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La justice s'intéresse aux conditions de la vente d'Alstom Energie à General Electric
La justice s'intéresse aux conditions de la vente d'Alstom Energie à General Electric

Libération

Emmanuel Macron lors d'une visite le 28 mai 2015 aux installations d'Alstom à Belfort.
Emmanuel Macron lors d'une visite le 28 mai 2015 aux installations d'Alstom à Belfort. Photo Frederick Florin. AFP

ÉPÉE DE DAMOCLÈS

 

Il y a un peu plus d’un an, le député LR d’Eure-et-Loir, Olivier Marleix, avait pointé du doigt le rôle décisif d’Emmanuel Macron dans la vente d’Alstom Energie à l’américain General Electric lorsqu’il était ministre de l’Economie sous François Hollande entre 2014 et 2016 :

 

 «En autorisant la vente d’Alstom à GE, l’Etat a failli à préserver les intérêts nationaux», accusait-il. Mais le rapport de la commission d’enquête parlementaire qu’il présidait sur «les décisions de l’Etat en matière de politique industrielle», et en particulier le dossier Alstom, avait été «neutralisé» par la majorité LREM à l’Assemblée et rangé sur une étagère.

 

Voilà que la justice s’intéresse désormais aux circonstances de cette cession annoncée en 2014 et finalisée en 2015, a-t-on appris moins d’une semaine après l’annonce de plus d’un millier de suppressions d’emplois chez GE France. Un plan social drastique qui frappe durement Belfort et contredit complètement les engagements du groupe américain.

 

Selon nos confrères de l’Obs, Olivier Marleix, qui avait saisi en janvier la justice pour qu’elle enquête sur les conditions de la vente de la branche énergie d’Alstom à GE il y a quatre ans pour près 10 milliards d’euros, a été entendu le 29 mai sur son signalement par les enquêteurs de l’Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff) à la demande du parquet de Paris. Ce dernier «souhaitait lui faire préciser les termes de sa dénonciation», selon une source judiciaire citée par l’hebdomadaire. Laquelle précise : «Son signalement et ses déclarations sont désormais en cours d’analyse au parquet qui étudie les suites à donner.»

 

 «Pacte de corruption»

 

Dans une lettre adressée le 17 janvier au procureur de la République de Paris, Olivier Marleix s’étonnait que la justice n’ait «jamais ouvert d’enquête» sur la vente soudaine d’Alstom à l’américain GE, alors que l’entreprise française avait dû verser une amende de 772 millions de dollars à la justice américaine en 2014 pour des faits de corruption et qu’un de ses cadres, Frédéric Pierucci avait été emprisonné pendant deux ans aux Etats-Unis

 

Il relevait qu’Emmanuel Macron avait suivi de bout en bout le dossier Alstom, comme secrétaire général adjoint à l’Elysée, puis ministre de l’Economie, et avait «formellement donné son autorisation» à la vente du groupe. Marleix s’interrogeait aussi «sur un lien éventuel entre le rôle joué par Emmanuel Macron dans plusieurs dossiers industriels et le financement de sa campagne». 

 

«Le fait que l’on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées [Alstom, Technip, Alcatel, ndlr] ne peut qu’interroger, souligne le député dans son courrier.

 

S’il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption.»

 

Des affirmations que l’entourage d’Emmanuel Macron a toujours réfutées, en les qualifiant d'«affabulations» et de «basses manœuvres politiques» de la part d’un parlementaire «en manque de publicité». Dans un livre sorti lui aussi mi-janvier, le Piège américain (JC Lattès), l’ancien cadre d’Alstom au cœur de l’affaire américaine, Frédéric Pierucci, accrédite pour sa part la thèse d’un chantage du Département de la justice américain (DoJ) pour contraindre les Français à vendre la branche énergie d’Alstom à General Electric : l’abandon des poursuites pouvant remonter jusqu’au PDG d’Alstom de l’époque, Patrick Kron, aurait été négocié, selon lui, en échange de la vente forcée de l’entreprise française à GE. Le tout avec l’aval du gouvernement français de l’époque et de son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Son prédécesseur à Bercy, Arnaud Montebourg, s’était lui opposé à ce marché, avant de devoir quitter le gouvernement.

 

«Bilan catastrophique»

 

On saura dans les jours qui viennent si les enquêteurs de l’Oclciff décident de pousser plus loin leurs investigations et si la justice décide d’ouvrir formellement une information judiciaire sur ce dossier miné. Pour sa part, Frédéric Pierucci estime dans un entretien fleuve au FigaroVox que «le bilan de la vente d’Alstom est catastrophique pour l’emploi et notre souveraineté» après l’annonce des 1 000 suppressions de postes chez GE France la semaine dernière : «Que de hauts représentants de l’Etat osent encore prétendre que l’opération de vente d’Alstom Energie à General Electric était une bonne opération est non seulement scandaleux mais démontre un jusqu’au-boutisme indécent dans la tentative de justifier les erreurs passées», assène-t-il. Sur ce point-là au moins, les choses semblent avérées.

Jean-Christophe Féraud

 

Le gouvernement pouvait-il ne pas être au courant, avant les européennes, du plan social chez General Electric ?

 

 

 

Tag(s) : #Macron, #Economie
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