Initiateur, dès 2019, du projet de rachat par la France des activités nucléaires de General Electric, Frédéric Pierucci en a été écarté sans explications. Il décrit pour Marianne le projet de reprise qu’il avait élaboré, les difficultés pour convaincre les autorités étatiques (Direction générale des entreprises, Bercy, Élysée…) longtemps indifférentes à la notion de « souveraineté industrielle ».
AFP
Initiateur, dès 2019, du projet de rachat par la France des activités nucléaires de General Electric, Frédéric Pierucci en a été écarté sans explications. Il décrit pour Marianne le projet de reprise qu’il avait élaboré, les difficultés pour convaincre les autorités étatiques (Direction générale des entreprises, Bercy, Élysée…) longtemps indifférentes à la notion de « souveraineté industrielle ».
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Initiateur, dès 2019, du projet de rachat par la France des activités nucléaires de General Electric, Frédéric Pierucci en a été écarté sans explications. Il décrit pour Marianne le projet de reprise qu’il avait élaboré, les difficultés pour convaincre les autorités étatiques (Direction générale des entreprises, Bercy, Élysée…) longtemps indifférentes à la notion de « souveraineté industrielle ».
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Entretien
Ce jeudi 10 février, Emmanuel Macron s'est rendu à Belfort pour annoncer en grande pompe le retour des turbines Arabelle dans le giron français. Mais Frédéric Pierucci, ex-cadre d'Alstom et fin connaisseur du dossier, a beaucoup à redire sur cette opération qui, pour lui, est étroitement liée à l'échéance présidentielle…
Attendu aujourd’hui à Belfort pour annoncer notamment le rachat de GEast par EDF, Emmanuel Macron était directement impliqué dans la vente de la filiale d’Alstom à General Electric en 2015. Marianne a interrogé Frédéric Pierucci sur cette acquisition.
Cet ancien cadre d’Alstom a été arrêté aux États-Unis en 2013 pour des soupçons de corruption auxquels il se serait livré pour décrocher des contrats. Frédéric Pierucci est alors la victime collatérale de la guerre économique à laquelle se livrent la France et les États-Unis autour de la vente d'Alstom Énergie à General Electric.
Initiateur, dès 2019, du projet de rachat par la France des activités nucléaires de General Electric, Frédéric Pierucci en a été écarté sans explications. Il décrit pour Marianne le projet de reprise qu’il avait élaboré, les difficultés pour convaincre les autorités étatiques (Direction générale des entreprises, Bercy, Élysée…) longtemps indifférentes à la notion de « souveraineté industrielle », le rôle de l’entourage d’Emmanuel Macron, donne son sentiment – très partagé – sur l’acquisition de GEAST par EDF et critique la « navigation à vue » du pouvoir sur la question de l’énergie…
Alors ministre de l’économie, le chef de l’Etat avait validé en 2014 la cession de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric.
Cela faisait partie des quelques dossiers « à boucler avant les élections », selon un membre du gouvernement. Sur le point de se concrétiser après des mois de discussions sous l’œil attentif de Bercy et de l’Elysée, le rachat par EDF des anciennes activités nucléaires d’Alstom, et notamment des très emblématiques turbines Arabelle, constituera certainement un marqueur politique fort pour la campagne à venir d’Emmanuel Macron.
C’est en effet l’ancien ministre de l’économie qui avait validé la cession de la branche énergie d’Alstom au groupe américain General Electric (GE) fin 2014, au terme d’un processus si controversé qu’il avait débouché sur un renforcement de la réglementation des investissements étrangers, puis sur une commission d’enquête. Mais sept ans après la cession de ces actifs considérés comme stratégiques tant d’un point de vue civil que militaire, l’opération ouvrant la voie à leur retour dans le giron français a fait l’objet d’un conseil d’administration de l’électricien lundi 7 février dans la soirée.
Pour le chef de l’Etat, la transaction revêt une grande portée symbolique. Elle porte sur un périmètre bien plus restreint que celui de la vente de la branche énergie d’Alstom fin 2014, puisque les actifs dépassaient alors 12 milliards d’euros, tandis que les montants évoqués ces jours-ci sont un peu inférieurs à un milliard d’euros. Mais rapatrier sous pavillon français la fabrication des turbines entrant dans la construction des centrales nucléaires, c’est réparer une décision politique qui n’a cessé de lui être reprochée, d’abord en tant que secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis comme ministre de l’économie à partir de l’été 2014. « Alstom, c’est le péché originel dans l’aventure macronienne », estimait il y a quelques mois Jérôme Sainte-Marie, président de la société d’études PollingVox. Une opération vécue comme un abandon de souveraineté et qui « a donné l’impression que l’intérêt national était mal défendu ». Le député Les Républicains d’Eure-et-Loire Olivier Marleix, qui avait présidé la commission d’enquête sur la vente d’Alstom à GE en 2018, y voit lui un « sparadrap du capitaine Haddock » dont Emmanuel Macron voudrait se défaire
Même si les activités d’Alstom dans le nucléaire n’ont jamais quitté le territoire, la mise en scène de ce retour en France se justifie d’autant plus que les enjeux de souveraineté et de reconquête industrielle ont pris une importance particulière ces deux dernières années. Le Covid-19 a en effet révélé les fragilités de certaines filières d’approvisionnement du pays à un moment critique. Et la flambée des prix du gaz et de l’électricité ces derniers mois a imposé la question de l’indépendance énergétique au cœur de la campagne. Le rachat des turbines s’inscrira ainsi dans la stratégie de renaissance du nucléaire portée par Emmanuel Macron dans la seconde partie de son quinquennat. Le chef de l’Etat pourrait faire des annonces, jeudi 10 février, sur sa vision de la filière et la construction de nouveaux EPR à l’occasion d’un déplacement à Belfort, territoire où sont précisément fabriquées les turbines.
Pour autant, Alstom demeure un sujet sensible dans l’opinion. « Ce rachat risque de donner l’impression qu’Emmanuel Macron vient réparer une mauvaise décision, c’est un aveu d’erreur en creux », analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP, pour qui l’opération « trahit des allers-retours sur la stratégie énergétique ».
Comment expliquer que les turbines soient un enjeu de souveraineté aujourd’hui et pas il y a sept ans ?