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CE QUE VOUS N'AVEZ PAS
Vu au JT de France 2, hier soir, à 20 heures
Au-delà du ou des fait divers du jour, un enfanticide bien atroce, qui occupe le début du JT, et souvent le dernier exploit d'un club sportif, vous avez droit, soit-disant, à un résumé de l'information politique, nationale et internationale.
Hier, l'affaire Kouchner et le long plaidoyer pro modo du ministre des Affaires étrangères, occupait un temps d'antenne maximum. Aussi, sont passées à la trappe diverses nouvelles peu réjouissantes pour le pouvoir, ou de nature à créer inquiétude et mécontentement du public.
Le matin, sur France Inter, le PDG de la SNCF, en service commandé, se réjouissait par avance d'un verdict d'une juridiction marseillaise, qui devait considérer "illégale" une pratique d'arrêts de travail utilisée par les cheminots du Sud-Est, mettant en échec la loi antigrève concernant les transports. Hélas pour le patron des Chemins de Fer : le tribunal a donné raison aux grévistes ! Les téléspectateurs d'Antenne 2 n'en sauront rien.
Troisième journée des auditions par le Conseil Supérieur de la Magistrature du juge Burgaud. Celui-ci, accusé de fautes graves, devait jouer le rôle du "pelé, du tondu d'où venait tout le mal" dont souffre la justice. Et son cas devait permettre de justifier, auprès de l'opinion publique, la volonté présidentielle de suppression de la fonction de juge d'instruction. Mais le juge Burgaud a reçu tout le soutien possible de sa hiérarchie, au moment des faits, le lavant de toute faute professionnelle. Cette attitude n'allait pas dans le sens du hallali médiatique organisé à l'encontre du "petit juge".
Résultat : pas un mot sur l'A2..
La veille, à Toulouse, 4000 enseignants et parents (3000, selon la police), manifestaient bruyamment dans les rues de la ville Rose, conspuant Darcos et Sarkozy et leurs réformes.
Pas une image, pas un commentaire sur la chaîne publique. Démonstration gênante pour le pouvoir. Cependant, le moindre petit attroupement de quelques centaines, voire de dizaines de manifestants autour d'un BHL au Trocadéro, ou même à Moscou autour d'un contestataire, fait souvent la Une du JT .
Dans le domaine social, le Journal Télévisé ne fait aucune mention de formes d'action nouvelles prises par les familles et des professeurs d'école unis contre les mesures rétrogrades visant les élèves, prises par le ministre de l'Education. Elles se développent pourtant sur l'ensemble du territoire : par exemple, les enseignants refusant en masse d'évaluer les élèves de CM2 dans des conditions déplorables pour les enfants, les parents se réunissant dans les écoles et les occupant, aussi bien à Paris que dans de nombreuses villes de province. Rien donc sur le JT.
En politique extérieure, la décision franco-allemande d'implanter une brigade de soldats allemands en France (en Alsace, semble-t-il) n'est pas mentionnée. Il s'agit pourtant d'une "première" depuis ...l'Occupation ! Et sil'on montre sur la "petite lucarne" Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se faire la bise, gage de l'excellente collaboration entre la France et l'Allemagne, la télé est plus discrète sur l'alliance entre la firme d'outre-Rhin Siemens, qui doit s'allier avec le russe Gazprom, pour contrer la française Areva, en matière nucléaire.
C'est ainsi que sont informés les Français par la chaine publique Antenne 2.
Pourtant, les informations dissimulées aux téléspectateurs, sont consultables quotidiennement sur Internet, à travers les dépêches AFP, UP, Reuter ou autres.
La télévision fait un choix parmi elles. Celui de mentir par omission.
Est-ce cela la mission de service public ?
La Propaganda Abteilung ne faisait pas autre chose sous l'Occupation.
Sommes-nous toujours "occupés", cette fois, par le CAC 40 et ses fondés de pouvoir politiques ?
