Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Un excellent billet de Philippe-Joseph Salazar,

un spécialiste de la réthorique.


A lire sur l'Annuel des idées.


Quelques extraits :


 Notre République est « une et indivisible » et ces régions, avec leurs rhétoriques identitaires aux origines parfois sulfureuses et souvent imaginaires, leur profusion cocasse de logos idiots – les armoiries modernes – , de slogans sur les plaques minéralogiques – les anciens « cris » féodaux –, leurs drapeaux d’un autre âge couverts de fleur de lys et de lions rampants, leur existence due aux manipulations (la Corse, les deux Normandie, le minuscule Limousin, les anciennes colonies tropicales), insultent à la République.


 

[...] 


 

Car le mal est grave et l’hystérie rhétorique des régionales n’est qu’un symptôme de technologies verbales qui transforment l’idée qu’on se fait de la République. Alors que la rationalité des régions est celle d’une stratégie économique visant à l’intérêt national, on y a rajouté tout en embobinage de mots qui passent pour des idées politiques : démocratie participative, politiques de proximité, local is good, et autres figures de discours qui jouent à la fois sur des atavismes particuliers, par forcément partagés par tous au demeurant, et servent à huiler la machinerie des partis politiques, et desservir l’intérêt national (ou créer des inégalités d’imposition).

Parée, stimulée, excitée par la phraséologie tendance du local, la parole nationale s’est dévaluée dans un désir hystérique de rapport direct, foncièrement pré-République.

 

Quand on réclame de la « proximité » comme un remède au politique, et qu’on présente ces fameuses élections comme une expression de ce désir du local, on ferait mieux de méditer sur le retour inquiétant aux technologies de pouvoir de l’Ancien Régime, au monde archaïque des relations directes et personnelles, du relationnel érigé en nec plus ultra du politique.

Durant cette campagne on assisté à la résurgence archaïque de luttes patrimoniales (règle : cette région m’appartient), à la remise en vigueur de technologies verbales d’un autre âge, pré-Républicain (on demande « allégeance », on attaque les « traîtres »), directement issues des temps féodaux." 

 

*

Ce que Philippe-Joseph Salazar ne voit pas, ou qu'il ne mentionne pas dans son texte, c'est que ce féodalisme découle directement de la construction européenne : les structures de type impérial de l'Union européenne transforment la république française en préfecture gérée par un super-Georges Frêche, et les régions en sous-préfectures où l'on s'affronte en de multiples guerres du chabichou.

En attendant, il écrit remarquablement bien.

Tag(s) : #Politique
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :