LEUR organisation syndicale, l'orientation et les dirigeants  qu'ils méritent ?


Tag(s) : #Social
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