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Histoire de la désindustrialisation
programmée
de la France

Dans un discours prononcé à Marignane, le 4 mars, Nicolas Sarkozy s’est présenté comme le meilleur défenseur de l’industrie française. Pour lutter contre son déclin, il prétend décréter « la mobilisation générale » Il cite des chiffres fort alarmants : le secteur industriel n’occupe que 17% de notre économie, alors, qu’en Allemagne, l’industrie en représente 33%, soit le double.

Et de déclarer :

 « J’ai la profonde conviction qu’un pays qui n’a pas d’industrie n’a rien à vendre et finit par s’appauvrir. Je conteste l’idée qu’il convient de donner la priorité absolue aux services et d’abandonner l’industrie car le jour où l’industrie sera partie, pour qui les services travailleront-ils ? Toutes les nations qui se développent aujourd’hui assoient leur croissance sur le développement industriel. »

Et de décréter, péremptoire,  :

« , "la France doit garder ses usines, la France doit garder son appareil de production", comme s’il découvrait tout d’un coup la désindustrialisation dans notre pays ! Pour dégager sa propre responsabilité dans cette situation, Sarkozy a sévèrement pointé du doigt les 35 heures, qui ont, selon lui "tué l'industrie française". Il a également mis en cause « les charges sociales » qui accableraient les entreprises.

Pourtant, les faits sont têtus : depuis 1980, la France a perdu environ 2 millions d'emplois industriels.

Et il ne faut pas seulement remonter le temps de trois décennies.

La désindustrialisation en France a été programmée avec la mise en oeuvre du Plan Charbon-Acier, la CECA, signée en 1948. par les dirigeants d’alors, les gouvernements, dits de « Troisième force » réunissant la SFIO, le MRP et les radicaux. Notre pays acceptait d’abandonner l’exploitation du charbon et celle de l’acier. Cette politique s’est concrétisée par la fermeture continue des mines et, ultérieurement, des usines sidérurgiques, alors qu’au-delà du Rhin, ces secteurs maintenaient leur activité. Ce fut les friches industrielles du Nord et de Lorraine, en France, et le déploiement des hauts fourneaux dans la Ruhr où étaient produites les machines outils allemandes, fer de lance de toutes industries, métallurgiques ou autres*.

Durant cette période où le processus européen prenait de l’ampleur, on a pu voir également les usines textiles déserter l’hexagone pour produire à bas coûts en Tunisie ou au Maroc.

La France était destinée à jouer la carte du tourisme pour devenir le « bronze culs » de l’Europe.

Une pause de quinze ans freine le processus.

Le général de Gaulle, puis Pompidou, veulent redonner vigueur à notre économie. Notre pays se dote de centrales nucléaires pour assurer l’indépendance de son énergie. Il se modernise avec les autoroutes, envisage les TGV. Il fait, aussi, commerce des armes, qui vont, un temps, inonder le marché.

Mais il n’a plus ni charbon ni acier.

Et la France, qui vivait, depuis un siècle, de son empire colonial, de ses ressources minières, de l’exploitation forcenée de « l’indigène », se trouve, en une décennie, dépourvue de ses richesses.  L’Allemagne, elle, en faisant « tomber le mur », va retrouver à l’Est de l’Europe l’espace rêvé de colonisation interne, en annexant la RDA, ou de proximité. Son industrie de base va trouver de la main d’œuvre bon marché, quasiment à sa porte.

Avec Giscard, Mitterrand et Chirac, l’aventure européenne se déploie, toutes voiles dehors, pour aboutir, en fin de course, à l’Union européenne. La politique de la France se décide à Bruxelles, et dans les salles de marché. Le rêve industriel fait place au cauchemar boursier.

Avec le baron Seillière, de Wendel se mue de conglomérat sidérurgique en holding financier, qui ne produit plus rien : il achète et revend des entreprises pour faire simplement du profit.

Le casino commercial tourne à plein

Le capital n’investit plus que dans le « rentable » à court terme. Il délocalise à tour de bras, là où le coût humain est le plus faible. Le capital mondialisé fait de la spéculation sa nouvelle industrie.

Et la « bulle » éclate en 2008. C’est la crise. Pas pour tout le monde. En quelques mois, les banques, en France, grâce aux généreux prêts du pouvoir, repiquent au jeu des salles de marchés. Et c’est aux Français de payer.

Tel est le prix de la politique antinationale menée par des gouvernements sans scrupules, aux ordres du CAC 40 et BusinessEurope. Cette politique a été poursuivie et aggravée par Nicolas Sarkozy durant ces huit ans, durant lesquels il a été ministre u Président. Un pyromane qui s’habille en pompier..

Jean LEVY

 

* L’industrie est un secteur économique très important en Allemagne. Environ 33 % de la population active travaillent dans ce secteur. Les principaux secteurs en chiffre d'affaires sont la construction automobile avec 777 000 salariés en 2004, suivie par l’électrotechnique avec 799 000 salariés, la construction mécanique avec 868 000 salariés et l’industrie chimique[27]. À côté des grandes entreprises mondialement connues comme Siemens, ThyssenKrupp AG ou Bayer, les PME/PMI emploient plus de 20 millions de salariés

Tag(s) : #Politique
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