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Dans la Grèce ancienne, 'hypocrite' signifiait "réponse dans un dialogue" d'où "jeu d'acteur", puis "feinte", "faux-semblant". En français, le terme change de registre. A l'idée "d'imitation" volontaire, on passe à celle "d'artifice", de "fausse apparence" sur le plan moral. Le mot désigne le caractère d'une personne, qui "déguise ses pensées, ses opinions".*
Ainsi, de l'Antiquité à nos jours, le sens d'hypocrite a évolué du comportement professionnel du comédien à l'attitude de tous ceux qui expriment publiquement un sentiment contraire à leur propre pensée.
Mais y a-t-il toujours une différence marquée entre l'acteur de théâtre et nombre de ceux qui se meuvent sur la scène politique ? L'éthique, en la matière, n'est pas la qualité la plus largement partagée. Au point où un politicien qui renie ses promesses est qualifié de 'courageux'!
L'actualité nous en fournit mille exemples.
Ainsi, le Parti socialiste s'est prononcé clairement pour le recours au référendum en ce qui concerne la procédure de ratification du traité de Lisbonne. Nicolas Sarkozy, au contraire, craignant le verdict populaire, a décidé de s'en remettre à la voie parlementaire. Le Conseil constitutionnel considère qu'une réforme de la Constitution française est nécesaire au préalable. Pour que celle-ci soit votée, l'adoption des modifications exigées doit se faire par une majorité des 3/5 des suffrages exprimés du Parlement, (Assemblée nationale et Sénat réunis à Versailles). Si cette majorité n'est pas atteinte, le recours au référendum est nécessaire. Or, les partisans du Président de la République, hostiles au recours au suffrage populaire, ne sont pas en nombre suffisant pour approuver le nouveau texte constitutionnel. Donc, l'opposition parlementaire, en votant NON, obligerait de recourir au référendum. Mais, en politique, l'apparence et la réalité ne font pas bon ménage. En effet, le Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, et le président du groupe parlementaire du PS,  Jean-Marc Ayrault, ont décidé que les parlementaires socialistes ne participeraient pas au scrutin, laissant le champ libre aux amis de Nicolas Sarkozy pour enterrer toute idée de référendum ! Explication donnée : cette attitude est dictée par le souci de préserver l'unité du Parti socialiste, partagé sur sa vision de l'Europe, et partant, sur le Traité de Lisbonne. 
Ainsi, pour des considérations purement électoralistes, les dirigeants du PS sacrifieraient purement et simplement leur fidélité à la souveraineté populaire...
A moins que leur position ne reflète la volonté de voir le traité de Lisbonne, adopté sûrement par la voie parlementaire, de peur de le voir rejeté par  le vote des Français.
Certes, cette attitude est condamnée par des partisans du NON qui s'insurgent à juste titre.
Mais elle exprime cette fameuse hypocrisie, caractère de ceux qui "déguisent leur pensées, leurs opinions", des responsables socialistes. 
A deux mois des élections municipales, la question est posée aux tenants de la 'gauche plurielle', au Parti communiste français, en particulier, qui clame sa volonté de s'unir avec 'le Parti socialiste' :

peut-on faire liste commune, non seulement avec des hypocrites, mais avec ceux qui veulent déposséder le peuple français de son droit souverain de décider de son avenir, avec ceux qui ont la même vision de l'Union européenne que les amis de Nicolas Sarkozy ?

Dans la Grèce antique, à côté des comédiens, il y avait des médecins , tel Hippocrate, dont la renommée a conduit les membres de cette profession à signer le fameux 'serment', gage de fidélité à leurs engagements éthiques. 
En sommes-nous réduits, aujourd'hui, à entendre le "serment d'Hypocrite" ?
 

* Définitions du ROBERT,  Dictionnaire historique .

 

 

Tag(s) : #Politique
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