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Le Nouvel Observateur va changer de patron. Le Monde, du 26 mars, nous donne l'information par le biais d'une interview de son propriétaire, Claude Perdriel, qui "veut prendre du champ".
La nouvelle présente quelque intérêt dans la mesure où le nouveau patron sera Denis Olivennes.
"Actuel PDG de la FNAC, celui-ci quittera le groupe PPR pour prendre en mai la présidence du directoire du Nouvel Observateur" précise Claude Perdriel.

"Pourquoi avoir choisi Denis Olivennes ?" demande le journaliste du Monde.
La réponse est intéressante :

"Je pense qu'il est unique. Il se tient entièrement sur la ligne intellectuelle et politique que Jean Daniel et moi avons défendue depuis toujours. A la fois social-démocrate, respectant l'économie de marché, mais à gauche, celle de Delors et de Mendès-France. Il a fait preuve, par sa réussite à la FNAC, d'un talent de chef d'entreprise dont la presse a bien besoin".

Le journaliste insiste :
"M. Olivennes s'est vu confier une mission sur le chargement illicite internet par le gouvernement. L'indépendance du Nouvel Observateur est-elle assurée ?".
Perdriel est affirmatif.
"Il n'a jamais été question que Denis Olivennes prenne des fonctions auprès de Nicolas Sarkozy. Il a participé au mouvement des Gracques, qui était totalement opposé à Nicolas Sarkozy. C'est aujourd'hui un homme qui est dans l'opposition. Constructive mais pas systématique".
Le futur patron du Nouvel Obs', chargé de mission par le président de la République, montre par ce choix, que son opposition à Nicolas Sarkozy n'est pas "systématique" !
Quant aux Gracques (c'est le nom collectif que s'étaient donnés divers technocrates issus du Parti socialiste), ils devaient présenter un projet alternatif compatible entre celui de Ségolène Royal et celui de François Bayrou. Leur animateur principal, Jean-Pierre Jouyet, après avoir été de 1997 à 2000, le Directeur-Adjoint du cabinet de Lionel Jospin, est aujourd'hui le Secrétaire d'Etat, chargé des Affaires européennes.
Pour Olivennes, faire partie des Gracques constitue donc une bonne référence pour diriger Le Nouvel Observateur. L'adhésion du futur directeur de cet hebdomadaire à la Fondation Saint-Simon ajoute de la ferveur à ses sentiments "de gauche".
Fondée par François Furet, l'historien connu pour son rejet de la Révolution française à partir de 1792 et du pouvoir jacobin, et Pierre Rosanvallon, très lié à la CFDT, la Fondation, dissoute en 1999, a compté parmi ses membres, Antoine Riboud, de Danone, Jean-Louis Beffa, de Saint-Gobain, Christian Blanc qui a laissé un souvenir impérissable auprès des salariés d'Air-France, aujourd'hui secrétaire d'Etat, chargé du développement de la région Capitale, Marc Ladreit de Lacharrière, de l'Oréal, Jean-Luc Lagardère et bien d'autres grands patrons aux côtés des journalistes  Jean Daniel du Nouvel Obs', Laurent Joffrin, aujourd'hui PDG de Libération, Serge July qui l'a précédé dans ce poste, Christine Okrent, Anne Sinclair, Jean-pierre Elkabbach.
Les fortes convictions "à gauche" de tout ce beau monde servent de caution au nouveau directeur du Nouvel Observateur.
Autre aspect éclairant de la décision de Claude Perdriel : négocier le choix de son futur homme de confiance avec  François Pinault, le PDG de PPR qui compte dans le groupe la FNAC dont Denis Olivennes est encore le patron. Le départ de celui-ci sera heureusement compensé par son remplacement à la tête de l'entreprise "culturelle" par Christophe Cuvillier, PDG de Conforama, filiale de PPR dont nous parlions hier...
Alors, posons-nous la question : pourquoi la nomination de Denis Olivennes à la tête du Nouvel Observateur constitue un fait important et s'intègre dans un projet politique central ?
Laissons-le répondre lui-même, dans une lettre aux lecteurs du Nouvel Obs' de ce jour :
"La Gauche moderne qui refuse aussi bien la démagogie que le fatalisme, est à réinventer(... ) Le Nouvel Observateur est le creuset naturel de cette rénovation (...) Il entre dans sa mission, à travers ses colonnes tout d'abord, et au-delà, à travers les initiatives qu'il pourrait être amené à prendre pour créer un lieu de débat et de rencontre, de contribuer à cette nouvelle vision de la société plus juste et fraternelle".

Nous sommes donc en présence d'une opération politique de recentrage dans laquelle l'objectif est d'intégrer définitivement le Parti socialiste dans une option libérale ouverte et proclamée.




Tag(s) : #Politique
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