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Le Prince héritier Mohammed ben Salmane prend la parole lors d’une réunion de l’Alliance islamique militaire contre le terrorisme à Riyad, en Arabie saoudite, en novembre 2017. (Agence de presse saoudienne via AP)

Le Prince héritier Mohammed ben Salmane prend la parole lors d’une réunion de l’Alliance islamique militaire contre le terrorisme à Riyad, en Arabie saoudite, en novembre 2017. (Agence de presse saoudienne via AP)

Les Crises

Voilà ce qu’écrivait Khashoggi…

Le Saoudien asssassiné par les sbires du prince héritiet d'Arabie saoudite

Source : The Washington Post, par les sbires Jamal Khashoggi, 07-02-2018

Par Jamal Khashoggi 7 février 2018

Lorsque de nombreux magnats des médias saoudiens se sont retrouvés dans le Ritz-Carlton de Riyad avec plus de 300 membres de la famille royale, hauts fonctionnaires et riches hommes d’affaires accusés de corruption, beaucoup de gens ont supposé que l’homme fort du royaume, le Prince Mohammed ben Salmane, visait aussi à contrôler les médias.

C’est loin d’être vrai, simplement parce qu’il le faisait déjà.

Waleed al-Ibrahim, président du Middle East Broadcasting Center (MBC), la chaîne de télévision la plus influente du monde arabe, a été arrêté avec d’autres en novembre dernier. Il a récemment été libéré après avoir conclu une entente non divulguée avec le gouvernement. Les médias saoudiens rapportent que, bien qu’il demeure administrateur de l’entreprise, le fonds d’investissement du gouvernement contrôle désormais MBC. Plusieurs autres personnes impliquées dans la campagne dite de lutte contre la corruption détenaient également d’importantes propriétés médiatiques au sein de leur vaste portefeuille. Alwaleed bin Talal, de retour dans son bureau de Kingdom Holding, possède le réseau de divertissement Rotana, une petite fraction de sa fortune globale de 18 milliards de dollars. Saleh Kamel est propriétaire d’ART, un réseau en déclin, tandis que son fils, qui a également été arrêté et libéré, est président du journal Okaz, un quotidien populaire saoudien, et d’un autre quotidien.

C’est compréhensible si l’on considère qu’il s’agit d’une attaque coordonnée contre un espace de pensée et d’expression déjà restreint en Arabie saoudite et dans la région au sens large. Pourtant, MBS, ainsi qu’on nomme le prince héritier, contrôlait déjà la sphère publique bien avant qu’il n’arrête des membres de sa famille et des hauts dirigeants de l’élite économique en novembre dernier.

MBS et sa famille possèdent déjà le Saudi Research & Marketing Group, qui comprend le quotidien pan-Arab daily Al Sharq Al Awsat. Il y a un peu plus d’un an, il y a eu un sérieux effort pour fusionner avec MBC. Les divergences sur le règlement financier final ont fait échouer les pourparlers.

Au cours des 18 derniers mois, l’équipe de communication de MBS au sein de la Cour royale a publiquement réprimandé et, pire encore, intimidé quiconque n’était pas d’accord. Saud Al-Qahtani, chef de cette unité, a une liste noire et demande aux Saoudiens d’y ajouter des noms. Des écrivains comme moi, dont la critique est formulée avec respect, semblent être considérés comme plus dangereux que l’opposition saoudienne plus stridente basée à Londres. Le gouvernement a arrêté des dizaines d’intellectuels, de religieux et de personnalités des médias sociaux au cours de l’année écoulée, même si la plupart soutiennent les réformes de MBS. Les journalistes qui se conforment à la loi sont récompensés par de l’argent et l’accès aux plus hauts responsables.

MBS a le contrôle total sur la diffusion et le contenu numérique qui est produit dans le royaume. Bien qu’il soit encore possible d’accéder à Google, Facebook, Twitter et d’autres sites, la campagne fortement orchestrée pour s’aligner derrière lui et sa vision 2030 a aspiré l’oxygène de la place publique autrefois limitée mais présente. Vous pouvez lire, bien sûr, mais réfléchissez à deux fois avant de partager ou d’aimer ce qui n’est pas tout à fait conforme à la pensée de groupe officielle du gouvernement.

Et si la répression de la corruption avait pour but de profiter aux coffres du gouvernement saoudien, l’arrestation de ces chefs d’entreprise et la saisie de leurs biens ont eu l’effet inverse. La valeur nette d’Alwaleed et d’Ibrahim a chuté pendant leur détention. Les biens saisis valent beaucoup moins qu’avant la répression.

Alors que les « invités » du gouvernement s’en vont et que le Ritz-Carlton se prépare pour la Saint-Valentin – la première fois que cette fête peut être célébrée ouvertement en Arabie saoudite – MBS doit trouver un moyen de redorer le blason de ces importants atouts et de l’économie en général. Encourager le débat et le débat public en relâchant son emprise sur les médias du pays et en libérant les personnes emprisonnées pour avoir exprimé leurs opinions, prouverait qu’il est un véritable réformateur.

Jamal Khashoggi est un journaliste et auteur saoudien.

Source The Washington Post, Jamal Khashoggi, 07-02-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

"Ca n'empêche pas, Nicolas":: 

Le Prince héritier Mohammed ben Salmane possède l'essentiel des médias saoudiens. Question que devraient se poser les journalistes français travaillant dans les médias dont la propriété est détenu par neuf milliardaires : leurs confrères saoudiens sont-ils libres d'écrire à leur guise ?

Tag(s) : #Oligarchie
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